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³⁵ | 𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚃𝚛𝚎𝚗𝚝𝚎-𝙲𝚒𝚗𝚚
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³⁸⁸⁶ ᵐᵒᵗˢ
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|• 𝓑𝓸𝓷𝓷𝓮 𝓛𝓮𝓬𝓽𝓾𝓻𝓮 •|
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NA JAEMIN
14 Février
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JE PENSE QUE C'ÉTAIT LA PREMIÈRE FOIS que je sortais le soir d'un quatorze février. Mal habillé, sûrement, pour un soir pareil. J'ai pris le premier jean large que j'ai trouvé dans mon armoire et un col roulé, j'avais mon manteau et assez de poche de libre pour ne pas avoir à prendre de sac à dos. J'ai toute ma vie sur ma veste, mon portable, un paquet de clopes et mon portefeuille.
J'avais pas de carte de bus, juste quatre maigre euros pour pouvoir payer deux trajets de bus sans avoir à frauder.
Il faisait déjà nuit dehors, un peu froid de pair et personne n'était vraiment dans les rues. Il y avait certe quelques personnes qui marchaient, qui se promenaient mais pas grand monde.
Et, l'arrêt de bus, il était entièrement vide. Il y avait les vitres en plexiglas, les cartes de la ville qui y sont agrafées et une grande banderole publicitaire. Aucun bus, ni passant ni chauffeur.
Enfin, si, il y avait quand même quelqu'un, évidemment, Jeno.
Posé dans un coin de la grande cage, son téléphone en main, il attendait la tête baissée à ses pieds. Pour dire vrai, y'avait rien d'autre à regarder.
Il s'est finalement tourné vers moi quand mes semelles ont piétiné le sol à sa droite. Ses yeux, en grand, qu'il tourne vers moi. Et ce sourire, ce pli qui aspire ses yeux en amande.
Ça a pris quelques secondes, ce lien qui lie nos regards fébrilement, ce silence gênant qui, parfois, ne sait être comblé. C'était lui ou moi qui devait parler ? Pourquoi est ce que c'est bizarre avec lui, soit c'est trop naturelle, soit y'a strictement rien qui l'est.
Souvent, entre amis, on comble les silences avec ce que l'on sait de l'autre.
Moi, je ne savais presque rien de lui.
— Jaemin, veux-tu me faire l'honneur de passer ta soirée avec moi ?
Il m'appelle par mon prénom, j'ai l'impression de ne pas savoir qu'il s'agit de moi quand c'est lui qui le dit.
Je m'appelle Jaemin, j'aime des choses et je n'en aime pas d'autres. Pourquoi c'est plus facile de se considérer comme un Inconnu soit même plutôt que de trouver un Inconnu comme tel ?
Est ce que je voulais passer du temps avec Jeno ?
Pourquoi est-ce que je serais venu ici sinon ? Est ce qu'il pense que j'étais venu dans le froid pour finalement faire demi-tour ?
Mais le pire, c'est que c'est pas ça qui m'agace le plus.
Il m'a demandé si je voulais plutôt que si je pouvais.
Peut être que ça changeait rien dans sa formulation mais le fait qu'il le dise comme ça, ça m'a légèrement fait grimacer.
Moi, je voulais, oui. Mais comment, lui, il pouvait ?
— Tu la passes pas avec ta meuf ?
Il me lance une oeillade, surpris pour ne pas dire perturbé.
Pourtant, c'est pas la première chose à laquelle on doit penser quand on est en couple, le soir de la Saint Valentin ?
Est ce que c'est moi qui suis fou ?
Peut être. Après tout, c'est la première fois que je sors le soir d'un quatorze février
Il regarde ses godasses, j'y jette moi aussi un regard, ses lacets sont faits, des chaussures neuves et plus propres que si elles venaient d'être achetées.
Les miennes, elles grimacent dans des tons grisâtres. Ma mère me les a acheté y'a peut être un an et je déteste changer de paire sans les avoir usé jusqu'à la moelle.
— Je lui ai dit que j'étais occupé.
Je remonte mon regard jusqu'à ses yeux en un éclair.
