Partie 4
C'est la rentrée. Harry m'a convaincu de retourner à Poudlard pendant notre correspondance de ces dernières semaines. Mère a accepté, enfin, elle s'en fiche plutôt. J'ai tellement hâte de le revoir que j'en tremble d'impatience. Aller Draco, reprends toi ! On dirait une adolescente amoureuse. Pathétique. Je me passe le visage sous l'eau, l'essuie et me regarde dans le miroir. Je veux absolument être parfait. Parce que... parce qu'un Malfoy doit toujours être parfait évidement. Pas à cause de Harry. Ou en tout cas pas entièrement.
Aller, Draco, c'est l'heure. Je rassemble rapidement mes affaires et la cage de mon hibou et descends rapidement les escaliers. Je dois aller à la gare. Seul, cette année. Une fois que je me suis assez éloigné du manoir, je transplane jusqu'à la gare King's Cross. Arrivé entre le quai 9 et le 10, je traverse le mur et débarque sur le quai 9 3/4. Automatiquement, mes yeux fouillent la foule de personnes entourant le Poudlard express. Je cherche en vain une touffe de cheveux couleur jais, complètement hirsute, en vain. Au bout d'un moment, je soupire et me résigne à entrer dans le train. Je choisis un compartiment vide dans le fond et range mes affaires dans l'espace fait pour, au dessus des sièges, avant de me laisser tomber sur le siège derrière moi. Je fais basculer ma tête en arrière et ferme les yeux. J'aurais tellement aimé le revoir !
- Draco... dis une voix douce sur ma gauche.
Je rouvre les yeux et tourne la tête en direction de la voix. A cet instant, mon sourire idiot revient, en même temps que ce que je qualifierais de battement affolé d'ailes de papillons dans mon estomac. Harry. Harry et ses yeux si verts. Harry et ses cheveux jamais coiffés. Harry et ses lèvres pleines. Je me relève rapidement, m'avance vers lui mais m'arrête à quelques centimètres de lui, ne sachant trop quoi faire.
- Tu m'as manqué, Draco.
- Euh... oui. dis-je bêtement.
- Je suis content de te voir.
- Moi aussi.
Derrière lui débarquent Granger, Londubat et les deux Weasley, la rouquine me lançant un regard de pure haine, les bras croisés sur sa poitrine horriblement trop visible. Je n'en ai que faire d'elle. Quelle ****, vraiment ! Ça ne fait pas de mal de faire preuve d'un peu plus de décence !
- Malfoy. me salut Granger, Londubat et Weasley en même temps.
Je leur jette à peine un regard, ne daignant pas poser les yeux sur la petite Rouquine-Pot-De-Colle.
- Granger. Weasley. Londubat.
- Zabini et Parkinson ne sont pas venus ? demande Granger avec un sourire polie.
Je recule, à contre cœur, leur permettant ainsi de rentrer et me rassoie.
- Si, ils vont sûrement arriver d'une minute à l'autre. Vous entrez ?
- Euh non merci, nous avons déjà déposé nos affaires dans un autre compartiment, répond Weasley en se passant une main dans ses cheveux couleur feu en jetant un regard en coin à Granger.
Ils se sont enfin décidés à se mettre ensemble ces deux là ? Pas trop tôt, franchement.
- D'accord. A plus.
Londubat, Granger et Weasley s'éloignent mais la Rouquine-Pot-De-Colle reste derrière Harry, le regard encore plus mauvais. Non, mais qu'est-ce qu'elle peut être énervante celle-là quand elle s'y met ! Je lui jette un regard méprisant et Harry semble se rendre compte qu'elle est toujours là. Il se retourne vers elle, lui chuchote quelque chose à l'oreille, elle proteste mais finit par s'en aller au bout d'un moment, non sans m'avoir jeté un regard rempli d'un désir profond de vengeance. Tant mieux, cette année promet de ne pas être trop ennuyeuse alors. Bye bye rouquine. Mon regard triomphant et mon sourire fier n'ont l'air de la rendre que plus furieuse. Bien fait. Elle trouva bien consolation dans les bras d'un autre.
