
𝟎𝟔:𝟏𝟔𝟔 - Fall Out Boy, 𝑇ℎ𝑒 𝑃ℎ𝑜𝑒𝑛𝑖𝑥
[16/02/2024]
Bonjour bonjour !
Ça fait deux nuits que je ne dors quasiment pas parce que je me suis enfin motivée à refaire mon Instagram (enfin, surtout parce que j'ai enfin une idée de "charte graphique" qui me plaise XD), mais je suis étonnamment en forme. Par contre, combien de temps ça va durer... Pas longtemps, je pense XD
J'adore la chanson du titre, c'est une de mes préférées, de FOB. Elle vient d'ailleurs de mon album préféré. J'étais siiiiiiiiiiiii heureuse qu'ils la fassent, en plus en intro, au Hella Mega Tour en 2022, comme pendant leurs solos, cet automne !
Et du coup, oui, voilà, je peux parler sans spoiler, j'ai fait ce concert en 2022, et il s'y est passé un truc qui m'a inspirée. Vous découvrirez quoi dans ce chapitre. J'étais pas sûre de vraiment l'utiliser, mais au final, c'était l'élément qu'il me fallait. Et ce truc + ce qui en découle fait que ce chapitre est un de mes préférés de l'histoire.
Je n'en dis pas plus, j'en ai peut-être même déjà trop dit XD
J'espère que ce chapitre vous plaira.
Bonne Léocture ! ♥
~~+~~
Nous poussâmes la porte du restaurant et retrouvâmes la rue. Il était presque vingt-deux heures, mais la ville vivait encore.
« Tu veux faire quelque chose en particulier ? me demanda Jimin en glissant sa main dans la mienne.
– Non. Juste marcher un peu pour digérer tout ce que je viens de m'envoyer. J'ai eu les yeux plus gros que le ventre et je sens que je vais exploser.
– Ça me va. J'aime bien marcher. Surtout ici. »
Je lâchai un petit rire et réajustai ma main sur la sienne.
« Je te cache pas que je ne serai pas contre un bon bain en rentrant. J'étais mal assis et ça commence à tirer.
– Tu sais que je ne suis jamais contre un bon bain. »
Je me contentai de sourire et remontai mon masque sur mon visage en détournant les yeux.
« Et faut pas qu'on rentre trop tard.
– Tu es vraiment sûr qu'on doit y aller aussi tôt ?
– Oui. Je suis certain qu'il y a déjà du monde devant la salle, des gens qui vont dormir devant, pour avoir le premier rang. Et si on veut être bien placés, il faut qu'on y soit tôt.
– Mais si les gens qui écoutent ces groupes sont des personnes de notre âge, tu ne penses pas qu'ils travaillent ? Et qu'ils viendront après ?
– Si, beaucoup, mais il y en aura aussi beaucoup d'autres qui auront pris un jour de congé.
– Je vois.
– T'en fais pas, Kitty, personne ne te sautera dessus. Tu ne vas pas mourir écrasé, piétiné, ou noyé sous la transpiration et la bière. On pourra manger alors tu ne feras pas de malaise, et on trouvera un moyen d'aller aux chiottes en faisant copain-copain avec les gens autour de nous dans la queue.
– Si tu le dis. Je te fais confiance.
– Donc midi au plus tard, on est là-bas.
– On est quand même larges. Pourquoi tu tiens à ce qu'on se couche si tôt ?
– Parce que je sais que pour toi, le verbe "se coucher" n'est pas synonyme de "dormir", et que je préfère taper large. »
Il rit et mon sourire s'élargit.
« Très bien, je suis d'accord pour me "coucher" très tôt, si on peut "dormir" seulement trois heures plus tard.
– Tu me fatigues. »
Il gloussa et nous continuâmes de marcher, jusqu'à arriver au bord de la Seine.
Comme les jours précédents, nous marchâmes jusqu'à pouvoir descendre sur les quais, et nous continuâmes de nous balader, main dans la main, le long de l'eau. Il y avait du monde, encore plus ce soir, mais je n'avais pas envie de retrouver la rue plus haut, et Jimin non plus.
Il resserra un peu sa main sur la mienne et se rapprocha de moi, signe qu'il n'était quand même pas très serein de voir autant de gens, et jeunes qui plus est, sur notre chemin. Pourtant, il ne me dit pas qu'il voulait s'en aller.