— Occupé ?! ( Ricanements. ) T'as sorti quoi comme excuse pour justifier le fait que tu sois occupé le soir de la Saint Valentin ?
Il m'a regardé une seconde fois, surpris de ma voix. Ça aussi ça me saoule, qu'il soit surpris.
— Je lui ai rien dit, elle a pas demandé plus d'explications. On a passé la fin d'après-midi ensemble.
On parle de choses sérieuses avec une épée de Damoclès sur la tête. Je le vois comme ça : le premier de nous deux qui montrera son réel comportement en premier, décevra l'autre.
Je sais, que je serais celui qui le déçoit. Je le rappelle, les chiens ne font pas des chats.
De toute manière, c'est facile de me calmer quand Jeno me regarde avec un léger sourire comme s'il savait que j'allais réagir excessivement à un moment où à un autre.
— Ok.
Quand j'étais gosse, j'avais pris l'habitude de m'enfermer dans la salle de bain quand j'étais énervé. Je m'asseyais sur le bord de la baignoire et je n'arrivais pas à arrêter de penser à ce qu'il venait de se passer. Calmé, je ressortais après, comme si de rien n'était.
C'est ce qu'a fait Jeno, pas parce-qu'il était énervé mais pour faire croire que rien n'était. C'est pour ça qu'au téléphone, il chuchotait, il s'était caché dans les toilettes. Il ne voulait pas qu'Hye-sun sache, que moi, je devine.
Qui sait si elle et moi, on n'a pas tous les deux compris ?
Je déteste Hye-sun, pour aucune raison.
— Du coup tu veux bien ?
Parce-qu'elle aime Jeno,
J'hausse les épaules pour toute réponse.
,Que je lui ressemble sans doute pour ça.
Son visage s'est légèrement décomposé, je me suis senti coupable et ça m'a fait mal au cœur.
Cœur.
Cœur. Cœur.
J'ai déposé ma tête sur son épaule, j'ai regardé face à moi, la route vide, nos deux corps debout, droit, dans le silence, à attendre un bus qui ne devait pas tarder.
Fallait pas que j'y pense, fallait pas que je remarque.
Quand le bus arrive finalement, qu'il fait vrombir sa carcasse jusqu'à nous, la porte automatique a un peu de mal à s'ouvrir. Quand elle se bloque finalement sur le bord, c'est Jeno qui passe en premier, j'ai pas le temps d'être surpris qu'il donne deux pièces au chauffeur en le saluant gentiment. Il m'attrape le bras pour me faire comprendre qu'il avait payé pour moi et que je devais juste avancer.
Ça ne m'a pas dérangé qu'il fasse ça, ce qui m'a mis légèrement en rogne, c'est le regard en biais que le vieux monsieur m'a lancé. Je me suis retenue de le dévisager moi aussi, a la place Jeno m'a emmené jusqu'à l'arrière du bus, où il s'est posé côté fenêtre.
La radio tourne dans le véhicule, il y a une vielle femme a l'avant qui discute avec le chauffeur. Et c'est tout, au fond, il n'y a que nous.
Je sors mon téléphone, sans l'allumer, le pose simplement sur mon siège, face contre terre.
J'ai pas pris d'écouteur, j'aurais peut-être dû.
Jeno attrape ma main après l'avoir lâché pour me laisser le temps de m'installer. Il emmêle nos doigts, et pose le tout sur sa cuisse.
Je mentirai si je disais que ça ne me faisait rien.
Mais pourquoi est-ce qu'il fait ça quand je l'ai vu, y'a à peine quelques heures, faire la même chose avec Hye-sun ?
Je soupire, mon visage tourné vers la vitre mais pas sur lui.
Il y a le petit parc qui passe à côté, les lampadaires éteints pour le moment et le pont qui traverse le fleuve.
Du coin de l'œil, ne le vois approcher son visage du mien, il vient chuchoter proche de mon oreille :
— Tu peux dormir, on a presque deux heures de trajet.
Je ne le regarde pas, il ne faut vraiment pas que je le regarde.
— Hmmm.
