𝟎𝟎𝟒.
𝐶ℎ𝑎𝑝𝑖𝑡𝑟𝑒 4 - 𝑇𝑜𝑢𝑐ℎ𝑒𝑟
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Aenemys Velaryon
Aenemys s'observa dans le grand miroir qui se trouvait dans sa chambre, les mains dans ses cheveux, hésitant à les détacher. Elle finit par choisir l'option : abandon du chignon. Elle ne savait pas trop pourquoi. Apparemment quand ses longs cheveux argentés frisés étaient détachés, elle faisait encore plus Velaryon. Ne lui demandez pas la raison. Elle l'ignorait. C'était juste ce qu'on lui avait déjà dit. Et surtout, elle ressemblait plus à son père comme cela. C'était sans doute pour cela qu'elle les attachait aussi souvent, mais garder prisonnière une tignasse pareille constamment n'était pas possible.
Elle poussa un soupire et repassa du plat de sa main les pans de sa robe et quitta ses appartements. Rhaenyra ne l'avait pas rejointe, peut-être s'étaient-elles ratées quand Aenemys étaient dans les appartements de la reine ou alors cela lui était complètement sorti de la tête. C'était fort possible. Rhaenyra n'en faisait toujours qu'à sa tête. Elle avait voulu saluer son oncle après sa visite dans la chambre de sa tante mais il n'était pas non plus dans sa chambre. Tout le monde était introuvable !
Tout le monde sauf lui. Le prince Daemon. Elle l'avait croisée alors qu'il se dirigeait sûrement dans ses propres appartements. La Velaryon avait juste tourné les talons et s'était enfuie avant qu'il ne l'aperçoive. Bien que la sensation qu'on la fixait lorsqu'elle était retournée à sa chambre la poussait à croire qu'il l'avait sûrement vu. Après tout, le prince remarquait tout. C'était quelqu'un de très - de trop - observateur.
Le soleil, qui rendait les jardins plus beaux encore que d'ordinaire, et la brise légère avaient poussé Aenemys à sortir. Après tout, même quand le temps n'était pas des plus radieux, la Velaryon appréciait l'air libre. Elle n'était pas faite pour vivre cloisonner entre quatre murs à longueur de journée. Si elle restait dans sa chambre lors de journée radieuse comme celle-ci c'était vraiment qu'elle souhaitait être seule. Sinon elle adorait être dehors. Elle aimait même trop être en extérieur.
Des fois, la vie au château, pourtant simple pour elle, l'étouffait. Plus elle grandissait, plus elle ressentait cette pression. Elle se sentait comme un animal en cage. Un animal en cage qui attendait que son maître l'offre à l'acheteur le plus généreux.
"Aenemys !"
En entendant son prénom résonner dans le couloir, la jeune femme fit volte face. Un sourire illumina son visage alors que l'homme qui l'avait interpellé s'avancer vers elle à grand pas.
"Oncle Corlys !"
Il poussa un rire les bras grand ouverts avant d'étreindre chaleureusement sa nièce. "Que je suis content de te voir !" s'exclama-t-il, un sourire dessinant tout son visage.
Aenemys appréciait cela. Son oncle n'était pas quelqu'un de grincheux mais n'était pas très expressif au niveau des émotions positives alors le voir avec un si grand sourire était chose rare. En fait, le voir tout court ces derniers temps était chose rare.
Corlys Velaryon avait un siège au conseil restreint du roi, à Port-Réal, mais il en restait le Seigneur des Marées. Il faisait donc des allers-retour entre ses deux sièges. Marée Haute sur l'île de Lamarck et le Donjon Rouge sur la Colline D'Aegon. Son poste, bien qu'important, ne demandait pas sa présence constante à la capitale mais au moins quand celui-ci y prenait place il séjournait toujours sur une période d'au moins quelques semaines au Donjon Rouge.