Nous parlâmes peu, et nous finîmes par quitter la Seine pour remonter en direction de notre hôtel.
Au final, une bonne heure après avoir quitté le restaurant, nous arrivâmes à notre étage. J'échangeai un regard avec Jimin, et il tira sur ma main pour que nous allions dans sa chambre. Ça m'allait aussi bien.
La porte se referma derrière moi, et je lâchai un gémissement en bougeant ma nuque et mes épaules. J'avais mal partout.
« Je vais te piquer un boxer, flemme d'aller en chercher un dans ma chambre.
– Un boxer ?
– Oui. Tu ne veux pas ?
– Ce n'est pas que je ne veux pas, mais que je ne peux pas.
– Pourquoi ça ? demandai-je en me retournant vers lui.
– Je n'ai plus que des strings, Hayden. Tu veux toujours ? »
Je changeai de couleur.
« Bon, je vais vaincre ma flemme et aller en chercher un dans ma chambre. »
Il rit et saisit ma main alors que je m'apprêtais à faire demi-tour.
« Et dormir tout nu ?
– Tu me fatigues, ris-je.
– Je plaisantais. Je t'apporte ça.
– Vraiment ?
– Oui. Vraiment. »
Il s'approcha de moi pour poser un baiser sur ma joue, et me lâcha.
« File prendre ton bain. Je te rejoins.
– Ça marche. »
Je lui volai un baiser, puis bifurquai en direction de la salle de bains.
Je repoussai seulement la porte derrière moi, sans la fermer, et je me ruai sur le robinet pour faire couler l'eau chaude. Je bouchai le fond de la baignoire et pris deux serviettes de douche que je déposai à côté, avant de verser un peu de sels de bain dans l'eau.
Je passai un coup de peigne dans mes cheveux, récupérai la brosse à dents de secours que j'avais ici, puis je me déshabillai. Je me glissai dans l'eau et baissai un peu la température pour ne pas m'ébouillanter.
Je me laissai aller contre le rebord en lâchant un soupir de bien-être.
Je mis mes mains en coupe pour recueillir un peu d'eau et mouiller le haut de mon buste ainsi que mon visage. Les yeux clos, je laissai ma tête tourner de droite à gauche. J'allais m'endormir.
J'entendis la porte s'ouvrir au bout de quelques minutes, mais je ne réagis pas. Jimin posa des choses, probablement des sous-vêtements de rechange, un peu plus loin, et je perçus ensuite le discret mouvement de ses doigts retirant le bouton de son pantalon, puis faisant descendre la braguette.
« Comment tu te sens ? me demanda-t-il alors qu'il expédiait son jean noir un peu plus loin.
– Fatigué.
– Ça te fait du bien, quand même ?
– Oui. Je pense que l'eau chaude, qui me fatigue encore plus, atténue mes douleurs. »
Un petit rire lui échappa.
J'entendis un autre vêtement voler, sans arriver à l'identifier, puis je sentis qu'il était tout proche de moi.
Quelques secondes plus tard, il y eut du mouvement dans l'eau, et elle ne tarda pas à monter jusqu'à mes clavicules lorsque Jimin fut entièrement immergé.
« Viens-là, murmurai-je.
– Vraiment ?
– Oui. »
Il ne se fit pas prier. J'écartai les jambes, et l'instant d'après, il y trouva sa place, son dos venant se coller à mon ventre. Sa tête échoua contre mon épaule gauche, et je le pris dans mes bras. Je lâchai un nouveau soupir de satisfaction, et il fit de même.
Une bonne minute de silence s'écoula avant qu'il ne reprenne la parole.
« Même si j'appréhende beaucoup pour demain, j'ai hâte d'y être.
– Vraiment ?
– Oui. J'avais tellement aimé le concert d'All Time Low, il y a... Oh wow, trois ans maintenant ?
– Trois ans !? Remarque oui, c'était avant cette merde de COVID...
– C'est dingue... Mais bref. J'étais terrifié, mais j'avais trop aimé. Je suis certain que là, ça sera pareil. Et puis je connais deux groupes sur trois, en plus. Je connaissais et écoutais plusieurs de leurs chansons quand j'étais ado, alors ça va être cool. Et puis on sera ensemble. On s'était promis de refaire des concerts ensemble.
