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12. île pas si déserte

Éjectée du bateau-submersible, on se retrouva de nouveau à notre point de départ.
On a vomi des arc-en-ciel. Oui, oui, des arc-en-ciel. Je crois que le programme du jeu pixelise ce genre de moment.
Et c'était difficile de ne pas être abasourdie face à ce phénomène.

Bref, quand nos estomac se calmèrent de leur voyage, on reconnut sans mal la plage. Tout était aussi paisible que la dernière fois. Comme si l'île était déserte.

RROOAARR !!!! DOONNG !

Bon, c'était une île pas si déserte, finalement.

Au son de ce rugissement interrompu par un coup du métal, chacun de nous s'était replié sur nous-même. Cette île qui semblait si paradisiaque ce matin tournait en un lieu inquiétant.

       - Mais qu'est-ce qui se passe sur cet île ? murmurais-je dans la confusion la plus totale. 

Mes deux compagnons se redressaient lentement, sur le qui-vive. On s'échangent des regards, peu rassurés par la tournure des événements.
Ce fut Tony qui prit la parole, essayant de nous réconfortant :

       - Si ce monstre est comme les deux premiers, ça devrait bien aller, n'est-ce pas?
       - Oui, mais celui-ci est le dernier, fit remarquer Perché avec sérieux. Le jeu nous a mentionné trois gardiens.

J'opinais, me rappelant en effet de ce détail. Et dans tous les jeux, ce genre de gardiens doive obéissent à un maître. Et ce maitre est souvent le Boss final.

       -Il se peut même qu'il aille un boss final, ajoutais-je par rapport à la remarque du chat parlant. Il faut y penser aussi.

Les deux acquiescèrent avant que Tony tape de ses mains, attirant notre attention. Il s'exclama :

       -Bref, finissons en le plus vite possible ! Qui sait, peut-être y'a-t-il une recompense à la fin ?

Vu sous cet angle, tout le monde se mit à sourire. Après tout, nous étions dans un jeu et jusqu'à présent, on s'en est bien sorti.

Avec cette énergie en nous, nous avions pris la décision de nous diriger vers le rugissement. Un nouveau sentier s'était matérialisé entre-temps, ne nous menant pas chez l'antre d'Araknésea. Non, elle nous mena jusqu'à une zone habitable. Elle se retrouvait sur une autre plage, à l'opposé de la grotte, il me semblait.

Sur place, une étrange créature humanoïde portait des vêtements de vacance : une chemise hawaïenne avec des bermuda blanc et une paire de lunette de soleil. Ça jurait complètement avec son allure de monstre. En s'approchant, je pus enfin deviner qu'il s'agissait d'un loup-garou.

Je me pinçais les lèvres pour ne pas faire de remarques désobligeantes quant à son accoutrement. Ni sur l'espèce d'ange ridicule allongé devant une maisonnette de paille.
J'ignorais pourquoi, mais cet être à l'apparence angélique m'horripilait. Et je n'étais pas là seule vu la tête de mes compagnons. Pourtant, il ne semblait ni dangereux, ni méchant.
Mais mon intuition me hurlait de me méfier.

Le lycanthrope se mit à nous parler au moment où la bannière magique nous confirma sur une chose.

Paradis canin : gardien de Deus, Lycan le chien fou.

Ce dernier se présenta avec une voix excentrique :

       -Bonjour, bonjour, bonjour !! Ah ah ! Je suis Lycan, le chien fou ! 

Ce dernier sautillait sur lui-même, agitant ses membres frénétiquement. Il me faisait penser à quelqu'un qui souffrait du syndrome grave de Gilles la tourelle. Ou à un excellent jeu d'acteur de Jim Carrey.
Sauf que ce n'était pas du cinéma dans son cas. Ça me rendait nerveuse.
Perché paraissait dans le même état que moi tandis qu'il crachait, le dos rond :

       - Un cabot… Je déteste les chiens comme lui. Trop énervé, trop… Trop.

Jetant un rapide coup d'oeil, je fus surprise de voir le calme olympien de Tony. Ce dernier jouait distraitement avec son bâton de marche qui ne l'avait pas quitté. Où l'avait-il entre-temps ?
Bonne question.

Le dernier gardien se tenir à parler d'une voix hystérique, m'obligeant à me concentrer sur lui :

       -Moi qui suis fou, saurez-vous résister à ma folie?

Face à cette question, Tony prit la parole, avec une voix ténor qui exigeait notre attention. Mais sa voix n'était pas agressante, mais elle imposait le calme. Cela avait réussi à apaiser mes nerfs crispés par l'énergie chaotique de Lycan.
Il posa sa question, sans doute et avec une brutale intelligence :

       -Comment un loup-garou comme toi peut-il se prétendre un chien-fou? Es-tu un loup ou un chien ?

À mon grand étonnement, le Gardien cessa tout mouvement. On aurait dit que le système du jeu venait de planter face à l'attaque verbale de Tony.
Mais en réfléchissant, j'avais saisi la technique : il venait de mettre en lumière une incohérence totale de l'identité de notre adversaire. 

Une nouvelle banderole magique s'afficha :

Felicitation ! Vous avez vaincu le dernier gardien, Lycan le chien-fou !
Voici votre récompense : une anneau magique pour améliorer la massue !

Perplexe, j'observais l'objet s'enrouler autour de ma massue. Médusée, je vis une petite bannière m'indiquer le résultat : la massue pouvait briser tout ce qui ne s'ouvre pas.

Et une voix s'exclama platement :

       -Il semblerait que ce soit mon tour…

C'était l'homme angélique qui venait de prendre la parole.

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