Avant aujourd'hui, cela faisait sept ou huit lunes qu'elle ne l'avait pas vu. Ce n'était pas si long quand on comparait le temps pendant lequel elle avait déjà été sans nouvelle dans sa famille, mais au contraire de son père, Aenemys appréciait son oncle et aimait le voir. Même si à la longue, cela pouvait parfois devenir compliqué. Les Velaryon, et surtout les hommes - plus précisément Corlys et Vaemond -, pouvaient avoir de mauvais caractères.
"Qu'est-ce que tu as grandis." Non, pas plus que la dernière fois, mais il lui sortait toujours ces mots. "Tu es une vraie femme maintenant." Phrase qu'Aenemys interprétait par «Il est plus que temps de te marier.»
La nièce du Serpent de Mer se contenta de garder son sourire plaqué au visage. "Vous restez longtemps à Port-Réal mon oncle ?" finit-elle par demander pour briser le silence qui commençait à s'installer.
"Je ne sais pas encore, mais à peine viens-je d'arriver que tu veux me voir partir ?"
Aenemys secoua la tête. "Bien au contraire. Je suis ravie de votre présence mais vous finissez toujours par nous quitter malheureusement. Je me demandais quelle serait la longueur de votre séjour à la capitale cette fois-ci."
"Une chose est sûre, je ne compte pas repartir avant la naissance du nouvel héritier."
Elle hocha la tête avant d'arquer un sourcil affichant un air espiègle sur le visage. "Héritier qui peut arriver à tout moment. J'espère que vous resterez plus que quelques jours" plaisanta Aenemys.
"Ne t'en fais pas. Ta tante et tes cousins vont eux aussi venir me rejoindre à Port-Réal. Ils arrivent demain assez tôt pour les festivités."
"C'est une excellente nouvelle !" Aenemys était ravi. Cela faisait des années qu'elle n'avait pas vu sa tante et ses cousins.
Elle se souvenait que, petite, elle idolâtrait, sa tante, Rhaenys Targaryen. Elle voulait être comme elle. C'était une femme de caractère que les gens respectait bien qu'on pouvait essayer de la tourner au ridicule avec ce surnom stupide. «La reine qui ne le Fut Jamais.»
Sa tante lui répétait que c'était plutôt flatteur. Qu'un homme essayait de vous rabaisser seulement quand il craignait qu'une femme soit plus respectée que lui. Cela voulait dire qu'elle représentait une menace à leurs yeux. Aenemys ne savait pas vraiment si c'était vrai. Elle soupçonnait la princesse Rhaenys de lui avoir dit cela seulement pour chasser ses contrariétés quand des gens utilisait ce surnom pour nommer sa tante.
Elle était aussi très attentionnée et avait toujours été gentille avec elle. C'était aussi pour cela qu'Aenemys l'affectionnait tant. Elle était plus pressée à présent de revoir sa famille que d'assister à ce tournoi futile. Elle se demandait à quoi ressemblaient ses cousins maintenant. Ils devaient avoir onze et douze ans à ce jour. Cette pensée lui comprima le cœur au point que ça la fit physiquement souffrir.
Pourquoi avait-elle passé tant d'années éloignée de sa famille ? Quelle était la véritable raison à tout ça ? C'était la conséquence du chagrin de son père mais qui s'était soucié de son chagrin à elle ? Allait-elle être punie encore longtemps pour quelque chose dont elle n'était pas responsable ? Il ne se souciait tellement peu d'elle qu'il n'essayait même pas de la marier. D'ordinaire cette pensée pourrait la faire sauter de joie, mais là tout ce que cela lui reflétait elle qu'elle ne représentait rien. Qu'elle n'était rien.
D'ailleurs, la Velaryon nota que son oncle n'avait pas mentionné son propre frère. Serait-il présent demain ? Arriverait-il aux côtés de sa tante et de ses cousins ? Et surtout est-ce qu'elle le voudrait ? Elle ne le savait pas. Elle préférait ne s'attendre à rien.
"Je dois malheureusement me soustraire à ta compagnie ma chère nièce mais viens partager le repas avec moi ce soir."
