³⁷ | ⌫
³⁷ | 𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚃𝚛𝚎𝚗𝚝𝚎-𝚂𝚎𝚙𝚝
•
⁰⁵ ¹² ²⁰²⁴
²⁰²⁴
•
⁵⁴⁷⁶ ᵐᵒᵗˢ
___
|• 𝓑𝓸𝓷𝓷𝓮 𝓛𝓮𝓬𝓽𝓾𝓻𝓮 •|
___
•
LEE JENO
29 Avril
•
ON S'EST PARLÉ TOUS LES JOURS, presque tous les jours en appel mais la plupart du temps par message. La seule raison pour laquelle j'ai été déçu, c'est que j'ai pas pu passer mon anniversaire avec lui.
Il me l'a souhaité, oui, mais c'est différent. C'est entièrement différent que de le passer physiquement avec lui.
Je l'ai passé avec mes parents, Hye-sun avait même organisé une soirée ridicule avec des amis à elle et des connaissances à moi. La plupart de mes réels amis n'avaient pas été invités et elle l'avait fait, littéralement, juste pour le faire. Je lui ai dit merci, ai menti en disant que ça me touchait. Je n'en ai pas parlé à Jaemin, ni Mark ni Donghyuk n'étaient au courant donc personne ne pourrait le lui dire. Et, pour être honnête, il ne s'y est rien passé de dérangeant, qui pourrait le déranger lui.
Hye-sun m'a offert un bracelet, un joli bracelet à perle qui doit coûter une blinde. Je l'ai mis pour lui faire plaisir, et l'ai enlevé le soir venu, quand Jaemin avait lancé un appel.
Rangé dans une boîte depuis quelques jours, je me sens coupable pour Hye-sun et responsable pour Jaemin.
Ma mère, elle, elle avait acheté quelque chose en commun avec mon père. Ils attendaient que j'ai le permis pour me le remettre, fallait pas être devin pour comprendre qu'il était question d'une voiture et qu'ils me demandaient, de manière peu discrète, de passer mon permis.
Ils ne sont pas là aujourd'hui, samedi matin, ils vont rentrer aux alentours de treize heures. Jaemin m'a envoyé un message un peu plus tôt pour me prévenir qu'il était dans le train, qu'il arriverait à la gare d'ici quelques minutes maintenant. Il m'a demandé, et c'est ça qui m'a le plus fait plaisir, de me démerder pour venir le chercher.
J'enfile mes chaussures, l'une après l'autre en m'aidant de la languette. Mes lacets déjà fait, je ferme la fermeture de ma veste, la laisse couler jusqu'en haut.
Je descends les escaliers rapidement, mon sac qui se dandine de droite à gauche au fil des marches. Toutes les lumières du salon sont éteintes, ma mère a laissé des restes sur la table, des assiettes qu'elle a entièrement enroulées dans du film aluminium. Elle sait que Jaemin allait venir, et ça lui a fait plaisir de lui préparer quelque chose.
Peut-être même qu'elle était déçue de ne pas pouvoir être là, elle et mon père, pour le saluer.
Je jette un coup d'œil à l'heure qui scintille en rouge sur l'interface du four, huit heures six. Il est presque sept quand la sonnette de la maison résonne bruyamment dans toutes les pièces.
Je me retourne rapidement, les sourcils froncés vers la porte d'entrée.
C'est presque d'un pas méfiant que je me dirige vers cette dernière. Normalement, si j'ai pas perdu la tête, personne ne peut rentrer (mis à part mes parents) si le portail d'entrée ne leur est pas ouvert.
Y'a pas de judas sur notre porte, y'a juste des caméras qui couvrent le portail et les quelques mètres de devant. Le petit écran éteint sur le côté, accroché au mur qui s'allume quand la présence de quelqu'un est captée.
Et là, il est effectivement allumé. Dans les grandes lignes, la silhouette de Jaemin, même si des lignes, y'en aura jamais assez pour le décrire.
Il regarde le sol, bêtements, un sourire lumineux aux lèvres.
Je l'ai vu en photo ces derniers jours mais le savoir à quelques centimètres de moi, juste derrière cette porte, ça doit être ça qui agite le plus mon corps.
