𝟎𝟔:𝟏𝟗𝟎 - Black Veil Brides, 𝐼𝑛 𝑇ℎ𝑒 𝐸𝑛𝑑
[10/05/2024]
Bonjour bonjour !
J'espère que vous allez bien !
Moi je suis au bout du rouleau mdr
15h de sommeil en trois jours, 24h de taf en trois jours (j'étais censée en faire 12 🤡), retour de ma tendinite à l'épaule parce que mon patron s'en fout (il s'en foutra moins quand je lui dirai que je ne donnerai pas suite à mon contrat et qu'il devra se démerder sans moi pour la saison, s'il continue de m'exploiter alors que je suis là pour le dépanner, de base lol)
Bref. J'suis au bout du rouleau. Et à ça s'ajoute le fait que ça y est, on est au dernier chapitre... J'ai pas envie d'y croire 😭
Je vais être au bout de ma vie, mercredi prochain. Entre le taf et l'épilogue... faudra me ramasser à la petite cuillère 😭
En tout cas, j'espère que les nombreuses ellipses ne vous donnent pas trop un effet de "précipité". Ça m'énerve vraiment de ne pas avoir pu développer le début du groupe d'Hayden comme je l'aurais voulu.
Je croise les doigts pour ne pas avoir laissé passer de faute ou oublié d'ajouter des mots en cas de réécriture de dernière minute mdr
J'espère que ce dernier chapitre vous plaira.
Bonne Léocture ♥
~~+~~
Nous avions tourné le clip du deuxième single dans la foulée. Le concept avait été totalement différent. On nous avait emmenés dans le désert des Mojaves, près de la vallée de la Mort, et heureusement qu'on avait été au mois d'octobre et pas en plein été.
Les deux MV avaient été montés, et le premier, celui de « Your Game », était sorti trois semaines avant le début de la tournée. Les retours avaient été explosifs, alors même que Jimin n'en avait pas fait la promo. J'avais interdit à Ally de le regarder, mais bien évidemment, elle l'avait visionné quand même. À partir de ce moment-là, elle ne m'avait plus adressé la parole.
À la rentrée scolaire, quand un garçon lui avait brisé le cœur à l'école, j'avais tenté de la consoler en lui disant que moi aussi, mon cœur me pesait. Je lui avais avoué mon secret, et nous nous étions câlinés en nous promettant de surmonter notre douleur. Par conséquent, me voir embrasser toutes ces personnes ne lui avait pas plu, maintenant qu'elle savait que Jimin et moi, on « était amoureux » ; ça ne se faisait pas.
Heureusement, elle m'avait cru lorsque je lui avais dit que j'avais fait semblant. Enfin, sauf pour Kate, mais ça, elle n'était pas censée le savoir. Je priais pour que l'excuse d'une doublure passe pour encore quelques années. Nous nous étions donc « réconciliés » à son anniversaire, avant que je ne parte pour deux mois dans tout le pays.
Quant à Jimin...
J'avais su qu'il avait vu le clip au moment où j'avais commencé à recevoir une vingtaine de messages à la minute. Il venait de rentrer de permission, et il s'était jeté sur la vidéo. J'étais en train de prendre mon petit dej' dans notre tour-bus quand les messages avaient commencé à affluer. J'avais su que je devais aller m'isoler quelque part, mais comment s'isoler, dans un tour-bus ? C'était impossible. Niveau intimité, c'était zéro. Alors je lui avais répondu que je ne pouvais pas lire ses messages maintenant, et que je le ferais plus tard, au calme, et seul. Il s'était plaint en me disant que je ne pouvais pas le laisser dans cet état, alors j'avais mis sa discussion en silencieux et j'avais éteint mon écran. Si, je le pouvais, et je le devais. Il me manquait trop.
Notre tournée avec I Prevail et Halestorm avait donc commencé mi-novembre. Monter sur scène alors que peu de personnes dans le public nous connaissaient, c'était compliqué, au début. Mais Kate avait assuré le show. Et au fil des dates, plus de gens semblaient nous connaître et chantaient avec nous. À la fin de chaque concert, nous étions présents au stand de merchandising pour rencontrer nos fans, voire nos futurs fans, qui voulaient échanger avec nous. Nous prenions des dizaines de photos et signions des dizaines d'autographes chaque soir, et c'était grisant.
