• chapitre 35
— J'ai pas envie que tu partes…
Minho se serra davantage contre le torse de son petit ami alors que ses doigts se crispaient sur son t-shirt. Les jours passaient trop vite et le séjour touchait à sa fin. Jisung et Sujin devaient repartir le lendemain, leur avion était prévu à dix heures trente et malgré le fait qu'ils n'étaient plus ensemble, ils devaient continuer à se côtoyer au moins le temps du vol jusqu'à Incheon.
— J'ai pas envie de partir non plus. Mais j'ai pas le choix.
Jisung passa une main dans les cheveux de Minho avant d'y déposer un tendre baiser appuyé. L'un comme l'autre ne voulait pas que tout s'arrête brutalement, mais ils n'avaient pas le choix. Ces vacances, aussi idylliques avaient-elles pu être, ne dureraient pas éternellement. Ils avaient passé de bons moments, ils avaient pu se découvrir et vivre les prémices d'une belle histoire d'amour qu'ils ne voulaient pas voir s'arrêter. Ils rêvaient tous les deux d'un retour à Séoul avec la même passion qui les animait.
— Tu crois qu'on pourra se revoir vite ? demanda Minho d'une petite voix.
— Oui, on fera tout pour.
— J'ai peur.
— Tu devrais pas. Je suis sûr que ça ira et qu'on trouvera un moyen de passer du temps ensemble. Et puis ton père a l'air bien plus ouvert maintenant.
Minho lâcha un long et profond soupir et chercha à se blottir un peu plus dans les bras de son copain. Ce dernier raffermit l'étreinte sur son corps. Il devait bien avouer que depuis qu'il avait expliqué à son père qu'il était homosexuel, il avait vu un changement dans son comportement. Ce n'était pas négatif, bien au contraire, il semblait bien plus à l'écoute et attentif à ses besoins ou à ses états d'âme. Minho n'aurait jamais pu imaginer une telle situation, mais il en était ravi. La prochaine étape serait de lui annoncer qu'il avait quelqu'un dans sa vie, et que ce quelqu'un était Jisung. Mais ça n'était pas urgent. Ils pouvaient bien attendre avant de dévoiler leur relation, rien ne pressait.
— Dis-moi… commença Minho.
— Oui ?
— Ta proposition tient toujours ? Pour qu'on habite ensemble plus tard.
Jisung hocha frénétiquement la tête.
— Bien sûr ! Mon appartement est pas immense, mais on pourra toujours trouver mieux avec deux chambres et…
Minho se recula brusquement, les sourcils froncés, une moue déformant ses lèvres.
— Comment ça « deux chambres » ?
Jisung lâcha un faible rire.
— Non mais c'est pas pour qu'on dorme séparément, c'est pour avoir une espace de travail en plus.
— Mouais… J'espère bien.
— Pourquoi ? Tu peux plus te passer de moi ?
Sa voix suave et le petit sourire qui étirait ses lèvres furent suffisants à faire rougir Minho. Il revint contre lui, plaquant son visage brûlant contre son torse afin de dissimuler cette pointe d'embarras qui venait le tirailler.
— J'aime dormir dans tes bras, bredouilla-t-il.
— Moi aussi. Et j'aime quand tu viens m'embrasser en pleine nuit et que…
— Chut, dis rien.
— Ok, je dis rien ! se défendit Jisung en levant une main. Tu es dans le déni, reste dans le déni.
Minho secoua la tête pour chasser les pensées qui s'immisçaient dans son esprit. Il avait beaucoup de mal à se contrôler avec Jisung à ses côtés. Il avait toujours envie de l'embrasser, de le caresser, de sentir ses mains sur son corps et aussi de lui faire du bien. Il adorait quand il se crispait sous son toucher, même s'il était encore maladroit parfois. Constater qu'il lui procurait du plaisir lui donnait un peu plus confiance en lui.
— J'y peux rien si tu me plais beaucoup.
— Comme si moi j'y pouvais quelque chose.
— Non, mais voilà… C'est… J'aime bien te faire ça et…
Minho déglutit, conscient qu'il s'aventurait sur un sujet délicat et dont il avait encore du mal à parler. La sexualité, il pouvait en discuter sans tabou avec ses amis — et surtout avec Chan — mais avec Jisung, c'était encore un peu gênant. Peut-être car il était le principal concerné par la question. Certes, il savait qu'il pouvait tout lui dire, qu'il pouvait lui parler de ses craintes, mais ce n'était pas encore facile de se dévoiler tout entier. Il faisait déjà des efforts surhumains pour oser se montrer nu sous ses yeux alors qu'il était complexé par son apparence, il ne pouvait pas faire valser toutes ses limites en un claquement de doigts.
— Et moi j'aime beaucoup quand tu me fais ça. Mais en fait j'aime tout ce qu'on fait ensemble. Et j'aime aussi que tu sois toi-même avec moi, que tu te forces pas à agir d'une certaine manière juste pour moi.
— Je fais rien que je n'ai pas envie.
— C'est pareil pour moi. Avec toi, je me sens libre. Ça fait vraiment du bien.
Jisung l'enlaça avec plus de force, plus d'amour. Minho entendait son cœur battre la chamade, et il ne put s'empêcher de sourire.
— Je sais pas si j'aurais été capable de me sortir de cette situation avec Sujin si je t'avais pas rencontré. Ou en tout cas, pas si vite.
Minho cligna des yeux à plusieurs reprises. Il releva la tête pour planter son regard dans celui de son petit ami qui reprit :
— Parce que je me suis laissé emporter là-dedans par peur, et toi tu as réussi à faire taire cette peur que j'avais en moi. Que les autres ont installée en moi.
Jisung avait prononcé ces mots d'une voix tremblante et incertaine. Minho en eut la poitrine qui se serra. Il décelait en lui une fragilité palpable, et ce malgré tout le charisme qu'il pouvait dégager. Il avait plusieurs fois vu Jisung fébrile, il s'était même effondré dans ses bras, mais à cet instant, il le vit encore sous un autre jour. Et il était flatté qu'il soit capable de se dévoiler lui aussi.
— J'ai rien fait de spécial. Je pense même que j'ai joué aucun rôle là-dedans.
— Si, plus que tu ne le penses.
— Tu as décidé tout seul d'arrêter ça.
— Oui mais parce que tu étais là. Si je ne t'avais pas rencontré, j'aurais continué à fermer les yeux. Au départ, quand je t'ai vu la première fois, je me suis pas du tout imaginé que ça prendrait cette tournure. J'ai même pas pensé à quoi que ce soit avec toi, tu étais juste le demi-frère de Sujin et c'était tout. Mais ça n'a pas duré longtemps.
Minho laissa un petit rictus s'immiscer aux coins de ses lèvres.
— Comme si j'avais un charme fou, dit-il en levant les yeux au ciel.
— C'est le cas.
Il donna un petit coup de poing dans le torse de Jisung.
— Arrête, on sait très bien que non.
— Le charme c'est pas être hyper sociable, toujours souriant et avoir un physique de rêve. Et de rêve j'entends par là qui correspond aux standards de la société.
— Facile à dire pour quelqu'un qui a tout ça…
Jisung passa l'index sous le menton de son vis-à-vis et il le fixa avant de venir happer sa bouche pour lui donner un tendre baiser. Un peu pris de court, Minho ne parvint pas à y répondre tout de suite. Il lui fallut un petit temps de réaction avant de participer à l'échange qui, au fil des secondes, se fit de moins en moins chaste. Ils ne pouvaient pas se retenir d'être tactiles et en demande une fois qu'ils ne se trouvaient que tous les deux. C'était plus fort que tout, plus fort que la raison. Chaque minute, chaque seconde comptait. S'ils n'en profitaient pas là, alors qu'ils étaient ensemble, quand pourraient-ils le faire ? Ce n'était certainement pas une fois le séjour terminé, une fois qu'ils seraient séparés, qu'ils devaient regretter de ne pas avoir profité de ces instants-là. Ils ne voulaient avoir aucun regret. Minho avait conscience d'avoir brûlé les étapes — de son point de vue — mais il savait qu'il avait fait le bon choix. Écouter ses envies avait été la meilleure décision à prendre. Pour une fois, il s'était autorisé à s'écouter et ces derniers jours avaient été les plus heureux de toute sa vie.
— Tu as pas conscience de l'effet que tu me fais… murmura Jisung entre deux baisers.
— Si, j'en ai une petite idée.