– C'est vrai... »
Je redressai la tête et posai mes lèvres contre sa peau.
« Ça va être chouette, continuai-je. J'ai hâte aussi.
– J'espère que tu chanteras à t'en faire péter les cordes vocales.
– Je chanterai, mais tu m'entendras pas.
– C'est injuste. »
Un petit rire m'échappa, et ma main droite glissa sur son ventre. Elle effleura sa peau jusqu'à mon nom qui y était encré, et termina entre ses cuisses. Sa tête se pencha encore plus contre mon épaule.
« Hayden...
– Oui ? »
J'enroulai mes doigts autour de lui et il gémit, mais après une caresse, sa main se posa sur mon poignet.
« Non, pas ici. »
J'écarquillai les yeux en le lâchant.
« Vraiment ?
– Oui. Je n'en ai pas envie.
– D'accord, acceptai-je en déposant un baiser sur sa peau. Comme tu voudras. »
Nous restâmes l'un contre l'autre un petit moment, profitant de notre étreinte et de la chaleur de l'eau.
Une fois sortis et séchés, il s'empara du boxer qu'il avait apporté pour moi lorsque je voulus m'en vêtir.
« Suis-moi. »
Je roulai des yeux et suspendis la serviette de douche avant de le suivre dans la chambre, nu comme un ver.
« Fallait me le dire tout de suite si j'étais obligé de dormir à poil.
– Tu dormiras comme tu veux, mais allonge-toi d'abord.
– Qu'est-ce que tu as encore derrière la tête ?
– Allonge-toi et tu verras. Sur le ventre. »
Je plissai les yeux en le regardant farfouiller dans sa valise, et je finis par m'exécuter. Je tirai sur la couette et le drap, et je grimpai sur le lit. Je m'y enfonçai un peu, rampai, puis je m'y laissai tomber en gémissant de bonheur. Bordel ce que c'était confortable.
Je m'apprêtais à sombrer quand je sentis le matelas s'affaisser sur ma droite. J'attendis, et je devinai qu'il allait m'enjamber lorsque son genou effleura ma taille. Ça se confirma quand ses fesses se posèrent sur mon derrière. Des chatouilles se développèrent dans mon ventre, mais je pris une grande inspiration. Calme, Hayden.
« Tu vas me masser ?
– Oui.
– Super. »
Ce n'était même pas ironique. Ça allait me faire un bien fou, encore plus que le bain.
Je l'entendis verser quelque chose dans ses mains, et frotter ces dernières l'une contre l'autre. J'allais me laisser aller avec plaisir quand je sentis son entrejambe reposer contre mes reins. Il était à poil contre moi. Dans mon dos. Mauvaise idée. Pourtant, je ne dis rien, et quand ses paumes commencèrent à s'activer sur moi, j'oubliai tout.
« Retire ta chaîne, bébé », me dit-il au bout d'un moment.
Je souris malgré-moi.
« C'est toi qui as la clé.
– Tu peux la retirer sans. »
Je grognai, mais finis par capituler.
« Maintenant tu comprends pourquoi je te dis d'enlever la tienne, quand je te masse. »
Il se contenta de souffler et continua ce qu'il faisait.
Il massa mes muscles endoloris, le gel au parfum agréable faisant glisser ses mains contre ma peau à la perfection.
« Tu as mal, ici ? souffla-t-il au bout d'un moment.
– Oui.
– Ça se sent. Tes muscles sont tendus ; du bêton. »
Je grognai simplement, et il s'attarda sur cette zone en particulier, tout en continuant de remonter vers ma nuque, mes omoplates, mes épaules et le creux de mon cou.
Je gémis de contentement à plusieurs reprises, mais il resta imperturbable.
Au bout d'un moment, il se pencha sur moi et chuchota près de mon oreille.
« Ça va ?
– Oui. Je plane totalement. »
Il lâcha un rire, et des frissons remontèrent mon corps.
« Tant mieux. Profite à fond.
– Je profite, je profite.
– Super. »
Ses lèvres effleurèrent mon cartilage, et elles y déposèrent un baiser. Des chatouilles se développèrent dans mon ventre, et elles s'étendirent lorsque Jimin fit glisser sa bouche sur ma nuque, et le creux de mon cou.