Quand j'ouvre à peine la porte, le visage de Jaemin se redresse, une expression qui passe dans son regard, ses joues rouges et timides. Ça me fait bizarre quand, avant même de dire un mot, il pose ses sacs sur le côté et vient sauter, littéralement, sur moi, ses jambes autour de mes hanches que je réussi à peine à réceptionner. Il fait tomber son visage jusqu'au mien, ses lèvres qu'il vient cogner contre les miennes. Je le replace convenablement contre moi, mes mains mieux positionnées autour de ses cuisses.
C'est pas si long que ça deux semaines, mais ne pas voir Jaemin pendant deux semaines alors qu'on passait notre temps ensemble avant ça, c'est presque maladif.
Alors, pour être honnête, je comprends Jaemin, je comprends mon corps, je comprends aussi, et surtout, mon cœur et mon estomac qui bruissent, bousillé par l'arrivée de milliers de bestioles.
Quand nos lèvres se séparent, que les siennes à l'image des miennes sont gonflées, je demande :
— Comment t'es rentré ?
Il roule des yeux, ses bras qu'il resserre autour de ma nuque. Je me déplace jusqu'à la porte en le tenant fermement contre moi, je la ferme rapidement en jetant des coups d'œil dans les jardins voisins. Je mentirai en disant que ça ne me rassure pas de voir qu'il n'y a personne pour voir le fils des Lee se faire dévorer la bouche par un autre homme.
— J'suis passé par-dessus le portail.
Je lui réponds par un ricanement, ses clavicules, pressé, que je couvre de baisers.
— C'est drôle parce que ça m'étonne pas.
On a passé deux semaines, sans se voir, c'est tellement long.
S’il était question d’années, je me demande ce que ça ferait.
Si ça ferait juste tout oublier ou tout trop exister.
Mes lèvres englobent sa peau, mes dents qui se permettent d'y goûter, ma salive qui s'y glisse. Je lui suce la peau, juste au-dessus de l'os léger de son cou, au milieu d'une parcelle purement blanche. Assez blanche pour qu'il y est une minuscule tâche rougeâtre qui puisse y apparaître de manière visible.
Je recule finalement mon visage de celui de Jaemin. Il a ce regard, vitreux, embrumé, enfumé, que tout le monde a, bourré d'excitation.
— J'peux aussi ou y'a que toi qui peut ?
Je répond rien, viens l'embrasser une énième fois. Jaemin qui fait passer ses bras derrière ma nuque, il me sert contre lui prêt à ne plus me lâcher. Je lâche l'une de ses cuisses, essaye de le garder en appuie sans être déséquilibré. Ma main que je cale sous son haut puis que je laisse pénétrer son bas puis son caleçon. Il bouge un peu, dérangé d'abord puis satisfait quand il essaye de me laisser passer plus facilement la barrière de ses vêtements.
Je libéré finalement ses jambes, quand je l'ai senti trembler lorsque mes doigts ont effleuré son entrée. Il les pose fébrile, sur le sol, collé à moi pour ne pas tomber.
— Attends qu'on monte, tu pourras faire ce que tu veux en haut.
Un sourire en coin gravit ses lèvres, qu'il colle à ma bouche entrouverte, sa langue qu'il laisse rentrer. En même temps de faire entre-choquer nos deux corps, il laisse tomber directement sa main au niveau de mon entrejambe qu'il presse tout en gémissant légèrement contre mes lèvres.
Mon sang ne fait qu'un tour de mon cœur à mes organes. J'approche mes lèvres de son oreilles, mes mains de son derrière.
— Finalement, j'préfère que tu sois venue direct ici... J'crois que j'aurais pas tenu le temps du trajet.
Je le reprend sur moi, il s'enroule automatiquement à ma ceinture. Je sens tous les muscles de mes jambes se contracter quand je gravit une à une les marches de l'escalier. La porte est fermée par Jaemin qui s'y est penché puis verrouillé par moi même.
Je le laisse descendre, avec empressement son haut tombe au sol et son pantalon suit. Jaemin qui manque de trébucher en s'accrochant à l'un des ourlets de son bas rends la scène drôle. Évidemment, je le rattrape de justesse par ses épaules, un ricanement qui fuse de mes lèvres et lui qui s'en agace. Ça le prend presque de cours quand je viens déposer mes empreintes sur le bout plissé et fermé de ses lèvres. Il comprend immédiatement le message quand il laisse pénétrer deux de mes doigts à l'intérieur de sa bouche.