Parfois, j'en oubliais Jimin. Je culpabilisais après coup, mais je n'y pouvais rien. Et puis, désormais, je comprenais comment lui, il avait pu ne pas penser à moi, des années auparavant, que nous fussions déjà ensemble ou pas. J'étais dans une bulle, la tête concentrée toute la journée sur ma performance du soir. Ça devait être pareil pour lui, à l'époque.
Nous avions fêté Noël entre nous, avec toute l'équipe, dans un restaurant. Pareil pour le Nouvel An. La tournée s'était terminée le 19 janvier, avec deux dates à Los Angeles. Bien entendu, tous nos potes étaient venus nous voir, nos familles aussi. Est-ce que c'était parce que nous étions chez nous, parce que nos proches étaient là, que l'ambiance n'avait rien eu à voir ? Aucune idée. Mais ces deux dates resteraient gravées dans nos mémoires, c'était certain.
Et avec la fin de la tournée arriva une semaine de repos bien méritée, avant de terminer notre premier album studio.
Lorsque je mis les pieds dans l'appartement de Jimin, ce lundi matin, après avoir passé la nuit chez Steven pour un « after », avec tous nos amis et le groupe, tout me sembla horriblement calme.
Je laissai mes sacs tomber au sol, puis ma guitare contre le mur, et c'est moi que j'allai ensuite laisser tomber sur le canapé. Les yeux fermés, mon crâne tapa contre le dossier, et j'entendis mes oreilles siffler. J'avais encore des acouphènes.
Après plusieurs minutes, je rouvris les yeux. Qu'est-ce que j'allais faire, aujourd'hui ? Demain ? Après-demain ? Toute cette semaine, en fait ?
« Tu ne comprends pas ce que ça fait, d'avoir une vie qui va à cent à l'heure, et d'un coup te retrouver sans rien, sans personne, sans savoir comment occuper tes journées. »
C'est ce que m'avait dit Jimin, il y a trois ans de ça. Aujourd'hui, je comprenais. J'avais moins d'un an de carrière, je venais d'effectuer ma première tournée, elle n'avait duré que deux mois et demi, mais j'avais déjà l'impression que ma vie n'avait plus de sens, en dehors de la scène.
Je me tortillai pour attraper mon téléphone dans ma poche et je lançai un appel, mais Jimin ne répondit pas. En regardant l'heure, je vis qu'il était quasiment trois heures du matin, chez lui. Je remontai donc notre conversation, et je lus attentivement chaque message qu'il avait pu m'envoyer, depuis novembre. Y compris ceux concernant notre premier clip vidéo. Kate avait eu raison : me voir l'embrasser elle, et d'autres personnes, même de façon factice, ça lui avait fait quelque chose. Il se plaignait même que je n'aie pas été plus loin avec Dean et Ulrich. Ce dépravé.
Je continuai de lire ses messages, puis je lançai un enregistrement vocal pour lui répondre et lui dire comment j'allais. Lui dire que je me sentais seul et un peu perdu, maintenant que j'étais rentré chez lui, que je n'avais personne à qui parler, pas de rendez-vous, pas de délais. Je terminai en lui disant qu'il me manquait, que j'espérais que son service se passait bien actuellement. Que j'étais fier de lui concernant sa promotion. Puis je lui dis que je l'aimais, et j'arrêtai l'enregistrement. Je l'envoyai, et je me levai. Ma mère était passée mettre le courant et brancher l'eau chaude, hier, alors j'avais tout ce qu'il me fallait.
En passant par la chambre pour aller me doucher, je trouvai une boîte immense, sur le lit. Au premier abord, je crus voir un cercueil et mon cœur s'arrêta. Une fois mes esprits retrouvés, je m'en approchai. C'était un colis au nom de ma mère, avec l'adresse de la maison. Plusieurs questions sans réponse plus tard, je remarquai le nom de l'expéditeur, et l'endroit d'où le colis venait. De Corée du Sud, et de la part de Park Kitty.
Un sourire aux lèvres et l'excitation faisant vibrer mon ventre, je fis sauter l'emballage et découvris, sous plusieurs couches de protection, une magnifique caisse de transport rigide gravée à mon nom. Je savais ce qu'il y avait dedans. Mon cœur battait beaucoup trop vite. Je décollai l'enveloppe qui était scotchée sur le dessus, et je l'ouvris.