Je dépose mon visage sur son épaule. Ses cheveux qui viennent caresser mon visage, le creux de son cou qui sent bon la vanille. Je ferme les yeux, Jeno qui dépose un baiser sur mon front.
•
Le bus est parti, le chauffeur épuisé et la vieille dame descendue un arrêt avant nous. Jeno a placé son sac convenablement sur son dos, il a regardé le banc de l'arrêt de bus puis les trentaine de centimètres de béton qui bordent la plage.
Il fait nuit, y'a pas un chat, le soleil est si bas qu'il a laissé sa place à la lune.
Les vagues frottent, au loin, peut être trop long, contre le sable de la marée basse. Y'a des LEDs, quelques unes, étalé le long de l'esplanade à notre droite. L'escalier en pierre descend sous nos pieds, il est partiellement enfoui sous du sable, des panneaux ci et là.
Pas de chien, c'est interdit.
— T'as pas le droit d'y aller.
Je me tourne vers lui, un sourire moqueur aux lèvres, il essayait de regarder la mer à travers la nuit et les reflets de la lune.
Ça l'a finalement fait rire quand il a posé son regard sur le même panneau que moi. Il a roulé des yeux, enfoncé ses mains dans ses poches et a fait trois pas.
Je l'ai suivi, mes bras croisés sur ma poitrine.
J'ai toujours dit, depuis le premier jour où j'ai vu Jeno, qu'il est un humain éthéré. Je me rends compte qu'au beau milieu du vide, sur des centaines et des centaines de mètres de sable, ce même mot ne le définit plus assez.
Le vent frappe dans ses cheveux, il glisse contre son visage sans jamais le faire briller. Comme une statue, un dieu grec qui dompte son paysage, qui contrôle l'un ou les quatres éléments.
— C'est la première fois que tu vas à la plage ?
Je le quitte du regard quand il se tourne vers moi, on est à quelques mètres du bord en béton, il y a encore la lumière des lampadaires qui nous éclaire. Mais on ne voit strictement rien a plus de dix mètres, on entend les vagues, faiblement, certe, mais on ne les voit pas.
— J'habitais à côté de la plage, avant, donc désolé de briser ton romantisme mais non...
Romantisme.
Je l'ai vraiment dit.
Putain je l'ai vraiment dit.
— Dommage... (Il sourit avec ses yeux ) Mais j'espère que c'est la première fois que quelqu'un t'y emmènes le soir de la Saint Valentin ?
Même s'il était déjà tourné vers moi, c'était soudainement plus compliqué de ne pas le regarder. De ne pas lui jeter toute mon attention dessus.
Ce regard qu'il m'envoie. Séducteur, joueur.
Ce regard que je n'ose pas rendre, qui rend juste mes joues un peu plus rouge qu'avant.
Son ricanement me fait frissonner. Il s'est tourné un instant, j'ai eu le temps de reprendre ma contenance. La lampe torche de son téléphone s'est allumée dans un flash éclatant, il l'a tourné face à nous, droit vers les vagues.
J'ai marché un peu plus vite pour combler la distance qui nous séparait et surtout, pour ne pas me retrouver comme un idiot derrière et sans lumière.
Dans le silence, y'avait que nos pas qui creusaient le sol, la lumière du téléphone s'est finalement arrêtée sur de l'eau. Le bout de la mer, qui va et qui vient, continuellement sans trop s'avancer jusqu'à nos pieds. Y'avait tout, le bruit, l'odeur, la lumière, la couleur assombri.
Y'avait tout.
Nous deux, à quelques mètres de l'eau pour pas finir mouiller. Mes yeux qui se perdent parfois sur lui, parfois sur ça.
Y'avait tout.
L'ambiance, les sensations, les sentiments.
Peut être qu'il y avait trop, j'en sais trop rien.
Pas que ce soir mais que tout le temps, y'a toujours eu trop.
Jeno m'a attrapé le bras, il m'a tourné puis tiré vers lui. Ses bras derrière ma taille, il a collé mon torse au sien, son corps au mien. Puis il a collé nos lèvres, aussi, surtout.