Il laisse sa langue s'enrouler autour d'eux, de la salive qu'il dépose en surplus sur chaque millimètre de ma peau. Ses yeux qu'il tend délibérément vers les miens en le faisant, sa main qu'il place sur mon entrejambe sans réelle surprise de ma part. Mes doigts toujours coincés entre ses lèvres, je l'emmène jusqu'au lit où je le fais s'asseoir. Je m'agenouille au sol, mes doigts que je ramène vers moi, l'une de ses jambes que je dépose délicatement sur mon épaule. Et mes deux doigts que je place devant son entrée.
Ça le fait frissonner, l'humidité de ma peau, collé à la sienne encore gelée et fermée.
Je prend son sexe entre mes mains, le caresse lentement tout en glissant deux de mes phalanges à l'intérieur de lui.
Jaemin grimace à l'intrusion, sa peau se serre, maladroite autour de moi sans qu'il ne le fasse exprès. Je me penche pour embrasser le bord de ses cuisses, la naissance de son aine. Des baisers fragiles que je dépose par là en décoration.
— Enlève ton haut, je vois rien moi.
Un infime filet de salive qui me lie à sa peau quitte mes lèvres quand je me tourne vers lui, rieur.
Plié à ses ordres, je retire d'abord ma veste puis mon t-shirt que je laisse tomber sur le côté. Puis je replace mes doigts à l'intérieur de lui avec un peu plus de facilité comme s'ils ne l'avaient jamais quitté. Ça le fait gémir, un peu, et quand je les fait bouger à son signal silencieux, c'est son corps tout entier qui s'excite.
Quand son tissu devient relativement lâche, je sors mes doigts sous un râlement exagéré de Jaemin. Je l'attrape par les hanches, le pousse contre moi et me relève de sur le sol, lui dans mes bras accroché à ma taille.
Je sais qu'il n'est pas entièrement prêt, mais le visage qu'il fait, l'expression qu'il me donne me laisse croire qu'il s'en fout autant que moi.
Il parvient à immiscer ses mains à travers nos deux torses collés, jusqu'à ma ceinture qu'il délie habilement. Je me penche vers ses lèvres alors qu'il regarde vers le bas où son sexe est collé à mon ventre et d'où il libère le mien de ses mains gelées. Il répond immédiatement au baiser, c'est même lui qui y invite sa langue. Quand ses lèvres quittent les miennes, il se penche jusqu'à mon épaule en évitant mon cou. Il commence à suçoter ma peau quand je place mon sexe désormais couvert d'un préservatif au niveau de son entrée.
— C'est donc ça être amoureux ? Être accroc à l'autre ?
J'ose demander en m'enfonçant lentement à l'intérieur de lui, profitant de chaque expression qui le traversait.
— Je crois... O-Ouais...
J'entreprends un premier coup de rein alors qu'il peaufine les derniers détails de son suçon. Je nous déplace tous les deux contre le mur, son dos qui s'y cogne, qui s'y colle. La tête penchée vers l'arrière, ses mèches se mélangent à la couleur de la tapisserie, son visage rougit qui me donne juste envie d'accélérer la cadence. Et sa peau, cette fine pellicule de sueur qui va s'y installer;
Lentement, d'une minute à l'autre.
•
On sort de la douche, Jaemin tient à peine sur ses jambes, son corps est autant marqué par la fatigue que par quelques traces de nos ébats. Un de mes t-shirts sur le dos et un jogging qui tombe délicieusement sur ses hanches, il se jette sur le lit, son visage sur mon matelas et l'un de mes coussins qu'il serre entre ses bras.
Je le trouve incroyable, incroyablement beau et mignon.
Je me pose à côté de lui, je laisse ma main tomber sur son dos que je caresse de haut en bas. Il se tourne vers moi, ses bras qu'il accroche à ma taille et sa tête qu'il laisse tomber derrière mon dos, toujours couché sur le matelas.
— Pire qu'une journée de travail ?
Je sais que Jaemin a passé ses vacances à alterner entre révision et un petit boulot de Batista chez une amie à sa mère. Ça lui a plu, un peu, seulement parce qu'il était rémunéré et qu'il y avait pas trop de gens. Mais si y'a bien un truc que j'ai personnellement détesté, c'est quand il me racontait sa journée en fin de soirée et que, chaque jour, il y avait une nouvelle anecdote sur telle ou telle cliente.
Alors, pendant que je le dis, c'est un sourire mesquin qui se joue sur mes lèvres.
