OS n°35: Souvenirs
Je fermais les yeux et laissai mes bras s'envoler. Je ne maîtrisais plus rien, la nature reprenait ses droits sur mon corps. Cette sensation, grisante, faisait battre mon coeur et le retournait dans tous les sens. Je voulais sentir le vent frais qui passait sur ma peau, le ressentir jusqu'au tréfonds de mon âme. Je voulais apprécier ce que le monde m'offrait à chaque seconde.
J'inspirais, l'odeur saline me monta à la tête et emplit mes poumons, je pouvais ressentir chaque bronche se déboucher pour se purifier de cet air tant attendu, je nettoyais mon corps de tout ce que j'avais accumulé toutes ces années.
Je soupirais, combien de temps avais-je attendu avant d'enfin venir ici ? Combien de temps avant d'oser affronter mon destin ?
Le vent fouettait ma peau avec violence mais je n'en fit pas attention. L'air glacé me faisait claquer des dents et embrumait mes yeux. Des larmes salées s'échappèrent ce ceux-ci et séchèrent presque instantanément. Mes yeux se posèrent automatiquement sur le lointain paysage.
Le ciel bleu azur reflétait les nuages qui semblaient aussi fragiles et friables que du coton. Mon esprit y ressemblait. Le soleil était à son apogée et caressait ma peau avec douceur et chaleur, ce qui contrastait avec la violence du vent qui fouettait mes vêtements et les faisait claquer dans l'immensité du paysage.
Je baissais les yeux vers le rivage, en contrebas les vagues s'échouaient avec brutalité sur les rochers aux dents acérées qui me donnaient la chair de poule. La moindre chute était fatale, aucun moyen de s'en sortir, je le savais. Malgré tout, cet endroit était magnifique, personne ne pouvait le nier.
Une bourrasque plus puissante que les autres me fit vaciller. Mon coeur fit un bond dans ma poitrine, j'étais terrorisé. Sur cette planète et dans l'univers nous n'étions rien. Le moindre accident pouvait nous tuer, mais malgré tout, rien ne changerait, nous étions inutiles.
Mes cheveux bougeaient sans but et fouettaient mon visage, ma vue se retrouva obstruée par un rideau brun. Je portais mes mains à mon visage et tentais de les écarter, je ne voulais pour rien au monde oublier cette vue spectaculaire que j'avais sous les yeux.
Mon esprit s'efforça à garder le cap sur l'horizon. Mes yeux s'étaient embrumés. Mes barrières cédèrent et je dus m'accroupir. Mes forces me lâchèrent, j'étais tellement faible. je n'arrivais plus à contenir mes émotions. Cet endroit faisait remonter tant de souvenirs à la surface. Je vis toute ma vie défiler en superposition sur le fond de la mer déchainée en contrebas.
Je finis par m'asseoir et me mis au bord du précipice. De mon pied je frôlais les pierres qui n'étais plus maintenues par beaucoup de terre. Je les observait tomber, libérées de toute attache. Je voudrais être comme elles.
Des paroles me vinrent en tête, et mes larmes vinrent elles aussi s'écraser, mais sur le sol cette fois.
Maybe I, I can never fly
저기 저 꽃잎들처럼
날갤 단 것처럼은 안 돼
Maybe I, I can't touch the sky
그래도 손 뻗고 싶어
달려보고 싶어 조금 더
Je ne fis rien d'autre durant les dix prochaines minutes si ce n'était d'observer la beauté de la nature et tout ce qui naissait et mourait sous mes yeux. J'étais fasciné, il n'y avait pas d'explication à cela, mais c'était la vérité. Je n'arrivait plus à détacher mon regard de ce qui s'offrait à moi.
Malgré tout, j'étais venu ici avec un but précis. Je me relevais et offrit mon visage à chaque danger qui pourrait m'arriver. Mon acte était simple, mais il m'en fallait du courage pour passer le pas, je me devais d'être fort. Pour moi-même, et pour lui.
J'écartais les bras, mon corps vacilla une seconde fois, un temps, plus une autre bourrasque me poussa vers l'avant. La nature elle-même me disait de le faire.
Je soupirais, j'étais prêt.
Je m'accroupis et agrippait la boîte que j'avais emportée avec moi. J'étais ici pour lui, c'était son dernier souhait, je me devais de le respecter. Mes larmes coulèrent lentement sur mes joues. mon coeur se serra, j'avais tellement mal. Mais je me devais de le faire.
Je finis par réussir à me relever, mes bras enserrant la boîte. Mes doigts agrippaient les anses et les serraient tellement fort que mes phalanges en étaient blanches. Mais je m'en fichais.
Il était celui qui avait fait qui je suis aujourd'hui. Je lui devais tout, tout et même la vie. Je ne me pardonnerai jamais de l'avoir laissé seul ce soir-là.
C'était une histoire tellement bête, tellement que je m'interdisais d'y repenser, c'était si douloureux.
Dans cette boîte aussi grosse qu'un vase se trouvait celui qui avait partagé les plus belles années de ma vie. Celui pour qui j'ai juré fidélité et amour éternel. Cette boîte, cela faisait un an jour pour jour que je l'avais avec moi. Je n'avais jamais pu me résoudre à l'oublier, ou bien même à l'abandonner. Mais aujourd'hui j'étais prêt. C'était son dernier souhait, je le savais, alors je me devais de le respecter.
Je ne pouvais plus vivre avec ce deuil. Il me fallait désormais avancer, je savais qu'il vivrait toujours avec moi, dans mon coeur, dans ma tête, dans mon âme. Je le savais. C'est ce que Viktor aurait voulu.
Je me devais de respecter sa mémoire. Alors j'ouvris la boîte, le vent s'y engouffra et les cendres de mon bien-aimé s'élevèrent. Elles formèrent un tourbillon puis un vent d'ouest les fit s'éparpiller dans tous les sens. Viktor n'était plus.
Dans mon esprit, mon plus beau souvenir venait de se remettre en marche.
" Yuri ! C'est un endroit magnifique !
Il m'avait attrapé les mains et m'avait regardé droit dans les yeux.
Je veux que si un jour tu te sens mal, tu viennes ici, que tu cries tout ton malheur au monde. Promets-le moi. "
Je lui avait promis.
Je fermais les yeux à nouveau. Je te l'avais promis Viktor. Je pris une grande inspiration, et je criais, je criais tout mon malheur, toute ma tristesse, out ce que je retenais depuis tout ce temps, depuis un an. J'en avais tant sur le coeur, je ne pouvais plus, mon corps ne le supportait plus. Alors je criais, je criais jusqu'à plus souffle.
Mes larmes s'étaient intensifiées, mon souffle s'était saccadé, j'avais mal, mais ce mal était pour un bien.
Car où que tu sois, je te rejoindrais, je ne t'oublierais pas Viktor.
Choisissons un signe pour quand nous nous rencontrerons à nouveau pour la première fois !
Car je me lance maintenant à la poursuite de ton nom...
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Ohayō ! J'espère que cet OS vous aura plu ! J'y ait mis tout mon coeur à l'écrire (quelques larmes aussi), je voulais faire passer les émotions le plus possible. Dites-moi si vous l'avez apprécié !
La bizette ♡
IlEtaitUneFois 🖊
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