— Alors arrête de croire que t'as pas de charme, parce que je t'assure que pour me mettre dans des états pareils, c'est qu'il est bel et bien là.
— Tu veux me faire rougir ?
— Non, je veux que tu comprennes que tu me plais, que je t'aime vraiment et que ça se contrôle pas.
Minho piqua un fard. Les compliments de Jisung étaient toujours agréables à entendre, mais qu'il dise qu'il l'aimait, ça n'avait pas de prix.
— C'est bien ça, tu veux me faire rougir.
— Tu prendras l'habitude.
— Hm, peut-être pas. Peut-être que je serai toujours choqué le matin quand je me réveillerai dans tes bras. Peut-être que je me dirai toujours « Ce mec canon est mon petit ami, je suis pas en train de rêver et putain qu'est-ce que je l'aime moi aussi ».
Jisung sourit de toutes ses dents et vint à nouveau l'embrasser délicatement. Minho se laissa transporter par ses attentions. Il l'aimait plus que tout, comme il n'avait jamais aimé. Il avait compris pas mal de choses durant ces vacances, sur les autres ou sur lui-même. Il avait vu la vie sous un angle différent, il avait enfin saisi sa chance et il ne regrettait pour rien au monde tout ce qui s'était passé. Ça n'avait pas forcément été facile tout le temps, il s'était fait violence pour se comprendre, pour oser, pour ne plus avoir peur, et il avait encore des craintes bien ancrées en lui. Cependant, il avait les armes pour avancer désormais. Il avait appris qu'il ne pouvait pas toujours tout contrôler, mais il y avait des décisions que lui seul pouvait prendre. Il devait être acteur de son quotidien, plus spectateur comme il avait pu l'être si longtemps. Il s'était souvent effacé, oublié, car il pensait ne pas avoir assez de valeur. Mais il n'était pas mieux ou moins bien qu'un autre. Il était juste différent, et il devait en faire une force. Il avait eu la preuve qu'il pouvait être accepté et aimé, qu'il pouvait être compris sans être jugé.
Même si ses amis lui avaient toujours démontré un soutien sans faille, il avait désormais la certitude que d'autres pouvaient aussi le faire. Que d'autres pouvaient l'apprécier et se soucier de lui, à commencer par son père. Sans Jisung, aurait-il été capable de s'en rendre compte ? Probablement pas. Il avait fait émerger de lui une force et une détermination qu'il ne soupçonnait pas.
Finalement, ils s'étaient aidés à sortir de situations différentes, mais qui les faisaient tout autant souffrir.
— Je t'aime si fort Minho…
Le concerné s'agrippa au t-shirt de son petit ami.
— Je t'aime aussi tellement. Je veux pas être demain.
— Je veux pas non plus, mais je te jure qu'on se reverra vite. Je te jure que je viendrai, peu importe où et quand, je viendrai. Si je dois venir te chercher au lycée, si je dois attendre que tes cours du soir soient terminés, si je dois débarquer au pied de ton immeuble, je viendrai. Je t'aime, t'es mon mec et… Ouais, je sais que c'est bête dit comme ça mais putain je pourrais déplacer des montagnes pour toi.
Minho rit.
— Toujours dans l'exagération.
— Je suis sincère, dit Jisung en lui attrapant le visage en coupe. J'ai jamais été aussi sérieux, et j'exagère même pas. Tu peux trouver ça rapide ou ridicule, mais t'es la seule personne qui me fait ressentir ça. Si j'ai pas peur de te dire tout ça c'est parce que je suis sûr de moi et de mes sentiments.
— Moi aussi je suis sûr de moi. J'ai aucune expérience mais je sais que je t'aime et que je veux que ça dure.
Ils s'enlacèrent encore, s'embrassèrent encore, comme s'il s'agissait de la dernière fois, même s'ils avaient la certitude qu'ils se reverraient très vite. Demain, ils se quitteraient, et ils espéraient que ce ne soit pas pour longtemps. Mais pour l'instant, ils allaient profiter de cette dernière nuit dans les bras l'un de l'autre.
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Hello ☀️
C'était l'avant-dernier chapitre de summer ! On se retrouve bientôt pour la fin... Et un épilogue quand j'aurai le temps (et le courage) de l'écrire 💜
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