Jaemin grogne, se redresse sur le lit, ses mains qu'il place sur son ventre puis sur ses cuisses. Il s'appuie sur mon épaule peut-être en grognant un peu plus. Il cherche à coller chaques millimètres de peau qu'il peut à la mienne.
— Au moins là- bas y'avait des filles qui me laissaient leur numéro.
Je soupire en roulant des yeux. Peut être que cette anecdote ci, il me l'avait raconté pas moins de trois fois.
Une jolie et grande lycéenne brune qui lui laisse en partant son numéro écrit au stylo sur une serviette en papier.
— T'aimes bien me raconter cette histoire toi hein.
Jaemin ricane, il tourne son visage vers mon cou qu'il hume. Il ignore ma réponse, repart de plus belle :
— Elle m'a même dit que j'avais un beau sourire.
Je lui laisse une tape sur sa cuisse, il balaie ma main rapidement en grimaçant, au lieu de ça, il entre-lasse nos doigts ensemble.
— J'te le dis tout le temps...
Je lui fait une moue sans le vouloir, c'est dans ce genre de moment que je comprends pourquoi il dit que je ressemble à un Samoyède.
— Je sais...
Il dépose de doux baisers sur ma peau. Un peu partout et nulle part à la fois.
— ...Mais j'aime quand t’es jaloux.
Il serre mes doigts, peut-être un peu fort pour me faire passer un message.
— Je suis pas jaloux.
Je marmonne, ma voix un peu plus basse, un peu plus proche.
Jaemin ferme les yeux, s’enroulant un peu plus contre moi. Il lâche ma main pour venir ouvrir mes bras de lui même afin de se placer à l'intérieur. Son visage devant moi, son souffle sur moi, mes mains qu'il ferme derrière sa taille pour pas qu'il flanche sur le côté ou vers l'arrière.
— Bien sûr que si.
Le silence s'étire cette fois, et ça se voit que Jaemin le savoure comme on savoure une gorgée de café parfaitement sucré, triomphant.
Puis ma voix, plus calme, presque murmurée :
— Jaemin… tu m’énerves.
Il pouffe, ses lèvres qui s'ouvrent et qui se ferment dans un rire. Ses yeux qui scintillent pourtant sans avoir des milliers de paillettes dedans. Puis, il reprend une moue fatiguée, presque exagérément déçu.
— J'aurais aimé que tu sois là.
Son expression me fait rire mais ses paroles encore plus.
— Où ?
Il roule encore des yeux, je me retiens de prendre son visage en coupe pour l'empêcher de le refaire.
— Au café.
— T’aurais aimé que je te voie te faire draguer ? Ou que je sois là pour leur dire que ton sourire est bien magnifique mais qu'il est, surtout, qu'à moi.
Jaemin sourit naturellement.
— Peut-être un peu des deux.
Il répond, d'une petite voix timide, puis il ouvre la bouche pour dire quelque chose d'autre, mais rien ne vient.
Fin, si, il a bien parlé mais ça se voit qu'il voulait pas dire ça au départ.
— Et toi, t’as fait quoi de tes journées ? C'est tout le temps moi qui te racontais mais toi tu disais rien ! Je suis sûr qu’elles étaient plus passionnantes que les miennes !
— Pas vraiment,
J'hausse les épaules, y'a rien eu de très palpitant. Quand mes parents étaient là, je passais mon après-midi avec eux avant de travailler et d'attendre des nouvelles de Jaemin.
— Je bossais, je faisais du sport. Et j'attendais tes appels.
Ses yeux dans les miens, j'ai vu cette étincelle,ce tremblement, cette fébrilité, qui dit que son coeur a fait une embardée.
— T'es tellement niais.
Il se place mieux dans mes bras, les siens entourant mes épaules, la tête baissée, les joues rougies et, fatigué, les yeux fermés.
●
NA JAEMIN
Il fait tourner la poignée de porte, le bois qui se plie vers l'intérieur. Y'a une voiture qui passe juste derrière lui quand il fait claquer la porte.
Il longe le mur, son regard qui bifurque d'un bout à l'autre de chez lui, un sourire aux lèvres qui a dû mal à le quitter. Ça a fait du bruit, quand il est rentré, ça a fait un certain bruit. Son père, appuyé contre un meuble de la cuisine, fait couler l'eau du robinet tout droit vers l'évier. Il fait passer l'éponge sur une assiette, la mousse qui se multiplie et l'eau qui l'emporte immédiatement. Y'a pas de regard pour Jaemin, y'a pas de salut, pas de bonjour pas de bonsoir.