Ses mains qu'il soude à la chute de mes reins. Sans agressivité, sans empressement, il laissait mes lèvres goûter aux siennes et inversement. Il se reculait parfois, pour me laisser reprendre mon souffle puis se recollait à moi, finalement affamée d'un minime touché.
Quand on se libère l'un l'autre pour de bon, il me pousse à rester collé à lui, l'odeur de vanille qui se mélange au sel des alentours. Il dépose un premier baiser sur ma joue droite, délaisse un second sur le bout de mon nez.
Il me sert un peu plus, j'ai l'impression de fondre quand il place sa main dans ma nuque et qu'il pousse mon visage au niveau de son cou.
L'odeur de vanille, encore, qui se mélange au sels.
Le bruit des vagues qui percutent contre mes oreilles, la lune, voyeuse, qui murmure des mots tout contre la peau à Jeno.
Ça dure bien quelques minutes, sans bouger, avant qu'il ne parle enfin :
— T'es pas obligé de me répondre Jaemin.
Mes yeux tombent à l'arrière, cette pièce de théâtre qui cache les coulisses, j'acquiesce sans vraiment le faire. Je ne bouge pas d'un poil, si je pouvais m'endormir je pense que je le ferais.
Partagé entre Jeno et une réalité plus belle que celle de tous les jours.
— Je suis amoureux de toi.
Tout s'arrête.
Les vagues derrière Mon cœur. La lumière fine de la lune. Mon coeur. Les effluves de sels, Mon coeur, cette brise qui balaie nos cheveux, mon coeur, qui balaie ses mots.
J'essaye de reculer, force un peu sur son appuie, pour pouvoir le regarder dans les yeux. Mais il me retient, ses bras enveloppent les miens et j'abandonne, résigné cette idée de pouvoir voir ses yeux. Ses yeux noirs, ceux du tout début.
Mais c'est vrai, qu'après tout, je n'ai jamais été aussi bien qu'à ce moment-là.
Il ne ment pas, je ne l'avais jamais remarqué, mais collé tout contre lui, son coeur bat follement vite.
Il ne ment pas, il le dit avec franchise, ses yeux certainement sombres qui veulent dire milles mots quand il regarde le "Jaemin" qu'il côtoie, mais qui n'en disent que cinq.
Il ne ment pas, pourquoi il le ferait.?
JE ME DEMANDE quand est ce qu'il faut commencer ou arrêter de croire en quelqu'un ou en quelque chose.
— Je t'aime.
Il m'a répété ces trois mêmes mots, parfois même plusieurs fois en un jour.
Je sais ce que je ressens pour lui mais dire "je t'aime" c'est comme se mettre à nu. Pas physiquement mais émotionnellement.
Mars
J'entends mon père sourire et rire au téléphone avec une personne que je ne connais pas. De ma chambre, depuis le salon, je l'entend roucouler comme un vieux coq qui fait la cour.
Je l'ai entendue, encore plus, quand ses pas ont raisonné dans la cage d'escalier, qu'il n'y avait plus cette voix fine de femme qui répondait à son appel à travers l'appareil. Mes doigts se sont bloqués sur la serrure, d'un grand coup de clé je me suis empressé de fermer le tiroir. J'ai entendu que le bruit dans la cage d'escalier finisse par se tasser pour ne plus faire de bruit, plus un mouvement, pétrifié. Une proie effrayée, pour je ne ne sais quelle raison.
Le bruit des marches qui craquent s'arrête, mon père derrière ma porte, sa respiration que je réussis à entendre. Mon cœur bat vite, je sais que ma porte est fermée, il ne pourra pas rentrer. Je sais qu'il ne fera rien de toute manière, pas aujourd'hui, il est trop heureux ces derniers jours pour ça.
À la place, je sais qu'il se colle un peu à la porte, le visage tourné, en parallèle au mien. S'il n'y avait pas ce bois, je sais que nos regards se croiseraient.
— Jaemin, ( léger silence ) j'ai besoin que tu sortes, la personne que j'ai invité ne sait pas tu vis avec moi.
Silence. Cette fois-ci, lourd.