Harry referme la porte du compartiment et se met face à moi. Je ne sais pas quoi dire, quoi faire, comment agir. Il s'assit face à moi, se mordant la lèvre inférieure. Ce geste ne fait que me donner plus envie qu'il se rapproche. S'il pouvait.
- Draco... je suis vraiment content de te revoir.
- Tu l'a déjà dis.
C'est la seule chose que tu as trouvé à dire Draco ? Après les lettres que tu lui as envoyé ? Après ton impatience de le revoir ? De lui parler de tout et n'importe quoi ? De le prendre dans tes bras ? Pathétique !
Mais qu'est-ce que je peux lui dire d'autre ? Les mots se bloquent quand je le regarde.
Alors ferme les yeux !
C'est encore plus idiot ! Trouve autre chose par Merlin !
Embrasse le, alors !
Maintenant ? Comme ça ? Non, il va me prendre pour un fou... Je suis fou de toute façon, me parler à moi-même, non mais !
- Je sais. Mais, je ne sais trop quoi te dire en fait.
- Pourquoi ? dis-je soudain.
Est-ce que je dois vraiment le lui demander ? Je ne l'avais pourtant pas fait via les lettres, alors pourquoi maintenant ? Pour pouvoir voir sa réaction ? La vérité dans ses yeux ? Oui, c'est sûrement ça.
- Pourquoi quoi ?
- Pourquoi m'as tu embrassé avant le procès ?
Ça y est. C'est dit. Je sens mon cœur battre à tout rompre, ma tête devenir plus lourde, les battements d'aile de papillons revenir dans mon estomac, mes mains bouger toutes seules, une chaleur étrange m'envahir... Pourquoi ? Pourquoi est-ce que je me sens comme ça ? Pourquoi suis-je si nerveux à l'idée de connaître la réponse ?
Il baisse la tête et fixe ses mains pendant un moment. Il ouvre la bouche et la referme à plusieurs reprises. Lui aussi à l'air assez nerveux. Puis il relève la tête et me regarde dans les yeux. J'y vois un mélange de nervosité, de résignation et de tristesse. Pourquoi ces sentiments là ?
- Je... Je pense que si je t'ai embrassé c'était parce que... j'en avais envie. J'en avais besoin aussi. Si je l'ai fait c'était pour te donner courage, même si je ne savais pas trop à quoi m'attendre de ta part. Si je t'ai embrassé c'est parce que mon cœur battait la chamade, que tu étais là, devant moi et que mon corps ne voulait plus qu'une chose. Etre près du tien. Si je t'ai embrassé c'était aussi pour te montrer ce que je ressentais depuis un moment. Ce qui me rongeait et me faisait mal au cœur. Ce que j'ai tenté vainement d'enfouir en moi et d'oublier. Ce qui me tuait de l'intérieur.
Un silence désagréable suit ses paroles. Je sais que je suis censé dire quelque chose. Ne serait-ce que pour le rassurer. J'ai envie de lui crier que je ressens la même chose. J'ai envie de le prendre dans mes bras et de pleurer de soulagement. J'ai envie de lui dire que pendant tout ce temps, je n'ai rien dit par peur qu'il me repousse et que ce baiser avait levé un poids sur mon cœur, pas entièrement mais juste assez pour que je continue à espérer. Au lieu de ça, je reste horriblement silencieux. Les mots ne veulent pas sortir. Je lui envoie un regard désolé et il se lève la tête baissée. Je me relève à mon tour pour lui dire qu'il a mal interprété mon regard. Que je veux qu'il reste, près de moi. J'ouvre la bouche mais là encore les mots refusent de sortir. Le regard qu'il me jette avant de franchir la porte est si triste et emplit de déception que je sens mon cœur se serrer affreusement au fond de moi.
Je me rassois lamentablement, le regard fixe sur la place qu'il vient de quitter. Pourquoi ? Pourquoi n'ai-je pas pu lui dire ce que je pensais, ressentais, vivais ? Pourquoi ? Pourquoi ma gorge s'est elle serrée aussi fortement et qu'elle se refusait à sortir les mots qui auraient pu garder Harry ici, près de moi ? Pourquoi ? Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que quelque chose, quelque part au fond de moi vient d'éclater en mille morceaux ? Pourquoi ? Pourquoi est-ce que mes yeux se brouillent-ils de cette manière ? Pourquoi ? Pourquoi est-ce que je sens quelque chose d'humide couler sur mes joues ? Pourquoi par Merlin tout puissant, la chose que je voulais dire à Harry, la chose qui me détruit depuis déjà six mois ne veut pas sortir !?