Corlys avait vu dans le regard de la jeune fille qui s'était perdu dans le vide que ses anciens démons venaient de la rattraper. Il se doutait que tous ceux là étaient causés par son stupide frère. Lui, il ne pouvait rien faire, à part limiter la casse. Il avait sorti sa nièce de ses pensées qui hocha la tête, un éternel sourire au lèvre. Elle n'était pas du genre à se laisser abattre.
"Ça serait avec plaisir."
Comme elle s'en doutait, Corlys était pressé. Aenemys avait déduit cela à plusieurs choses. Il ne lui avait pas proposé de discuter en marchant comme il le faisait d'ordinaire en lui proposant son bras qui plus est et le fait qu'ils soient restés debout dans ce couloir, à la vue de tous. Il avait assez de temps pour avoir un bref échange mais pas assez pour une conversation plus privé donc qu'il soit dans un lieu public n'était pas dérangeant.
Il commença alors à partir, laissant sa nièce qui, à ce moment, le cœur lourd, ne bougea pas. Elle resta là, debout, à regarder son oncle s'éloigner. Elle avait l'impression de se faire abandonner. Encore. Mais elle savait que c'était faux. Il avait des choses à faire. Ils passeraient la soirée ensemble. Elle n'était pas seule. Elle n'était plus seule.
Elle se retourna, prête à partir elle-aussi, mais une voix la retint. "Au fait !" s'exclama son oncle qui s'était arrêté.
Aenemys se retourna, à nouveau, aussi. Qu'allait-il lui dire ? Allait-il parler de son père ? Lui avait-il fait transmettre un message pour elle ? Comme celui qu'il serait présent cette semaine, lui aussi.
"J'ai entendu dire que tu avais échangé avec Daemon Targaryen." Tout l'espoir qu'était apparu sur le visage de la jeune femme s'était envolé aussi vite qu'il était apparut. La déception avait pris place. Mais non, Aenemys refusait de se laisser aller à la négativité. Sa déception se transforma en agacement qu'elle manifesta en soufflant par les narines comme une enfant en colère.
"C'est vrai. Le roi et Rhaenyra étaient au conseil restreint, enfin vous devez le savoir vous y étiez, et la reine se reposant, j'ai accueilli le prince."
Aenemys n'avait pas pu s'empêcher de faire apparaître une pointe d'insolence dans sa voix. Elle ne supportait pas toutes ces questions. Et comment diable tout le château pouvait être au courant de sa discussion avec le prince ? L'espionnait-on ? Elle allait finir par se poser la question. Et surtout pourquoi cela faisait-il autant jaser ? Enfin, si quelqu'un avait entendu la conversation, elle aurait pu comprendre mais, dans leur situation, les gens ne savaient rien à part qu'elle avait parlé avec lui. Était-ce un crime ? Elle allait commencer à le croire.
Corlys étira un sourire qui, cette fois, semblait faux. "Tu es vraiment une brave fille." Merci de le remarquer. "Tu es très serviable auprès de la famille royale." Il marqua une pause. Mais ? "Mais..." Elle leva les yeux au ciel, si peu surprise de la façon dont il avait repris la parole. "Évite de trop t'approcher de cet homme veux-tu ?"
Par les sept enfers, qu'avaient tous les hommes de ce château à ne pas apprécier qu'elle discute avec le prince ? Ils en parlaient comme si un acte de haute trahison allait être commis.
"Ce n'était qu'une simple conversation" dit Aenemys en ricanant. Elle s'était dit qu'en montrant qu'elle prenait la situation à la légère cela décrisperait son oncle mais ce n'eut pas l'effet escompté. L'atmosphère ne se détendit pas comme elle l'avait espérée.
"Rien n'est jamais qu'une simple chose avec Daemon Targaryen. Méfie toi de lui. Je n'apprécie pas sa personne."
"Je ne l'aurais pas deviné" marmonna, entre ses dents, Aenemys à elle-même pour ne pas que ses paroles atteignent les oreilles de son oncle.
Le Serpent de Mer lui fit un petit sourire et lui adressa un signe de tête avant d'enfin s'en aller. La situation l'avait vraiment mise mal à l'aise. Si elle croisait de nouveau le prince, elle ne manquerait pas de lui demander s'il avait quelque chose à lui partager qu'elle ne savait pas déjà.