Il repart, bruyamment, je prie intérieurement pour qu'il loupe une marche mais je sais que ça n'a pas marché quand j'entends, moi toujours immobile, la télé nouvellement allumée dans le salon.
— Sale con.
•
Pour dire vrai, même si j'avais prévu de passer chez Taeyong, j'avais fini par déambuler dans les rues de Séoul. Comme si je venais d'arriver en ville, que j'avais des centaines de milliers de lieux qui m'étaient encore inconnus.
J'avais rien de mieux à faire, je ne sais même pas à quelle heure je pourrais rentrer ni à quelle heure, ce soir, j'allais dormir. Si j'étais bien reconnaissant d'une chose envers mon père, c'est qu'aujourd'hui, on est vendredi et que demain, c'est samedi.
Peut être que la femme qu'il avait invité allait rester jusqu'à demain, tout le weekend, qui sait. Ce que je sais, c'est qu'il allait m'envoyer un message pour me dire quand est ce que je pourrais revenir.
Je vis chez lui quand ça lui chante et il se sent pas responsable car j'ai été le premier à ne plus rentrer le soir.
Je me suis posé au niveau d'un abribus, pas très loin d'une supérette fermée et de la devanture d'un bar lui, par contre, ouvert. Les néons scintillent sous mes yeux, ils sont devenus légèrement flous quand des gouttes ont fini par descendre du ciel. Le clapotis m'a un instant satisfait quand je me suis mis à l'entendre murmurer en mélodie contre le plexiglas des verres.
J'étais déjà à moitié trempé, il commençait à faire chaud dehors, et j'étais sortie sans manteaux, une veste en tissu sur le dos, une capuche trop grande sur ma tête. J'avais le bas trempé, le haut frigorifié.
Et, surtout, je me sentais stupide.
Stupide de ne pas avoir d'endroit où, réellement, m'habritait. J'allais quand même pas passer la nuit dehors, si ?
J'ai hésité, seulement quelques secondes avant d'envoyer un message à Jeno. S'il répond pas, c'est qu'il dort. Et dans ce cas, je supprimerai le message, dans quelques heures, pour ne pas l'inquiéter.
| Tu dors ?
Ça en est presque grisant, quand, au beau milieu du bruit de la pluie, mon téléphone se met à sonner presque immédiatement. Ça m'arrache un frisson, je ne sais pas si c'est de froid ou de surprise.
Est-ce qu'il dormait pas ? Je place mon téléphone sous mon oreille, même sans haut parleur, j'entends à sa voix que si, il était endormi.
— T'es où ?
On entends la pluie en fond, je le sais, sinon il n'aurait pas ajouté :
— Jaemin me dis pas que t'es dehors ?
Je souris, des fils qui tirent les deux bouts de mes lèvres. Les néons du bar éclairent les passants qui se pressent sous la pluie, il est une heure, presque tout le monde est rentré.
— Je peux venir chez toi ?
Jeno s'agite derrière l'appareil, il me crie presque aux oreilles.
— Pourquoi t'es dehors ?! Jaemin, serieux... Sinon, oui évidemment que tu peux...
Je m'empresse aussitôt de sortir de sous mon abris éphémère, ma capuche dressée un peu mieux au-dessus de ma tête. Je cache mon portable contre mon cou afin d'écouter les derniers mots qu'il me dit avant de raccrocher.
— Passe par la porte d'entrée, il n'y a pas mes parents.
Mon portable rangé dans la poche de mon haut, certain qu'il finira trempé de toute manière, je me mets à courir en direction de chez Jeno.
Peut être que j'ai fait exprès de m'arrêter proche de chez lui. Que je n'ai qu'à faire quelques centaines de mètres en courant comme un dérangé sous la pluie, à griller quelques feux rouges, de toute manière, y'a pas de voitures ni de type pour me trouver fou.
Arrivé dans son voisinage, je ne prends pas longtemps à trouver son portail. C'est l'une des seules maisons où on peut voir les lumières allumées de l'extérieur.
Les rideaux fermés, je ne vois pas la silhouette de Jeno mais je sais qu'il m'a vu quand le portail s'ouvre dans un roulement électrique.
J'ai pas vraiment le temps de traverser son allée, qu'il a déjà ouvert la porte en grand. La lumière de l'intérieur qui vient lécher l'obscurité de dehors, éclairé les gouttes qui tombent sur ma tête et sur le devant de sa porte en cascade.
Il me pousse vers l'entrée et referme aussitôt derrière moi, ses yeux qui passent affolé du haut de mon corps à mes godasses trempées.
Il essaye de garder son calme quand il voit les gouttelettes ruisseler le long de mon visage, le long de mes habits. Même quand ses yeux tombent sur la minuscule flaque d'eau qui commence à se former sous mes pieds, Jeno reste calme.
Il me dévisage, certes, mais il reste calme.
— Tu veux te laver ?
J'hausse les épaules, pour être honnête, je pense que je suis déjà assez "laver" comme ça.
— Je t'amène des vêtements attends...
Et, il se retourne en trottinant jusqu'à sa chambre. En essayant de bouger le moins possible, je me cale dans un coin de l'entrée en y restant immobile. Jeno revient rapidement, une serviette et une poignée de vêtements entre les mains.
Il se place face à moi, rieur de ma posture, je suis sûr que je ressemble à un chat de gouttière. J'espère qu'au-delà d'être affreusement trempé j'avais cet air de chat "mignon".
— Enlève ça...
Il pose ses doigts sur la fermeture de ma veste qu'il tire vers le bas, je le regarde faire, ses yeux concentré à me déshabiller et les miens posé dans les siens.
Quand il voit que je ne retire pas mon bras de la manche qu'il essaye de m'enlever, il remonte enfin son visage vers moi, un sourcil levé. Il prend quelques secondes pour lire mon expression.
— Il n'y a personne t'inquiète pas.
— Ouais... Ouais...
Je l'écoute, le laisse m'aider à m'enlever un à un chaque vêtement. Je me retiens de claquer des dents quand je me retrouve torse nu et en caleçon face à lui et au beau milieu de son hall d'entrée.
Quand Jeno me passe un jogging et que je l'enfile, je remarqué seulement maintenant qu'il a l'air épuisé et que ses yeux fatigués, ils sont très légèrement cernés.
Il passe la serviette à l'arrière de ma tête, ses yeux sont plongés dans les miens quand il commence à frotter le tissu contre mes cheveux.
Son visage proche du mien, sans prévenir, il en profite pour déposer un léger bisou sur mes lèvres, souriant d'une victoire que je ne comprends pas.
Je ne vais pas m'en plaindre non plus...
Satisfait au bout de quelques minutes à essayer de me sécher les cheveux, il finit par me faire revêtir un haut à manches longues.
— On va dormir.
Silencieusement, je lui fais juste un signe de tête. Il me pousse vers les escaliers alors qu'il éteint au fur et à mesure que l'on avance les lumières de sa maison.
Je m'installe sur son lit, loin d'être gêné. Jeno appuie sur son interrupteur pour faire taire l'ampoule avant de s'installer à côté de moi dans un soupir d'aise.
— Bonne nuit.
Je murmure, tourné vers sa silhouette, lui qui s'installe, qui se couche aussitôt, sa tête posée sur son coussin.
Il ne me répond rien d'oral, sa voix part dans de légères notes graves quand il râle dans un grognement. C'est mon cœur qui s'affole quand je sens ses bras encercler ma taille et me tirer à lui.
Vers lui.
Tout contre lui.
— Humm...
Dans un sourire timide, je glisse mes mains jusqu'aux siennes qui m'enferment.
— Merci.
Je voulais le dire. J'avais besoin de le dire.
Il resserre l'emprise qu'il a sur moi, ses lèvres viennent chatouiller ma nuque quand il me susurre tout contre mon oreille,...
— Je t'aime.
...,qu'il m'aime.
___☀︎︎___
J'ai mon CT de botanique demain(fin aujourd'huidu coup) ... Mais j'ai préféré écrire jusqu'à 00h...
Force à moi...
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