« Qu'est-ce que tu fais ? marmonnai-je.
– Rien. »
Ses mains, qui étaient sur mes flancs, glissèrent sur ma taille, et je sentis ses doigts s'y enfoncer. Il embrassa encore ma peau, puis posa son front contre moi, en lâchant une respiration lourde. Et là, je réalisai qu'il n'était plus si imperturbable que ça. Je le sentais contre moi.
J'avalai ma salive et resserrai les doigts contre mes paumes. Calme, Hayden.
Sa respiration brûlante tapait contre ma colonne. Ses doigts semblaient trembler contre ma taille, et son sexe rebondissait à chaque pulsation contre moi.
Ses genoux glissèrent un peu sur le matelas, et j'eus l'impression qu'il se couchait contre moi. Je sentis son bassin glisser légèrement, et se poser contre mes fesses. J'ouvris la bouche pour l'interpeler, mais aucun son ne quitta ma gorge. J'avais chaud, d'un coup.
« Hayden ? »
Un gros frisson remonta ma colonne. Merde. J'avais un mauvais pressentiment.
« Oui ?
– Est-ce que...
– "Est-ce que" ?
– Est-ce que je... Est-ce que tu peux te retourner ?
– Me retourner ?
– J'ai envie de toi... »
Mon ventre se tordit encore. Je redressai la tête et il comprit le signal. Il se mit sur ses genoux et je pivotai pour m'allonger sur le dos. L'instant d'après, il se coucha sur moi et m'embrassa avec passion.
« C'est tout ce que tu veux ? murmurai-je.
– Oui. C'est tout. »
Il m'embrassa encore, et je posai mes mains sur lui. S'il le disait, je n'allais pas insister.
[...]
Nous arrivâmes sur le coup de dix heures, devant la salle. Il y avait déjà une vingtaine de personnes, mais c'était tout. J'étais aux anges. Jimin ne disait rien, mais son regard amusé parlait pour lui.
Je l'emmenai au stand de merchandising pour regarder ce qu'il y avait. Ce n'était pas encore ouvert, mais je me fis une liste de ce que je voulais acheter. L'achat obligatoire était le t-shirt de la tournée.
Une fois certain de ce que je voulais, nous nous dirigeâmes vers les barrières où les gens attendaient déjà. Nous fûmes accueillis avec de grands sourires, et quand ils comprirent que nous ne parlions pas français, ils passèrent à l'anglais et nous pûmes échanger un peu.
Au fil des heures, la queue s'agrandit. Avec nos nouveaux amis, nous nous relayâmes pour aller au stand de merch lorsqu'il ouvrit, afin que personne ne nous pique nos places durement acquises. Nous nous relayâmes aussi pour aller acheter à manger, à boire, faire un tour pour nous dégourdir les pattes, aller aux toilettes, ou encore pour nous mettre à l'ombre quelques minutes, car c'était une vraie fournaise. Nous attendions en plein soleil, et c'était un enfer. Jimin râla beaucoup, mais je savais que c'était surtout pour la forme.
Et puis enfin, l'ouverture des portes arriva. Il n'était plus question d'amitié, là. C'était chacun pour soi.
Je briefai Jimin rapidement, ça le fit paniquer, et je ris avant de le rassurer. Tout irait bien.
Je passai avant lui à la fouille au corps, puis entrai dans les tourniquets pour scanner mon billet. Il fut validé, et j'entrai dans le bâtiment. Des gens se mirent à courir, alors je fis de même.
En voyant la barrière se profiler, j'accélérai, et je me jetai sur un endroit libre en prenant autant de place que nécessaire. Quelqu'un se posa à côté de moi l'instant d'après, et Jimin me rejoignit quelques secondes plus tard. Je me redressai donc et le fis passer devant moi pour qu'il soit également au premier rang. La personne sur ma gauche se décala légèrement sans rien dire de quelques centimètres afin que je n'aie pas à me tenir de profil, et je l'en remerciai d'un « merci » bien français et d'un sourire.
Nous étions visiblement passés avant certaines personnes qui étaient de base dans la file devant nous, au vu des gens autour. Mais comme je l'avais dit plus tôt, c'était chacun pour soi. Et puis il restait de la place sur la barrière. Tout allait bien.