Y'a pas de regard, surtout, y'a pas un seul regard.
Pourtant, c'est pas comme s'il l'avait pas entendu. Ses pas sur le carrelage du salon, le porte clé qu'il traîne sur son sac qui tinte à chacun de ses mouvements. Y'a même la porte, cette foutu porte qu'a claqué même si c'était dans le silence.
Jaemin, de son côté, il se dit que, peut être, peut être qu'il aimerait bien aller dire bonjour à son père. En tout cas, l'idée ne le repousse pas dans l'immédiat, c'est sûrement parce-qu'il sourit, parce qu'il sourit beaucoup. Que ça fait quelques heures qu'il est dans les nuages, que sa tête est mélangée entre une fragrance de vanille et d'arc-en-ciel.
Un monde de Bisounours qui s'agrippent à ses pensées. Il se fait envahir, mesquinement, dans le silence ( toujours dans le silence ) par ce monde qu'est trop rose, qu'est trop beau. Peut être, qu'en contrepartie à tout ça, il est trop faux aussi.
Personne ne sait, pas même lui qui essaye de penser simplement.
Est ce qu'il se sent bien ?
Oui ou non.
Y'a pas de peut-être, y'a pas de sûrement.
C'est la première fois, qu'il n'y a ni peut-être ni sûrement.
C'est sans doute pour ça qu'en rentrant il s'est dit que sourire et saluer son père après deux longues semaines, ça n'allait pas le tuer.
Le monde allait le faire, pas son père.
Ce monde de Bisounours, oui, il faut s'en rappeler, s'en rapprocher. S'en éloigner ?
Jaemin monte les marches jusqu'à l'étage, une à une, y'en a pas une seule qu'il saute. Peut être même qu'il les compte en les zieutant, un regard vers la salle de bain fermée puis vers sa chambre. Fermée elle aussi.
Ça doit puer le renfermer, fermée deux semaines, ça doit sérieusement puer le renfermer.
C'est ce qu'il se dit, ce sourire qui l'agrippe toujours dans un coin de sa tête.
La porte qui s'ouvre, lui qui s'y engouffre la tête baissée. Peut-être qu'il ne voyait pas, qu'il voyait pas de suite. Mais l'instant où il s'en est rendu compte, ça l'a marqué.
Le moment de désillusion.
Comme du bétail marqué au fer rouge, de manière indélébile, sur sa peau, dans sa tête.
La douche froide. Pas trop froide, presque brûlante. Ses yeux fous, sa gorge qui le brûle.
L'odeur nauséabonde de cigarettes qui le prend au tripes plus que dans ses poumons.
Tout est enfumé. Littéralement en fumée.
Ça doit faire des jours que ça stagne, que ça s'entasse, que ça imprègne les murs. Des tâches grisâtres invisibles que Jaemin visualise pourtant partout.
Tout y est opaque. Mais surtout, Tout lui donne envie de vomir.
La couleur de sa commode, son tiroir défoncé, déformé. Le tas de cendre qui gît sur le bois, les cernes du bois qui pleurent, cette couleur brûlée mais éteinte. Le meuble n'a pas pris feu, mais les cigarettes, elles, entièrement consumées, ont laissé en souvenir leur odeur et leur couleur.
Si seulement le monde de Jaemin pouvait garder ces couleurs rose et arc-en-ciel,
Si seulement le monde de Jaemin ne se résumait pas à ce terne cendré, à ce fade orangé.
De toute manière, y'a plus de cigarettes, plus une seule, son père les a toutes brûlées.
Jaemin ferme la porte de sa chambre, le cœur au bord des yeux, au bord des lèvres. Si son corps était capricieux, peut-être qu'il aurait régurgité le plat que la mère de Jeno lui avait fait.
Sans dire un mot, il descend les escaliers, sans même penser à son père qui le regarde descendre furibond les escaliers, il quitte la maison.
Les petits cailloux du chemin de devant crissent sous ses godasses, le portail qui grince quand il l'ouvre, la peinture ternes qui s'accroche presque à sa peau.
— J'suis tellement dans la merde.
Ses mots sortent d'entre ses lèvres, le bout de mots qu'on veut crier au monde entier sans jamais plus être arrêté.
Putain,
C'est le premier mot qui lui vient en tête quand il passe devant chez Jeno et que la voiture des Lee est garée à l'entrée du garage.