« Bonjour, Hayden.
J'espère que tu vas bien.
Je voulais te faire ce cadeau depuis un moment, j'attendais sans cesse la bonne occasion, mais je n'en pouvais plus, alors le voilà. Félicitations pour ta tournée. J'aurais donné n'importe quoi pour être là chaque soir et chanter avec toi. J'ai hâte de pouvoir retrouver une vie normale. Et de te retrouver toi.
J'espère que ce présent te plaira, et t'encouragera.
À bientôt.
Je pense à toi.
JLH,
Your Kitty »
Les doigts tremblants, je posai la lettre sur le lit et fis sauter les fermetures métalliques de la boîte. Je soulevai le couvercle, et là, une magnifique basse noire, avec un pickguard couloir bois m'apparut. En jetant un coup d'œil à la tête, je vis le nom de la marque, Lakland, gravé dans le bois. Je me saisis du manche et l'attirai vers moi.
Assis sur le lit, je la posai sur mes cuisses. Elle était toute neuve et le bois brillait. Mes doigts glissèrent sur les cordes jusqu'au chevalet, quand je remarquai quelque chose de particulier, dans le bois du corps. Il y avait un trou. Mais pas creux. Il était plein, comblé par une résine, ou par du plexi-glace. En forme de huit. Et à l'intérieur se trouvait une petite clé et quelques perles.
Je n'eus pas à réfléchir longtemps pour comprendre ce que c'était. Le huit, parce que c'était notre chiffre. Les perles bleues et blanches transparentes, classiques, disposées de manière à former les lettres « I » et « K », parce que c'était l'une de nos façons de nous dire « Je t'aime », et les couleurs... Probablement parce qu'un jour, je lui avais fait un collier de cette couleur-là, avec les perles d'Ally.
Quant à la clé, c'était celle de notre cadenas, à Namsan. Je lui avais laissé les deux, et il venait de m'en donner une. Il l'avait faite incruster dans une basse, qu'il venait de m'offrir.
Je ressentais tellement de choses à cet instant précis que ma tête était sur le point d'exploser.
Je serrai l'instrument contre moi et pris une grande inspiration, les yeux clos. Jimin croyait en moi. Alors j'allais faire pareil. J'allais me battre pour y arriver, et pour pouvoir rejouer de la basse. Et ainsi, un jour je pourrai monter sur scène en arborant cette merveille faite sur-mesure, spécialement pour moi, et les cordes vibreront pour lui.
[...]
Après une sieste bien méritée, je passai plusieurs heures sur les réseaux sociaux, à consulter mes notifications. Je ne pouvais même pas tout voir, tellement il y en avait. Mon nombre d'abonnés sur Instagram avait triplé, j'avais atteint les 70k followers, et c'était tout simplement hallucinant. Je n'utilisais plus trop Twitter, qui d'ailleurs avait changé de nom, depuis un moment, alors il me serait impossible de faire un constat sur cette application. Mais Instagram, et YouTube... Même mes chaînes perso avaient fait un bond. YouTube m'avait contacté pour me remettre le fameux bouton des 100k abonnés. C'était énorme.
Je regardai ensuite mes mails, fis pas mal de tri, et en voyant le nom de Kurt de Fine Brothers, je m'arrêtai dessus. Il me félicitait pour mes débuts, et me demandait si ça me dirait de revenir tourner une vidéo, si un jour j'avais du temps, et que ma maison de disque était d'accord. Je n'avais tellement rien à faire, cette semaine, que ça ne me paraissait pas être une si mauvaise idée. Je lançai donc un appel, et mon manager ne tarda pas à me répondre. Je lui expliquai ma demande, et il me dit qu'il voyait ça avec l'agence. Une heure plus tard, il me confirma que je pouvais le faire si je le voulais, tout seul ou avec le groupe, alors j'envoyai un message dans notre conversation. Il fut immédiatement vu par tout le monde, signe que je ne devais pas être le seul à me faire chier comme un rat mort. Tous étaient partants, même Adrian, qui n'était pas mécontent d'arrêter de changer des couches pendant quelques heures.
Je retournai donc dans mes mails, répondis à Kurt que j'étais disponible n'importe quand dans la semaine, et j'attendis. J'attendis, encore et encore. La réponse n'arriva que le lendemain, mais j'étais heureux. Il avait réussi à nous trouver un créneau le samedi à midi. La semaine allait être longue, jusque-là, mais j'allais tenir bon. J'allais rentrer à la « maison ».
[...]
Lorsque je descendis de ma voiture, je fus heureux d'être en Californie et pas à New York où je me serais gelé les couilles. Je me fumai une cigarette tranquillement quand je vis la voiture de Dean arriver. Ils en descendirent tous les quatre, et un sourire se dessina sur mon visage. C'était la première fois qu'ils venaient tourner ici avec moi, et j'avais hâte.
Je les rejoignis et nous nous fîmes des accolades. Nous échangeâmes quelques mots, et après avoir écrasé ma cigarette, je pris la tête du groupe. Nous pénétrâmes dans les locaux, et aussitôt, les standardistes se levèrent avec de larges sourires sur le visage.
« Salut, Hayden ! Ça faisait si longtemps, j'ai cru que Kurt se moquait de nous quand il nous a dit que tu venais aujourd'hui ! »
Je commençai à rire et m'approchai d'elles.
« Eh non. On a une semaine de repos, et comme on se faisait chier comme des rats morts et que Kurt me suppliait de revenir, j'ai fini par céder.
– Tu n'as pas hésité longtemps, si je puis me permettre ! »
Je fis aussitôt volteface et me retrouvai face à l'assistant de production, son éternel bloque-notes à la main. Sans réfléchir, je lui sautai dessus et lui fis une forte accolade. C'est dingue, mais je n'avais jamais remarqué avant aujourd'hui à quel point ça m'avait manqué, de le voir, même pour cinq minutes au détour d'un couloir.
« Ça fait du bien d'être de retour, murmurai-je.
– Tu n'as aucune idée d'à quel point tu nous as manqué, ici.
– Vous avez prévu de nous faire pleurer, c'est ça ?
– Tu nous connais bien ! »
Nous rîmes et je lui présentai, autant qu'aux deux femmes à l'accueil, mes amis. Puis, nous prîmes l'ascenseur. Quand je le vis appuyer sur la touche du deuxième étage, je lui jetai un regard.
« Pas le troisième studio, hein ? »
Kurt ne répondit pas, mais je vis à son sourire qu'il l'avait fait exprès. Le papier peint bleu dégueulasse avec les flèches jaunes.
« Je te déteste. »
Je l'entendis souffler par le nez.
Les portes s'ouvrirent et il descendit. Nous le suivîmes, et il nous conduisit effectivement dans le troisième. Je le détestais.
Aussitôt la porte passée, nous fûmes accueillis par des cris et des applaudissements, et je manquai de faire une attaque. Nous remerciâmes tout le staff, je fis de nombreuses accolades, puis nous allâmes faire un tour au maquillage. Kate parlait tellement fort à la femme qui s'occupait de son teint que j'avais du mal à m'entendre avec celle qui s'occupait du mien. Mais c'était bien qu'il n'y ait pas que moi qui parle, et que je ne doive pas faire l'intermédiaire.
« Bonjour tout le monde. »
Je rouvris aussitôt les yeux et tombai sur notre manager.
« Vous deviez venir ?
– Je viens surveiller que vous ne disiez pas n'importe quoi, oui.
– Ils vont envoyer le fichier à l'agence avant de publier quoi que ce soit, soupirai-je.
– En réalité, je venais pour signer des papiers.
– Des papiers ?
– Oui. Vous êtes sous contrat avec nous, il faut signer un accord pour que vous apparaissiez ici.
– Je vois. »
Je refermai les paupières et tentai de l'oublier tandis qu'Ulrich prenait la parole.
Au bout de quelques minutes, nous fûmes prêts tous les cinq. Une employée dotée d'une oreillette vint nous chercher et nous dispersa dans plusieurs studios afin que nous ayons chacun un ordinateur et un casque, et que nous ne puissions pas interférer avec les réactions des autres. Nous allions faire deux vidéos séparément, et une tous ensemble, pour finir. Et évidemment, moi, je restais dans le troisième studio. Je détestais Kurt.
Je pris place sur le fauteuil et m'emparai du casque. Je glissai mon doigt sur la touche pad, et l'écran d'ordinateur se ralluma. L'équipe attendait patiemment autour de moi. L'éclairage, les caméras, les micros... Tout était en place. La femme qui allait s'occuper de la voix off était déjà là aussi, avec son script devant elle. Et quand je vis Kurt revenir dans le studio et se placer en face de moi, à côté de la caméra, je lui jetai un regard noir.
« Tu me le paieras, pour ce studio.
– Je sais qu'il t'a manqué, Hayden. Tu ne peux pas me mentir. Vous avez vécu tellement de choses, ici, tous les deux... »
Je levai les yeux en ricanant.
« Tu es prêt ?
– Je suis prêt. »
Je pris une grande inspiration et plaçai le casque autour de mon cou. Il lança le décompte, et la caméra s'activa.
« Bienvenue Hayden ! Aujourd'hui, tu vas réagir à plusieurs vidéos, et ton objectif est d'essayer de ne pas pleurer ! »
Je fusillai aussitôt Kurt.
« Je vais vraiment te tuer, mec. Je ne plaisante pas. »
Il plaqua sa main contre sa bouche pour ne pas rire. Je le détestais.
[...]
Le premier tournage avait été un enfer. Les maquilleuses avaient dû revenir corriger mon visage à plusieurs reprises. Le deuxième avait été plus tranquille, puisqu'il avait s'agit d'un react à une compilation « WTF did I just watch ». Mon cerveau était encore en bug, et noter de un à cinq certaines vidéos avait été compliqué. Certaines avaient même été très malaisantes.
On m'apporta un verre d'eau et je remerciai la personne du staff sans même regarder de qui il s'agissait. Kurt revint dans mon studio, suivi de mes amis, et de mon manager. Des fauteuils furent apportés afin qu'on soit tous les cinq assis face à l'écran, et qu'on puisse tourner la dernière vidéo : « EVIL reacts to Youtubers react to EVIL ».
Je me doutais qu'ils avaient dû faire tourner pas mal de gens que je connaissais, mais j'allais essayer de ne pas être ému. Et de ne pas mal le prendre si jamais ça critiquait.
Kurt fit le tour de la pièce et prit place devant le micro. Je compris alors que c'était lui qui allait faire la voix off, et qu'il avait pour objectif de m'en faire baver, au moins pendant la « Question Time ». Je le détestais.
Mon verre d'eau fut débarrassé, mon casque retiré, et on nous replaça légèrement pour mieux passer dans le cadre.
« Vous êtes prêts ?
– Oui ! »
Kurt se racla la gorge et prit une grande inspiration.
« Bienvenue EVILLIVE, ou comme on vous appelle le plus souvent, EVIL ! On est heureux de vous avoir tous les cinq aujourd'hui ! Vous allez réagir à des youtubeurs réagissant à certaines de vos vidéos ! »
Je me contentai de sourire alors que mes potes répondaient de vive voix.
« Je suis teeeeeellement content de ne pas apparaître dans les clips ! fit Adrian.
– Moi, je me fiche de ce que les gens ont pu penser de moi. Même si je me doute que la plupart ont envié toutes les personnes qui m'ont approchée. »
Il y eut quelques rires, et Kurt annonça le top départ.
Je posai mes yeux sur l'écran et lançai la première vidéo en appuyant sur la barre espace. Tyler Oakley était là, assis dans le studio au fond vert avec les logos de YouTube dans le dos, et un large sourire éclairait son visage. Il hochait la tête en rythme.
« "Wow, ça envoie !" »
Je ne pus m'empêcher de sourire. Ça faisait une éternité que je ne l'avais pas vu, maintenant que j'y pensais.
« "Oh, Hayden, tu es devenu sacrément canon !" »
Je ris nerveusement.
« "Mais non ! Oh mon dieu. Pourquoi tu n'as pas fait appel à moi pour ton clip ? J'aurais vendu ma famille pour être à la place de ta chanteuse." »
Tout le monde se mit à rire. Ceci dit, c'était un peu gênant.
« J'avoue que je suis chanceuse, se vanta Kate.
– J'espère que t'as profité, parce que ça ne se reproduira pas, ris-je.
– Nous verrons cela, nous verrons cela ! »
Les autres rirent, et je reportai mon attention sur la réaction de Tyler. La vidéo s'arrêta et je passai mes mains dans mes cheveux avant de plonger mes yeux dans la caméra en face de nous.
« Tyler, je te remercie pour tes compliments. Dès qu'on aura un nouveau clip à tourner, je t'appellerai, ça te va ? »
Tout le studio rit pendant qu'un technicien venait mettre la vidéo suivante sur l'ordinateur. Après un coup d'œil à mes amis et à Kurt, je lançai la réaction suivante. Quand Steven apparut, je fis un bond sur mon siège.
« "C'est la première fois que je fais une réaction sur cette chaîne alors soyez indulgents avec moi. D'autant plus que je suis certain de décéder. Apparemment, c'est du lourd, le premier clip vidéo." »
Mon dieu. Si tu savais. Tu n'aurais jamais dû regarder ça ici, mec. En plus, avec ton côté dramaqueen...
« "Oh pu**** de bo**** de me***, Hyde ! couina-t-il, alors que ses insultes étaient censurées. Je te demande pardon !? Comment oses-tu !?" »
Tout le monde se fendait la poire, et je pinçai mes lèvres pour me retenir de rire.
« "Oh mon dieu ! Comment tu oses faire ça à la perfection absolue qui partage ta vie ? Tu ne la mérites pas, elle-oh bo****. Oh bo****. Oh mon dieu. Attends, quoi !? QUOI !?" »
Kate éclata de rire dans mon dos et je sentis que j'allais craquer. Steven continua de crier et de bondir sur son siège, et quand arriva le passage où j'étais avec Dean, assis sur ses cuisses, ses mains dans mes reins, il mima un malaise. Kate avait du mal à respirer et se plaignait qu'elle avait mal au ventre, et je sentis des larmes m'échapper. Je n'en pouvais plus. Steven en avait vraiment fait des caisses, et c'était tordant. Beaucoup trop.
Notre MV se termina, mais la vidéo réaction de Steven continua. Et il n'avait pas envie d'arrêter de parler.
« "Je rêve. Je rêve, j'ai fait un cauchemar, réveillez-moi ! Hyde ! Dean ! C'était une blague, hein !? Kate, Ulrich, dites-moi que c'était une blague ! Vous avez pas vraiment tourné ça, hein !? Hyde, dis-moi que t'as pas vraiment embrassé tout le plateau, sinon je débarque et je te coupe la tête ! Comment tu oses faire ça à la merveille qui m'a abandonné pour toi !? Je vais me battre et la récupérer !" »
Il continua de hurler et fit semblant de vouloir se lever et d'éclater la caméra. Nos rires cessèrent petit à petit. Quelqu'un vint charger la vidéo suivante, et on nous apporta de l'eau avant de refaire une retouche maquillage. On devait être rouges malgré notre fond de teint, et avoir les yeux brillants.
Puis je fis « lecture ». En voyant qu'il s'agissait encore de Steven, mais sur notre deuxième clip, nous nous dîmes que ça allait être plus supportable, mais ce fut dur de nous retenir de pleurer de rire une fois encore.
Les vidéos suivantes furent une réaction de Burnie de la chaîne Rooster Teeth, et ensuite Jaiden qui tenait la chaîne Jaiden Animations, avec qui j'étais déjà apparu dans plusieurs vidéos chez Fine Brothers. Les voir parler de moi, de mon travail et de mon groupe, c'était assez perturbant.
Sans compter Steven qui avait vraiment réagi dans l'excès, les réactions avaient été bonnes. Beaucoup de surprise, surtout. Mais que du positif. Même si ce n'était clairement pas représentatif de tous les retours qu'il y avait pu avoir sur nos vidéos, ça faisait quand même du bien.
Nos verres d'eau furent débarrassés pendant qu'on nous redonnait un rapide coup de peigne, et je lançai la vidéo suivante. Et là, mon cœur s'arrêta. Jimin était là, devant le papier peint vert dégueulasse, comme les autres, et il venait de lancer notre clip.
« Mais ! s'écria Kate en posant une de ses mains sur mon épaule. Je rêve !? »
Sauf que ce n'était pas possible. Le MV était sorti alors qu'il était déjà enrôlé. Il ne pouvait pas quitter le territoire, donc il s'agissait forcément d'un fond vert, et ses cheveux...
Je fixais l'écran avec de grands yeux alors que mes amis s'excitaient dans mon dos en me hurlant dessus et en tapant dans mon fauteuil pour me faire réagir.
« "Rrrrrrr, Hayden, vraiment..." », fit-il en secouant la tête de droite à gauche avant de claquer sa langue contre son palais.
C'était trop pour moi. J'appuyai brutalement sur la touche espace pour arrêter la vidéo, et je relevai la tête en direction de Kurt.
« Où t'as eu ça ? Comment t'as eu ça, même ? »
Jimin continuait de parler alors je rappuyai sur la touche en grognant.
« Non, remets ! se plaignit Kate.
– Minute, je veux savoir d'où sort cette vidéo, et comment vous l'avez eue.
– Quelle importance ? répondit Kurt avec un sourire.
– "Quelle importance" ? C'est bidon, votre vidéo. C'est pas cool.
– "Bidon" ? Il n'y a rien de bidon, là-dedans. C'est une réaction d'un youtubeur, comme les autres.
– Il est en plein service militaire, il ne peut pas quitter son pays, il n'a pas le droit de se filmer et donc de poster ce genre de contenu pendant ses permissions, et s'il l'avait fait, je l'aurais évidemment vue, mais ce fond ? C'est forcément une IA, à moins que tu veuilles me faire croire que c'est un fond vert ? Il a pas un poil sur le caillou, actuellement, en plus.
– "Pas un poil", tu exagères, Hayden.
– Pas du tout, rétorquai-je en jetant un coup d'œil à l'écran. Et... »
Je me tus et me figeai. Je perdais la boule ou il venait de me répondre, là ?
J'attrapai l'ordinateur et le ramenai à moi. Je fixai Jimin qui était immobile, et j'appuyai sur la touche espace pour relancer la vidéo. Il y eut un temps de latence mais il recommença à parler. Je rappuyai dessus, et après un nouveau décalage, il se refigea.
« Arrête de me faire passer pour un fou ou je noie Ulrich.
– Le pauvre... »
Mon cœur s'arrêta alors que ses yeux se posèrent dans les miens.
« Salut, Hayden. »
Cette fois, mon palpitant repartit de plus belle.
« Hi, Kitty... »
C'était sorti tout seul, et j'entendis tout le monde autour de moi pouffer. Seulement je n'en avais rien à faire. Je n'entendais que lui, je ne voyais que lui.
« Qu'est-ce que tu fous là ?
– Je voulais te faire une petite surprise. Je n'ai pas pu réagir pour de vrai sur ton clip, et j'étais franchement frustré. Je me suis filmé, mais je n'ai pas pu la publier. En vrai, je ne suis pas certain que je pourrai la publier un jour. Elle n'est pas tout public. »
Il commença à rire, mais je ne cherchai pas à comprendre ce qu'il avait vraiment voulu dire par là.
« Je ne peux pas rester longtemps, je commence un peu plus tard ce matin, et c'est pour ça qu'on a pu caler cet appel maintenant.
– Pourquoi tu ne m'as pas tout simplement appelé cette semaine ?
– Parce que je voulais te faire cette surprise. Ça ne te plaît pas ?
– Si. Si, bien sûr que ça me plaît...
– Tant mieux. »
Mon cœur battait vite. J'avais envie de traverser l'écran et de le prendre dans mes bras.
« Tu as mis une perruque ?
– Oui. »
Il rit et la retira, puis se tourna pour faire descendre le fond vert.
« Mon manager me les a apportés il y a deux semaines. Ça a été difficile de trouver le bon angle pour accrocher le fond et que ça passe dans la caméra. Normalement, je n'ai pas le droit d'avoir ça.
– Oui, je m'en doute...
– Tu vas bien ?
– Oui. »
Je sentis soudain les regards de toute la pièce sur moi alors je me retournai. Ils levèrent les yeux au plafond ou firent comme s'ils étaient occupés. Après tout, il n'y avait que moi qui pouvais comprendre ce que nous étions en train de nous dire, mais ça restait gênant.
« On peut s'appeler ce soir, quand tu auras fini ta journée ? Je laisserai mon téléphone en son, comme d'habitude.
– D'accord. On pourra fêter nos 1500 jours.
– 1500 !?
– Oui, c'était la semaine dernière, le 16.
– Désolé, j'ai totalement zappé avec la tournée.
– Je ne t'en veux pas. Mais du coup, bon anniversaire, Hayden.
– Bon anniversaire, Kitty.
– Même si on se reparle ce soir, je te souhaite bon courage pour la suite. J'ai hâte de pouvoir te voir en concert, un jour. Ça a l'air si bien que j'ai envie de pleurer d'avoir raté tout ça.
– Ne pleure pas pour ça...
– Si. Je voulais te voir. Vraiment. Alors j'espère que tu repartiras en tournée dès le mois de juin. Comme ça, je pourrai venir te voir, à mon retour.
– On fera de notre mieux. Hein, les mecs ? On fera de notre mieux pour repartir en tournée cet été pour qu'il puisse venir nous voir ?
– Absolument, répondit Dean.
– Oui ! Et je veux que tu viennes chanter sur scène avec nous ! Ça serait si beau, nous trois au micro !
– Carrément ! Je veux voir aussi ! fit Ulrich.
– Je ferai de mon mieux, rit Jimin, avant de reposer ses yeux sur moi. Bon. Je vais vous laisser, je dois y aller, et vous avez du travail aussi. Bravo à vous pour vos clips, et vos nouvelles chansons. Bravo aussi pour notre duo, j'ai adoré les arrangements que vous avez faits ! L'agence m'a fait écouter le fichier pour que je puisse le valider, avant de vous donner la confirmation. J'étais tellement frustré de ne pas pouvoir le faire directement que j'en ai pleuré ! »
Un sourire triste étira mes lèvres.
« Et bravo aussi pour votre tournée. Faire la première partie d'I Prevail et Halestorm, c'est énorme. Je sais que Hayden adore ces groupes, et j'aime beaucoup certaines chansons aussi ! J'aurais vraiment trop voulu vous voir...
– Ça sera pour la prochaine fois ! lui répondit Dean avec un sourire dans la voix.
– J'espère ! Et que vous ne fassiez plus de première partie mais une vraie tournée à vous, ça serait si bien aussi !
– Doucement, Kitty, doucement, ris-je.
– Oui, je m'emballe un peu. Bref. Bravo à vous. J'ai hâte de tous vous revoir en vrai, et de tous vous voir sur scène. Je pense que ça sera l'un des plus beaux moments de ma vie. Merci, Kurt, pour avoir joué le jeu !
– Avec plaisir ! s'écria ce dernier.
– Traître, ronchonnai-je.
– Je vais couper. Il est temps. Je suis content d'avoir pu vous parler. Et d'avoir pu te voir, rajouta-t-il plus bas, en repassant au coréen. Tu me manques.
– Toi aussi. Reviens vite.
– Dans 5 mois.
– Je vais commencer à compter les jours. »
Il lâcha un rire, ses yeux disparaissant.
« Salut, Hayden. Au revoir tout le monde ! »
Toute la pièce se mit à hurler dans mes oreilles. Quand ce fut redevenu calme, je levai la main gauche pour lui faire coucou. Il ne loupa évidemment pas ma bague que je portais quotidiennement, et il me sourit.
« À bientôt. JLH !
– IK. »
Il coupa la vidéo, et l'écran devint noir. Je repoussai l'ordinateur plus loin sur la table et me retournai vers le staff, puis mon groupe, et enfin mon manager, qui était présent au fond de la pièce.
« Depuis le début, vous saviez tous ? Vous vous êtes tous foutus de moi ?
– Arrête de grogner, ça t'a fait plaisir !
– C'est pas la question ! Du coup, vous feriez mieux de renommer la vidéo en "Youtuber reacts to Evil" plutôt que "EVIL reacts to youtuber...", parce que là, le Mal, c'est clairement lui ! Lui et vous tous ! Ça serait plus approprié !
– Tu abuses !
– Oui, il est vraiment trop chou !
– Moi aussi je veux que Jimin de BTS m'appelle en vidéo pour me féliciter quand je fais du bon boulot ! »
Un brouhaha commença à s'élever dans la pièce, et la bouche de Kate se rapprocha de mon oreille.
« Ça t'a fait du bien, hein ? Ne dis pas le contraire. »
Je ne répondis pas. Oui, ça m'avait fait du bien.
Je pris mon téléphone et installai un widget pour mettre un décompte. 12 juin 2025 : quatre mois et dix-huit jours. Dans 138 jours, Jimin sera libre. Dans 138 jours, je pourrai le serrer de nouveau contre moi. Je devais tout faire pour être à ces côtés ce jour-là.
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