Aenemys poussa un soupir. Drôle de journée décidément. Il fallait qu'elle reprenne son chemin mais, avec tout ça, elle ne savait même plus où elle comptait aller au départ. Elle prit quelques secondes pour faire le vide dans sa tête. Les jardins !
L'extérieur. L'air libre et frais. C'était cela son objectif. Il fallait vraiment qu'elle sorte avant d'étouffer. Elle amorça un pas un rire résonna dans le couloir jusqu'à elle, lui provoquant des frissons le longs de sa colonne vertébrale. Son rire.
Aenemys ne put s'empêcher de sourire. Cela avait été plus fort qu'elle. C'était comme une réaction chimique à la rencontre de son rire et de son tympan. Elle effaça son sourire, arborant un air ennuyeux sur son visage, avant de se retourner.
Elle observa le prince Daemon qui quittait un coin d'ombre dans lequel il se trouvait. Il était là, appuyé sur le mur, à une intersection, invisible aux yeux de tous, et elle ne savait ce qu'il avait bien pu entendre.
"Et bien. Ton oncle m'aime encore moins que ce que je pensais" dit-il faussement préoccupé. Il n'en avait que faire de l'affection que pouvait lui porter Lord Corlys Velaryon mais cela le faisait bien rire qu'il ai parlé de lui.
"Mais d'où sortez vous comme cela ? Nous avez-vous écouté ?" s'indigna Aenemys.
"Je passais par là et je vous ai entendu parler. C'est vous qui avez choisi un couloir public."
Aenemys croisa les bras en dessous de sa poitrine, prenant une posture déhanchée, et inclina sobrement sa tête sur le côté, sans lâcher le prince du regard.
"Et vous vous êtes arrêtés là jusqu'à la fin de cette fameuse conversation. On appelle ça épier les gens" lui signala-t-elle ce qui le fit sourire. "Un homme aussi intelligent que vous prétendez l'être devrait le savoir."
"Je ne prétends rien. Tu me trouves donc intelligent ?" Son regard se fit plus rusé. plus joueur. Il jouait. A nouveau. Et avec elle. Elle était son nouveau jeu. Elle était son jeu préféré.
"Vous trouvez-vous bête ?" lui demanda-t-elle le plus sérieusement possible.
"Non." Il répondit curieux de là où Aenemys allait amener la conversation.
"Pensez vous être intelligent ?"
Il eut un ricanement. Il se tint le poignet, ses bras le long de son corps. Il se tenait de la même façon qu'il lui répondit : nonchalamment. "Plus que la moitié des occupants de ce château si on cumulait leur vivacité d'esprit."
"Vous êtes donc comme tout le monde le sait prétentieux. Plus encore que je ne le croyais." Elle avait ajouté cette phrase en marmonnant volontairement sachant très bien que le prince entendrait quand même ses paroles. "Et vous vous prétendez donc être intelligent." Son air arrogant, la Velaryon avait une terrible envie de le faire disparaître de son visage.
"Et toi, tu prétends que je suis prétentieux."
"Non, j'affirme que votre arrogance n'a d'égal que votre.." Aenemys avait répondu directement, laissant à peine le temps au Targaryen de finir sa phrase mais cette fois c'était elle qui ne finit pas sa phrase. Que comptait-elle répondre ? Elle s'arrêta avant de dire quelque chose qu'elle regretterait de laisser sortir de sa bouche.
"Ma quoi ?" L'homme avait arqué les sourcils, curieux, arborant toujours son sourire qui s'était agrandi. Il savait que la réponse pourrait lui plaire, sinon la jeune femme qui se tenait face à lui aurait finit sa phrase.
"Votre façon d'être insupportable et croyez-moi, vous l'êtes." Elle détourna le regard un instant ayant besoin de reprendre un peu de contenance qui s'était mystérieusement envolée quand elle s'était rendue compte qu'elle avait failli lui avouer qu'il ne la laissait pas indifférente.
Même s'il l'avait remarqué, un tel aveu sorti de sa bouche se serait retourné contre elle et, cela lui aurait donné l'opportunité de lui ressortir ses propres propos à toutes les occasions possibles.
Daemon étira un sourire. Il n'était pas dupe. "Ça, c'est toi qui le dis."
"Je suis sûre que ce ne doit pas être si difficile de trouver quelqu'un partageant le même avis, au vu de l'unanimité que vous faites chez les gens."
Il pouffa avant de la regarder, surpris les sourcil haussé, les mains devant lui, se tenant le poignet. Son regard perçant sur elle, la fit se sentir gênée. Elle se redressa, gigotant légèrement, et abandonnant sa posture nonchalante.
Elle avait l'impression qu'il essayait de percer tous les mystères de son âme. Pourquoi diable était-il soudainement si silencieux, lui qui avait toujours quelque chose à répondre d'ordinaire ?
A la scruter de la sorte, il était en train de la décontenancer. Elle ne pouvait pas se le permettre alors elle décida d'attaquer. Après tout, tout cela n'était qu'un jeu. Leur jeu.
"Le choc que vous arborez est-il du fait que pour la première fois de votre vie quelqu'un vous tienne tête, que j'ai raison, encore une fois en plus, ou juste au fait que je ne bats pas des cils devant vous en plus d'arriver à faire des phrases composées de plus cinq mots au contraire de beaucoup de femme de la cour."
En voyant un brun de stupeur apparaître sur le visage du Targaryen, Aenemys afficha un sourire fière. Le regard de l'homme se fit plus pétillant. Il aimait autant qu'il pouvait détester qu'on lui tienne tête. Elle le sentait.
Elle était une bonne adversaire et une compagnon de jeu qui dépasserait peut-être ses espérances. Il ouvrit entrouvrit les lèvres mais ne dit rien. Non il ne pouvait pas juste sortir son audace habituel. Il lui fallait plus.
Aenemys avait bien conscience qu'il n'avait pas, plus rien à répondre. Bien au contraire. Il répondrait. Plus fort, plus piquant, plus provoquant, plus tout. Il répondrait toujours plus. Mais elle ne lui laisserait pas cette opportunité juste pour avoir, au moins un instant, la victoire.
"A moins que vous ayez un problème qui pousse votre visage à se figer de la sorte. Sur ce, je vous laisse vous et votre intelligence supérieur à l'addition de celle de plus de la moitié des gens de la cour."
Elle, le menton levé, l'air hautain, tourna les talons et fit un signe de main avant de reprendre son chemin. Savourant sa victoire. Elle avait eu le dernier mot, alors pour elle c'était une victoire. Enfin, c'était ce qu'il lui avait laissé croire.
Elle ne fit qu'un pas avant d'être arrêtée, une main lui saisissant le bras. Une poigne ferme s'était refermée sur elle.
"Non je refuse d'être expédiée loin de ma famille !" hurla-t-elle.
Elle se retourna et partit mais son père lui attrapa violemment le bras, d'une poigne dure avant de la retourner brusquement vers elle.
"TU N'AS PAS TON MOT A DIRE. JE SUIS TON PÈRE, C'EST MOI QUI DÉCIDE ET CE N'EST PAS UNE MORVEUSE DE SEPT ANS QUI VA ME CRIER DESSUS."
La remémoration d'un souvenir. Un horrible souvenir. Voilà ce qui s'était produit à son contact. La déconnectant de la réalité. Sans parler du fait qu'elle n'appréciait guère les personnes, se croyant tout permis, se permettant de toucher les autres sans leur consentement - chose assez contradictoire avec le fait qu'elle était une personne très tactile -, et qu'elle était loin d'apprécier le fait qu'on lui barre la route - elle était un être libre qui allait bon où il lui semblait -, la dernière personne à lui avoir saisit le bras de la sorte avait été sa brute de père.
Elle fit volte-face agressivement dans la seconde, essayant de se défaire de cette emprise, hargneusement. Le prince fut surpris par cette réaction mais ne le montra pas. Il resta de marbre même, quand, il aperçut, l'espace d'un instant, de la panique dans le regard de la jeune femme.
Il ne la lâcha pas pour autant, attendant que celle-ci se calme. Il regarda son visage essayant de capter son regard qui était aussi agité qu'elle. Aenemys planta alors son regard noir dans celui du Prince et son souffle se coupa. Elle arrêta de se tortiller dans tous les sens.
Daemon avait attendu ce moment, ayant deviné qu'elle finirait par l'incendier de ses prunelles marrons. Elle s'était arrêtée et vit le calme revenir dans son regard. Ce n'était que lui. Ce n'était que lui.
Son cœur battait à la chamade alors qu'elle se perdit dans l'océan violet du regard du prince. Elle s'apaisa aussitôt, prenant conscience du moment d'égarement, qui n'avait duré que le temps d'une minute, auquel elle avait été prise.
Ce n'était que lui.
Cette pensée lui apportait une certaine sérénité, pour la simple et bonne raison que, indépendamment de sa volonté, elle se sentait en sécurité à ses côtés.
Elle baissa les yeux sur sa main sur son bras et aussi ferme qu'était sa prise, elle n'y décelait aucune rudesse. Il y avait même quelque chose de... délicat dans un sens. Naturellement, du même bras qu'il tenait, Aenemys posa la paume de sa main sur le torse de l'homme qui se trouvait en face d'elle. Ce fut en faisant ce geste, comme si sa peau avait été attirée par le tissu qui l'empêchait de rentrer en contact avec celle de Daemon, qu'elle se rendit compte de la distance qu'il y avait - ou plutôt - qu'il n'y avait pas entre eux.
Daemon avait tiré sur le bras de la Velaryon au même moment où elle avait fait volte-face, créant une forte proximité entre leur deux corps presque collés l'un à l'autre. Aenemys releva ses iris vers le visage du prince.
Dans ce silence, la plus jeune était sûre que quiconque passant dans ce couloir pourrait entendre son cœur battre à la chamade comme s'il allait sortir de sa poitrine. Leurs regards étaient comme aimantés, aucun n'arrivant à le décrocher de celui de l'autre.
Aenemys avait repris la totalité de ses esprits et se rendit bien compte de la situation assez embarrassante dans laquelle elle venait de se mettre. Le Targaryen n'avait pas compris comment les choses avaient pu passer d'un extrême à l'autre mais il était sûr d'une chose : quelque chose lui échappait visiblement.
Elle s'humecta les lèvres, réfléchissant à comment elle pourrait faire retrouver à la situation sa légèreté d'il y a quelques instants. C'est alors tout naturellement qu'elle fut celle qui reprit la parole en première
"Je vous préviens, je n'hésiterai aucunement à vous frapper si vous ne me lâchez pas dans les secondes qui suivent." Elle avait dit ces mots du bout des lèvres, incertaine. Comme si, si elle parlait trop fort, elle casserait quelque chose.
Elle ne voulait tout simplement pas éclater la bulle qui s'était formée autour d'eux.
Cette menace n'effraya en rien le prince. Cela le fit même ricaner. "Oh je n'en doute pas une seule seconde au vu du trou que vous avez essayé de faire dans ma main ce matin."
Pourtant, il finit par lâcher. Sa main se décolla du torse du Targaryen tandis que celle de ce dernier glissa jusqu'à son coude avant de couper définitivement tout contact physique entre eux. Aenemys laissa alors son bras retomber le long de son corps.
La conversation avait repris son cours comme si les dernières minutes n'avaient pas existé. L'atmosphère redevint frivole comme les mots qu'ils s'échangeaient.
La Velaryon eut un sourire en coin quant à la réponse de l'homme. "Et je ne me loupe pas souvent.." souffla-t-elle, ce qui provoqua un nouvel éclat de rire chez le prince.
Aenemys pouffa à son tour en réaction. Elle ne savait comment les choses avaient évolué de la sorte. Elle ne maîtrisait rien aux événements. Le fait d'être si à l'aise avec le prince l'étonnait elle-même. Mais c'était agréable. Agréable de savoir qu'on détournait une situation pesante sans que cela ne change quoi que ce soit et que la personne ne vous pose des questions, qu'elle se contente juste de suivre le courant.
"Je savais bien que tu ne resterais pas indifférente encore bien longtemps."
Ces quelques mots auraient fait rougir n'importe femme, sans aucun doute. Aenemys se contenta de rouler des yeux. Cette façon qu'elle avait de faire ça, feindre l'agacement, l'ennui ou encore l'indifférence, stimulait au plus au point le Targaryen.
"La possibilité que je me sois fait rire toute seule ne vous a pas effleuré ?"
"Cela serait prétentieux."
Elle l'observa du coin de l'œil avant d'étirer un sourire. "Je n'ai jamais dit ne pas l'être."
La jeune femme recula de deux pas remettant une certaine distance entre son interlocuteur et elle. Elle se tourna vers le couloir vide. Observant, le peu qu'elle pouvait apercevoir, des jardins, qui pouvaient être rejoint, au bout de celui-ci. Tout dans sa posture laissait croire qu'elle s'apprêtait à partir. Encore.
Cette image contraria le prince mais au vu de ce qu'il venait de se passer, il ne retenterait pas l'expérience de la retenir une nouvelle fois. Non par peur d'être frappée par la Velaryon. une femme qui vous gifle pouvait être très excitant à ses yeux.
Cependant, elle ne bougea pas. Comme si elle attendait quelque chose.
Elle tourna la tête vers lui. Elle semblait hésiter sur quelque chose. Elle releva le menton pour se donner ce côté de femme fière alors que ses paroles allaient aller en contradiction de son attitude.
"Normalement on propose son bras."
Il ne voulait pas la laisser tranquille ? Très bien. Mais elle ne changerait pas ses plans et il devrait la suivre. Elle lui faisait comprendre qu'elle acceptait sa présence à ses côtés. Alors qu'en vérité, elle ne voulait pas qu'il la laisse tranquille.
Il la regarda un instant pendant qu'elle semblait perdre patience. Non ce n'était pas ça. Elle était nerveuse. Nerveuse, après cette proposition officieuse, qu'il refuse. Son égo en prendrait un coup.
Au stade où elle en était, elle préféra être fidèle à elle-même et être des plus directes.
"Quand on veut tenir compagnie à une jeune femme, on lui propose son bras pour aller se balader."
Il cacha à peine son air narquois. Bien qu'il fit un effort pour ne pas afficher un sourire mi-moqueur, mi-vainqueur, Aenemys remarqua le coin de ses lèvres se retrousser. Il ne lui fallu qu'un grand pas pour arriver à hauteur de la jeune femme et il lui proposa alors son bras.
"Que c'est aimable à vous" se moqua Aenemys qu'il fasse sagement ce qu'elle lui avait dicté.
Alors qu'elle s'apprêtait à passer son bras autour de celui du Targaryen, elle arrêta son geste, ses doigts à quelques centimètres du tissu de la chemise de ce dernier, puis posa son regard sur lui.
"Ne vous faites pas d'illusion. Je m'ennuie et vous m'amusez aussi. Avoir le dernier mot est très divertissant. Cela ne veut pas dire que j'apprécie votre présence."
Elle finit par poser avec précaution sa main sur l'avant-bras du Prince comme si elle pouvait s'y blesser. Elle finit par faire glisser sa main sur la largeur de celui-ci et passa son bras autour de celui de l'oncle de sa meilleure amie.
Daemon la regarda faire et attendit que le jeune femme soit aller au bout de son action et de sa phrase pour lui répondre, son éternel air narquois sur le visage. "Tu viens de décrire exactement ce que je ressens étant donné que c'est moi qui ai toujours le dernier mot."
Elle leva les yeux au ciel en ricanant avant de secouer la tête. Il avait toujours le dernier mot ? C'était ce qu'ils allaient voir.
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