Ils ne rentrent pas souvent, mais aujourd'hui, ils devaient être là aussi tôt.
Il soupire.
Jaemin décide finalement d'aller devant chez jaehyun qui habite à deux pâtés de maison d'ici, en espérant y trouver Taeyong.
— Jaemin ?
C'est sa voix. Celle calme de Taeyong, ce brin de voix rassurant. Peut être moins que celui de Jeno mais rassurant quand même.
Ce visage qu'il lui montre, cette expression peiné qui se lit sur ses traits si facilement. Y'a rien de caché chez Taeyong, tout y est joliment exposé. Pourtant, Taeyong, aux autres, jamais il ne demande ce qu'il se passe.
Il se décale juste de devant l'entrée, Jaemin qu'il prend par l'épaule pour ne pas le brusquer trop tôt en le prenant dans ses bras.
Mais ça le prend de cours. À Jaemin, ça le prend de cours.
Cette soudaine remontée acide qui lui broie la gorge, ses pas qui le mènent en courant tout juste jusqu'aux toilettes où il vide entièrement son estomac.
Mais quand bien même, Taeyong ne se permet pas de demander ce qu'il se passe. Pas quand ça concerne Jaemin et que ça fait des mois qu'il sait qu'il ne dira rien de plus que ce qu'il sait déjà.
Alors, à la place de complètement se taire, c'est un message à Mark qu'il écrit. Il lui demande, prétextant une soirée avant de retourner en cours, d'inviter les amis à Jaemin.
Et avant que Mark ne puisse envoyer un message à Jeno, Jaemin l'avait déjà fait, les larmes aux yeux juste quémandeur de la présence de l'autre.
●
| Jeno ?
| Tu peux venir chez Taeyong ?
| Chez jaehyun plutôt
| S'il te plaît
J'arrive avec Jisung et Chenle |
Il s'est passé quelque chose ? |
Je t'aimes |
Je range mon portable dans la poche de mon manteau non sans soupirer. Ça fait cinq minutes qu'on attend devant chez Chenle avec Jisung. Ça fait cinq minutes qu'il dit qu'il arrive mais qu'il n'a toujours pas décidé de se bouger.
— Il est arrivé quelque chose à Jaemin ?
Je me tourne vers Jisung, son visage inquiet, cette moue qui se lit même la nuit. Il joue sur son téléphone, regarde de temps à autre s'il n'a pas reçu un message de je ne sais qui. Sa voix faible me fait grimacer. Il avait l'air, si ce n'est plus, autant inquiet que moi.
Jisung apprécie réellement Jaemin comme s'il était son grand frère. Et même si parfois je peux être jaloux des relations que Jaemin entretient avec les autres, j'ai toujours trouvé celle qu'il a avec Jisung purement innocente et fraternelle.
— Je sais pas, il répond pas.
Il hausse les épaules, ses lèvres qu'il pince l'une contre l'autre. Son corps qu'il fait passer, stressé d'un pied à l'autre.
— Mark Hyung a dit de ne pas s'inquiéter.
Pourtant, y'avait mille raisons de s'inquiéter. Jaemin est rentré chez son père après avoir quitté ma maison, s'il s'était passé quelque chose, c'était bien à cause de lui.
— Je suis sûr que c'est rien de grave.
Je n'y crois pas. Mais fallait bien que Jisung retrouve son sourire si je voulais que Jaemin sourit aussi.
— Humm... J'espère.
Chenle quitte enfin sa maison, son sac sur l'une de ses épaules et un regard fière en notre direction, comme s'il ne venait pas de nous faire attendre dix plombes pour rien.
Il me donne une tape sur l'épaule qu'il place à l'identique sur celle de Jisung. Puis, il se place devant nous et commence à marcher en direction de chez Jaehyun.
— Donghyuk est déjà là bas ?
Il tourne sa tête vers nous, un sourcil froncé vers le haut. Jisung répond qu'il croit que oui, qu'il y est allé juste après Mark.
On marche dans le silence, Chenle et Jisung qui papotent sans m'accorder trop de leur attention, comme coincé dans une bulle. Mark a dit dans le groupe, un peu plus tôt après nous avoir demandé de venir, que Jaemin avait bu. Il avait la tête dans les nuages bercé par de l'alcool. De ce que j'ai compris, c'est Jaehyun qui lui a gentiment donné deux trois canettes quand Taeyong avait le dos tourné. Je mentirais si je disais que ça ne m'avait pas agacé de l'apprendre.