- Je t'aime...
Je l'ai dit. Enfin. Mais il n'est plus là pour l'entendre...
~~HPDM~~
Les cours ont repris depuis deux semaines déjà. Cette année c'est un peu étrange. En septième année il y a un mélange de sixième années de l'an dernier et de septième année de l'an dernier. Et ce dans toutes les maisons. Les classes sont plus chargées aussi. Oh, et McGonagall a repris le poste de Dumbledore. Je préfère ne pas trop penser à ce dernier. Ça me rappelle trop de mauvais souvenirs. Les élèves me regardent parfois avec crainte, certains avec mépris et d'autres, chose très bizarre, avec admiration. Depuis quand servir feu Voldemort incite à l'admiration ? Les Serpentard et les Gryffondor sont toujours en compétition, comme les années précédentes. Voilà une chose rassurante qui n'a pas changé.
En parlant de Gryffondor, depuis la rentrée, un certain Gryffondor aux cheveux hirsutes et aux lunettes rondes semble éviter mon regard et m'éviter tout court. Enfin, il évite plutôt tout le monde. Je pense que tous ces élèves fascinés par sa personne le gênent. Et pas qu'un peu vu certaines de ses réactions. J'aurais aimé lui parler. J'aurais aimé lui expliquer et lui dire ce que je n'ai pas pu lui dire dans le train. Et puis, il n'a pas l'air bien. Il est vrai qu'il a perdu beaucoup de personnes lors de cette guerre. Notamment Lupin, dernière personne qui semblait le relier encore à sa famille. Je comprends qu'il n'aille pas bien. Moi qui ai perdu Severus, je ne me sens pas mieux. J'aurais tout donné pour aller le prendre de mes bras et le rassurer.
Mon déjeuné ingurgité, je préviens Blaise et Pansy et me lève de table. Ce sont de vrais amis ces deux là, je sais que je peux compter sur eux lorsque j'en ai besoin. Et c'est bien les seuls.
Je me dirige d'un pas lent vers le parc, ce samedi après midi et très ensoleillé pour la saison. Enfin, bon. Les mains dans les poches de ma robe de sorcier, je longe le lac la tête baissée, donnant des coups de pieds à des pierres occasionnellement. Je m'assois sur un banc bordant le lac et relève la tête quand j'entends des chuchotements et des gloussements. Granger et Weasley s'enlacent à l'ombre d'un arbre non loin. Je me disais bien que le trio n'était pas dans la Grande Salle. Mais si ces deux là sont là... où est Harry ? Je fouille les environs du regard puis baisse la tête avec un soupir. Harry m'évite de toute façon, alors à quoi bon le chercher ?
- Draco ?
Je tourne rapidement la tête vers la droite pour rencontrer les deux émeraudes qui font chavirer mon cœur. Il est là, tout près de moi. Comment ai-je fais pour ne pas l'entendre ?
- Harry, dis-je d'une voix rauque.
- Je peux m'asseoir près de toi ?
Je hoche la tête bêtement et il s'assoit à côté de moi, mais avec un espace entre nous. Mon cœur bat la chamade et je sens ma gorge se serrer encore une fois. Comme dans le train. Non, non, NON ! Je ne veux pas ne pas pouvoir dire un mot ! Je ne veux pas qu'il interprète mes réactions de la mauvaise façon ! Je ne veux pas paniquer ! Je ne dois pas paniquer ! Surtout pas ! Aller Draco, calme toi. C'est juste Harry. Et tu l'aimes, non ? Alors calme toi.
Mais je ne peux pas ! C'est la première fois que je ressens ça pour une personne. Et je panique ! Encore !
Prends une grande inspiration, Draco. Et dis-toi qu'il ressent la même chose. Même s'il ne l'a pas dit clairement, il t'aime ! C'est ce qu'il a essayé de te faire comprendre dans le train. Alors respire et calme toi !