La salle se remplit au fur et à mesure, et en voyant des gens venir avec des pintes de bière, Jimin me demanda si j'en voulais une. Je commençai par refuser, puis je me dis que finalement, ça n'allait pas être une mauvaise idée. Cependant, la peur de le perdre était grande. Et je refusais de perdre mon front row également. Je dus donc batailler avec moi-même, mais finalement, l'envie d'une bière bien fraîche fut plus forte. J'échangeai quelques mots avec les personnes autour de nous, et j'abandonnai Jimin le temps d'aller chercher à boire.
Je réussis par miracle à le retrouver après avoir traversé les vingt rangs qui s'étaient formés, et nous trinquâmes en nous disant que ça serait la première, mais aussi la dernière bière de la soirée. Je n'aurais sûrement pas une autre chance de retrouver ma place à côté de lui.
Lorsque les lumières s'éteignirent enfin, je fus étonné de voir que pas mal de places étaient encore libres, dans les gradins. Peut-être que les gens allaient arriver plus tard.
J'échangeai un regard avec Jimin qui sautillait d'impatience à côté de moi, le sourire de nouveau caché derrière son masque, et quand Weezer entra sur scène, l'ambiance changea totalement.
Un homme derrière moi hurlait les paroles, sautait comme un dingue, et si moi je n'étais pas spécialement fan de ce groupe, j'étais heureux de voir que d'autres vivaient leur meilleure vie.
Leur set se termina, et la scène s'éteignit. Les décors commencèrent à changer, et j'observai attentivement ce qui était en train d'être monté. Je compris que c'était Fall Out Boy, et la hype remonta d'un coup. Jimin s'impatientait encore à côté de moi, et ça m'amusait.
La salle finit par s'éteindre de nouveau après quasiment une demi-heure, et des hurlements retentirent aussitôt.
Une vidéo fut diffusée sur les écrans, et si au début je tentai de traduire ce qui se disait à Jimin en simultané, je finis par arrêter. Trop de bruit, trop de choses à dire. Et puis le groupe entra sur scène, interprétant la chanson « The Phoenix ». Une de mes préférées.
Mon enthousiasme changea du tout au tout, malgré les mouvements de foule qui commencèrent. J'oubliai le monde autour, Jimin qui devait sans doute me jeter des coups d'œil en se moquant de moi, et je chantai, hurlai, sautai, secouai la tête au rythme des chansons. Malheureusement, leur set se termina bien trop vite et la frustration se fit grande. Il fallait absolument que je les voie en concert solo. Une heure, ça passait bien trop vite.
« Alors !? s'écria Jimin en se retournant vers moi.
– Alors c'était génial. Et toi, t'en as pensé quoi ?
– C'était trop bien ! Ils ont fait les vieilles chansons que j'écoutais quand j'étais trainee, tu n'imagines même pas la nostalgie que j'ai ressenti ! »
Oh si, j'imaginais très bien, mais je ne dis rien. Je ne voulais pas briser son euphorie.
« Je suis frustré qu'ils soient déjà partis. Et j'ai peur d'être déçu avec Green Day.
– Déçu ? Pourquoi tu le serais ?
– Parce que j'écoutais moins que Fall Out Boy. J'ai peur de moins m'amuser.
– N'aie pas peur. Tu vas kiffer, tu vas voir.
– Sûr ?
– Certain. »
Je lui fis un sourire rassurant, et il lâcha un gros soupir. Il jeta un regard à son téléphone, puis s'accouda de nouveau à la barrière. Je ne dis rien et l'observai.
« Oh, elle n'est pas trop mal, cette photo.
– Effectivement. »
Il continua de scroller dans son album, supprima quelques photos qu'il jugea floues ou inutiles, puis il rangea son portable dans sa poche et se retourna vers moi. Aussitôt, je posai ma main sur son bras et lui dis de reprendre sa place, face à la barrière, et les coudes dessus.
« Pourquoi ?
– Parce que je pense que ça va être le pire moment. Ça va probablement pousser, et essayer de gruger. Si tu tiens à ta place, ne lâche pas ta barrière, sous aucun prétexte. Si tu te mets rien que de profil, si sur ta droite ça se décale, tu ne pourras pas reprendre ta place et ça sera foutu.
– D'accord. Alors je ne bouge pas. »
Je soufflai tandis qu'il lâcha un léger rire, puis il reposa ses yeux sur moi avant de regarder dans mon dos. Ses sourcils se froncèrent, alors je fis de même.
« Qu'est-ce que tu regardes ?
– La bannière de la dame. Pourquoi elle demande à monter sur scène ? »
Je tournai la tête et cherchai de quoi il parlait. Je vis la grande affiche.
« Ce n'est pas pour elle mais pour son fils, visiblement.
– Et alors ?
– En général, le chanteur fait monter quelqu'un sur scène pour jouer ou chanter une chanson avec eux.
– Vraiment !?
– Oui.
– C'est trop cool ! Tu vas tenter ?
– Tu plaisantes ?
– Pas le moins du monde.
– T'es malade, Jimin. T'as vu la salle ? Et j'ai pas joué de Green Day depuis mes quinze ans. Puis pour la discrétion, on repassera.
– Ce n'est pas faux, répondit-il en riant.
– Mais si toi tu veux chanter, je te ferai la courte échelle pour monter sur scène avec plaisir. »
Il me donna un coup de poing et je ris.
« Sans connaître les paroles, merci pour l'affiche. »
Nous continuâmes de discuter, et les lumières s'éteignirent. Le public se fit encore plus bruyant qu'avant, et les mouvements de foule commencèrent. Puis le groupe entra sur scène, et ce fut l'apocalypse.
J'eus peur pendant un moment de perdre Jimin malgré le fait que nous soyons bien accrochés à notre barrière, ou alors qu'il fasse un malaise après avoir été écrabouillé contre, mais ça finit par se dissiper quand le public arrêta de pousser.
Une grosse vague de nostalgie me submergea. Les paroles me revinrent toutes, comme si je les avais apprises le matin-même, et les tablatures se dessinèrent devant mes yeux, mes doigts se crispant frénétiquement et en rythme sur le bord de la barrière. Je n'avais rien oublié, que ça soit les parties de guitare, ou les parties de basse.
Les chansons défilèrent les unes après les autres, et à un moment, le chanteur demanda si quelqu'un voulait chanter. Je désignai Jimin, et en s'en apercevant, il me donna un coup de coude dans les côtes.
« Je ne connais pas les paroles, arrête tes conneries, je vais me taper la honte. »
Je ricanai et il me cogna de nouveau. Au final, le micro passa à une fan de l'autre côté de la scène. Puis Billie Joe demanda s'il y avait des musiciens dans la salle. La femme non loin de nous qui voulait faire monter son fils sur scène se mit à hurler, sa pancarte bien levée, son gosse assis sur les épaules d'un jeune homme à côté. Cependant, les yeux du chanteur tombèrent dans les miens, et je manquai de m'étrangler.
« Tu sais jouer ? Tu connais "Knowledge" ? »
Je regardai autour de moi et je compris que Jimin m'avait désigné lorsqu'il avait demandé si quelqu'un voulait monter sur scène. J'échangeai un coup d'œil avec ce dernier, et son regard, cumulé à son mouvement de tête, me fit comprendre qu'il fallait que je me bouge.
« Oui, répondis-je au chanteur. Mais je...
– Alors viens. »
J'entendis crier, j'entendis pleurer, et je vis Jimin sourire, des étoiles dans les yeux. Billie Joe s'éloigna, mais je continuai de fixer Jimin.
« Je peux pas.
– Si, tu peux.
– Non, Jimin.
– Si. »
Il s'approcha de moi et posa sa bouche près de mon oreille.
« Tu peux, et tu vas le faire. Sinon tu le regretteras. »
Sa façon de le dire n'était pas que bienveillante. Il comptait me faire payer un refus.
Sa main se posa ensuite sur ma mienne, et il serra mes doigts entre les siens.
« C'est une occasion unique. »
Je ne pouvais pas y aller. J'allais me planter, j'allais me taper l'affiche. J'allais perdre ma place en fosse, j'allais perdre Jimin et on allait galérer à se retrouver.
Ses doigts glissèrent sur mon bras et relevèrent la manche de mon t-shirt. Il effleura mon tatouage et remonta ses yeux dans les miens.
« Tu n'as pas tatoué un phénix pour rien, ce jour-là, Hayden. Alors vas-y. »
Il me lâcha, et je jetai un œil à la scène. Des hommes de la sécurité s'étaient approchés pour me faire sortir de la fosse.