Je voulais discuter avec lui, s'il avait eu un problème, et un coup dans le nez, je pense que Jaemin allait être tout sauf conciliant et docile.
•
— Si y'a pas Hyuk, j'dirais à Mark que c'est vous qui l'avez oublié.
Chenle ricane avant de voir la porte s'ouvrir en grand justement sur Donghyuk et son sourire. Il se décale sur le bord comme s'il était chez lui et nous laisse la place pour rentrer. Jisung passe le premier, des regards qu'il jette sur chaques meubles de la maison, sur chaques minuscules grains de poussière qui pourrait s'y cacher. Il a ses yeux grands ouverts, émerveillé pour pas grand chose.
Je regarde sur le côté pour essayer de repérer la silhouette de Jaemin, et je le vois bel et bien.
Il arrive avec Mark à ses trousses, les joues rougies et les yeux aussi. Peut être que ça m'aurait fait plaisir de le voir si à peine arrivé, il n'était pas allé prendre Donghyuk dans ses bras, sa tête posée entre ses omoplates, caché de la lumière de l'entrée.
Mark s'immisce immédiatement en décalant leur deux corps l'un de l'autre, Donghyuk qu'il coince sous son épaule et Jaemin qu'il dévisage en le poussant légèrement sur le côté.
Ça aussi, ça m'aurait fait rire, si Jaemin n'avait pas fait une tête de six pieds sous terre, ses joues gonflées et une mine blessée sur le visage.
Chenle a roulé des yeux, Jisung a souri bêtement et Mark s'est moqué avec Donghyuk, gêné, entre ses bras.
Puis, le visage de Jaemin se dresse, ses yeux, ouvert en grand, qu'il dirige vers nous. Il balaie un instant les quelques personnes de ses deux billes noires, avant de les poser, comme un robot, sur moi. Une étincelle traverse ses yeux qui s'illuminent. Tout le monde le voit autour de nous, mais lui, la seule chose qu'il veut, il la fait en venant jusqu'à moi, ses bras qu'il place autour de moi, et sa tête qu'il pose sur mon torse.
Il est bourré. Ça se voit, tout le monde le voit. Eux, qui regardent, ça leur fait rire et moi, ça fait battre mon cœur et une pompe à chaleur qui vient grignoter mon ventre.
Il vient coller son corps un peu plus au mien, ma taille qu'il compresse entre ses bras. Ça me rassure, tout de suite, qu'il n'essaye pas de m'embrasser, on n'aurait pas eu l'air con au milieu des autres qui nous observent.
Quand on se déplace tous en direction du salon guidé par Mark qui marche devant. On peut voir Taeyong, agacé, s'éloigner de Jaehyun en soupirant, désespéré. Et pourtant, en passant du coq à l'âne, son sourire s'agite en grand sur nous.
— Vous pouvez venir, y'a assez eu de galère, on va juste regarder un film je pense.
Il regarde Jaemin, d'un regard attendrissant, toujours collé à moi, il m'adresse un sourire sympathique, reconnaissant.
Chenle se jette presque sur le canapé alors qu'il tire Jisung avec lui pour aller s'asseoir. Donghyuk commence à se disputer avec Mark pour le choix du film. Si Jaemin n'avait pas son visage écrasé contre ma poitrine pour ne pas voir le monde extérieur, je suis sûr que cette scène lui réchaufferait le cœur.
Il ne manque que Renjun, malade qui a dit ne pas pouvoir venir.
Quand je décale Jaemin de contre moi pour nous installer tous les deux sur l'assise, il laisse sortir un râlement. Avant de s'installer à côté de moi, collé au rebord du siège et à mon flanc gauche. Comme un serpent, ses bras s'enroulent autour de mon biceps, sa tête posée dans mon cou.
Ses yeux se ferment pour la énième fois depuis que je suis là, ça m'alarme, évidemment que ça m'alarme. Ses yeux rougis, ses lèvres qu'il ne délit pas une seule fois pour parler.
Peut être qu'il a des grammes dans le sang mais ça ne change rien au fait que Jaemin n'a jamais été aussi silencieux au milieu d'autant de personnes.
Pourtant, quand je regarde par delà son haut, sur les quelques parcelles de sa peau découvertes, il n'y a pas un centimètre de marqué ou de blessé.