- Draco, dit-il sans me regarder, les yeux posés sur le lac, j'ai beaucoup réfléchi ces deux dernières semaines et je comprends que tu ne veuilles pas de moi. Alors...
- Harry...
- ... je me suis dit que peut être, si tu en as envie, bien sûr...
- Harry...
- ...tu accepterais d'être...
- Harry...
- mon ami.
- Non. C'est hors de question !
Il baisse alors la tête, regardant ses mains tremblantes et se relève.
- Bien, c'est pas grave.
Le cœur battant, je me lève et le retiens fermement par le coude.
- C'est hors de question que j'accepte d'être ton ami, pour la simple et bonne raison que... je veux plus que ça.
Je me mords rapidement la lèvre inférieure, ne croyant pas que j'ai réussi à le dire. Il se retourne vers moi et je vois dans ses yeux si verts briller une lueur d'espoir. Je déglutis et poursuis, hésitant.
- Il se trouve que... que je ne parviendrai jamais à être un ami pour toi. Parce que je ressens plus que ça. Parce que... bien avant que je m'en rende vraiment compte... l'an dernier... tu as pris mon cœur. Parce que tes yeux me font chavirer. Parce que des tas de volatiles insupportables me torturent le ventre quand tu es près de moi. Parce que ton baiser m'a rendu fou. Fou du désir de recommencer, encore et encore. Parce que je fais une fixation sur tes cheveux où je rêve de glisser mes doigts. Parce que mon cœur ne me laisse aucun répit et qu'il menace de me faire faire une crise cardiaque à chaque instant. Parce que chaque instant passé près de toi est un supplice et en même temps une bénédiction. Parce que quelque chose a changé en moi. Quelque chose qui m'a enfin obligé à ouvrir les yeux. Parce que... Tout simplement parce que... Parce que je suis tombé amoureux de toi... follement amoureux... de toi...
Son sourire. Jamais je n'aurais cru voir un jour un tel sourire sur son visage. Jamais je n'aurais cru voir un tel soulagement s'y installer. Jamais je n'aurais cru le voir de cette façon illuminé. Il est tout simplement plus beau que jamais.
Et tout ce passe rapidement dans ma tête. Il était là et d'un seul coup, je me retrouve dans ses bras, mes mains dans ses cheveux, les siennes sur ma taille, nous deux, nous embrassons avec une telle fougue, une telle agressivité et en même temps une telle douceur. Et ses yeux... ses yeux, tellement beaux, tellement indescriptibles. Et mon cœur qui bat si fort, si vite, qu'il me fait tellement mal.
Quand nous éloignons nos bouches, il me serre contre lui et je fais de même. Si on m'avait dit, il y a quelques années, qu'un jour, j'embrasserai follement Harry Potter et que je le serrerai fort contre mon cœur hurlant qu'on le laisse sortir... J'aurais directement envoyé cette personne à Ste Mangouste ! Mais c'est pourtant ce qui arrive. Je sens son souffle tiède dans mon cou, son corps chaud contre le mien et enfin, mon cœur s'apaise. Comme s'il était enfin satisfait. Comme s'il m'avait enfin fait passer le message qu'il voulait. C'est peut-être le cas, en fait. Et je ris, je ris comme un idiot. Je ris pour relâcher la tension des dernières semaines. Je ris contre lui, je ris serré entre ses bras rassurant.
~~HPDM~~
Je ne sais pas comment on a fini par se retrouver dans mon lit, dans ma chambre de préfet en chef, quelques jours plus tard, nous embrassant nus l'un contre l'autre, avec une telle fougue. Tout est flou. Mais je m'en fiche. Parce que je suis heureux d'être là. Dans ses bras. Parce que j'ai changé en si peu de temps et que je ne le regrette pas et ne le ferais jamais. Parce que tout ce qui s'est passé m'a permit de trouver enfin le repos. Parce que tout ça m'a permis d'ouvrir les yeux et de voir le bonheur qui se présentait à moi depuis si longtemps.
- Draco...je... je t'aime, me chuchote-t-il au creux de l'oreille.
Je frissonne, le serre contre moi, déposant des tas de baisers dans son cou.
- Je t'aime aussi.
Je ne regrette rien. Parce que j'aime Harry Potter et qu'il m'aime aussi.
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