« Envole-toi. »
Mon cœur se mit à battre à tout rompre. J'échangeai un dernier regard avec Jimin, et j'escaladai la barrière. J'avais déjà fait perdre trop de temps au groupe qui m'attendait sur scène, et au public qui attendait que le concert continue.
Les vigiles m'aidèrent à bien retomber, et j'inspirai un grand coup.
Je montai sur scène et me dirigeai d'un pas que je voulus sûr, vers le chanteur. Il s'approcha de moi et me fit une accolade chaleureuse. Je commençai à paniquer, réalisant que je n'avais pas remis mon masque, et il me dit que je n'en avais pas besoin, ici, avec lui.
La situation était irréelle. Je me trouvais sur scène, entouré de centaines de personnes, avec un groupe que j'adorais quand j'étais ado. Le chanteur venait de me prendre dans ses bras et de me parler. Je devais être mort et en route pour le paradis, il n'y avait pas d'autre explication.
On m'apporta une guitare et ma pression augmenta. Je passai la sangle autour de mon cou et ajustai l'instrument. Billie Joe s'approcha de moi et je lui envoyai un sourire crispé.
« Elle est accordée, me dit-il. Tu connais les accords de "Knowledge", tu es certain ?
– Oui.
– Alors c'est parfait. Ne te mets pas la pression et profite de l'instant, mon gars. On va s'éclater. »
Il me tapa sur l'épaule et recula d'un pas, tout sourire. C'était irréel. Tout ça était impossible.
J'inspirai un grand coup, et je m'approchai un peu du centre de la scène. Le public hurla encore et je tentai de me calmer. Je n'étais pas du tout prêt pour ça.
« Prêt ? »
Non. Pas du tout.
Je levai les yeux sur la fosse devant nous, et je cherchai Jimin. Malheureusement, avec les éclairages, j'étais bien incapable de voir qui que ce soit.
Je baissai la tête, fermai les paupières, puis j'inspirai avant de plonger mes pupilles dans celles du chanteur.
« Prêt. »
Il me sourit, puis jeta un regard aux membres de son groupe. Le batteur donna le tempo, et mes doigts se mirent à bouger d'eux-mêmes sur les cordes.
Billie Joe s'approcha de moi à plusieurs reprises, me sourit, et je finis par me prêter au jeu. La chanson se termina sous les hurlements totalement dingues du public, et quand je compris que c'était fini, que j'allais devoir quitter la scène, retourner dans le public, je fus frustré. J'avais envie d'en faire une autre.
Le chanteur s'approcha de moi alors je m'empressai de retirer la guitare pour répondre à son accolade.
« C'était super, tu t'en es très bien tiré. Continue comme ça, tu es doué.
– Merci beaucoup... »
Nous nous séparâmes, et quand je lui tendis la guitare, ne sachant qu'en faire, il me sourit.
« Tu peux la garder. Elle est à toi. »
Quoi ? Vraiment ? Je ne sus quoi dire, alors je m'inclinai avec respect en serrant mes doigts sur le manche.
« Merci infiniment. »
Je replongeai mes yeux dans les siens, et je lui rendis son sourire. Puis, je regardai le public et levai ma main gauche pour le saluer à son tour. Des cris fusèrent encore, et ce fut grisant.
Puis, je dus me résoudre à quitter la scène. Mais comment est-ce que j'allais pouvoir retrouver ma place ? Retrouver Jimin ?
Des gens du staff s'approchèrent de moi et me firent signe de sortir par les coulisses. Je ne savais pas où ils allaient m'emmener, mais une chose était sûre : je n'allais pas retrouver Jimin avant la fin.
Je sortis mon téléphone de ma poche, quand on me demanda la guitare. Surpris, je la rendis sans faire d'histoire, et allumai mon écran. J'avais un message de Jimin.
L'homme qui venait de me prendre l'instrument revint finalement vers moi avec une caisse de transport. Wow. Je n'en revenais pas. Je le remerciai, puis on me conduisit ailleurs dans la salle pour que je puisse quand même assister à la fin du concert.
Une fois assis dans les gradins sur la gauche de la salle, je rallumai mon écran et lus le message de Jimin. Je mis quelques secondes à le comprendre, et je ne répondis pas. Il avait raison, et j'allais le lui dire en face.
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