Même son visage est intact, sa lèvre n'est pas exploser, sa joues pas rougie pour cette raison.
— S'il te fait chier tu me dis, je peux le récupérer hein.
Je me tourne vers Taeyong qui a murmuré proche de mon oreille alors qu'un film venait d'être lancé par Donghyuk et Jaehyun qui l'aidait à tout mettre en route.
Je lui donne un sourire, léger, un regard que je jette à Jaemin endormi sur mon épaule. Son visage assoupi, le bout de ses lèvres qui repique sur mon haut, son front couvert par quelques-unes de ses mèches. Le bord des yeux rougis. Il a pleuré, ça se voit à des kilomètres.
— Non non t'inquiètes, il est drôle comme ça.
Il n'y a strictement rien de drôle au visage que Jaemin me présente.
— Si tu le dis...
Il fait une mine étrange pour me montrer qu'il ne croyait pas à un seul de mes mots. Pour lui, ça se voyait que Jaemin n'avait pas l'air drôle, il avait plutôt l'air gluant. Pourtant, de toutes les personnes présentes dans cette maison, Taeyong est bien le seul à nous avoir déjà vu ensemble, Jaemin et moi.
Il repart un peu plus loin, s'assit dans l'angle du canapé, entre Chenle et Donghyuk.
Chez Jaehyun, j'ai l'impression que tout est disproportionné. L'écran sur lequel est projeté le film, s'étale tout le long du mur et si Jaehyun n'avait pas montré à Donghyuk quelle télécommande utiliser, je suis sûr qu'il n'aurait jamais trouvé de lui même.
Taeyong s'amusait à commenter le scénario du film, Donghyuk se disputait avec Mark pour avoir plus de place et y'avait Chenle et Jisung qui riait dans leur coin. Jisung gêné de déranger les autres qui écoutent le film, et, Chenle, qui ne pouvait s'arrêter de parler plus de deux minutes. Y'avait ce genre d'atmosphère détendue, cette sensation de plénitude que j'aurais pu partager si je n'étais pas conscient du poids de Jaemin contre moi.
C'était un genre de point d'ancrage.
Peut être que tout allait bien en façade mais Jaemin, ça se voyait qu'il avait mal quelque part.
J'ai senti ses doigts se resserrer autour de mon avant bras, presque impérativement. Mes yeux que j'ai baissé dans sa direction, surpris par son soudain mouvement. Ses yeux venaient de s'ouvrir, encore un peu dans les vapes. Je lui ai sourit perdu dans son regard. Il n'a d'abord rien dit, puis,
Tout doucement, à peine un murmure,
— Je t'aime.
Sa voix flou, presque englouti par le bruit du film et les éclats de vie des autres.
Il a fermé ses yeux, toujours là, blottie contre mon bras, ses paupières fermées, son souffle un peu irrégulier.
Moi, je ne pouvais pas bouger, mon coeur battait beaucoup trop vite.
Pourtant, je me suis quand même penché vers lui, le bruit des tissus qui se frottent, le fauteuil qui se plie presque sous mon mouvement. Je viens lui murmurer tout proche de son oreille, de ses lèvres.
— Moi aussi, je t'aime.
Il a frissonné, s'est resserré contre moi, tout fragile.
Complètement fragile et mis à nu.
___☀︎︎___
6h d'écriture je crois. C'est l'un de mes chapitres préférés je pense. Mais la partie du milieu jsp si j'vais la récrire du pov de jaemin. Faut que je la relise dans quelque jours pour voir si jlaime bien ou si vraiment jla trouve moche haha
Alalala tout le monde sait que ça va mal se terminer...
Mais bon je les trouve chou mdr
C'est bon j'suis dans ma période où j'ai besoin de voir des vidéos de compilation ytb de 10min sur Haechan...
TheNewSix qui devient TNX alors que tout le monde les appelait déjà TNX mais j'imagine que c'est pour ne plus utiliser "Six" alors qu'ils ne sont plus que Cinq... mais bon c'est bizarre mtn faut les appeler T N X ? Genre ya plus de sens à leur nom du coup 💀
Tbz qu'ont plus le droit sur leur nom ? Ou c'est moi qu'ai pas tout compris mdr mais TheNewBoyz en vrai de vrai... ça passe nan ?
Bref dans tous les cas, stannez TNX et tbz pour une meilleure vie !
Koeur koeur <33
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro