🏵️ chapitre 13
Chan se réveilla dans les bras de Minho, un faisceau de lumière vive lui arrivait pile dans les yeux et il s'empressa de blottir son visage dans le cou de son partenaire. Ce dernier resserra son emprise sur lui, et un grognement lui échappa. Ils restèrent ainsi quelques minutes avant que Minho ne lui tapote l'épaule pour.
— Hm, encore un peu, marmonna Chan.
— Allez déconne pas, j'dois aller pisser. Avec tout ce qu'on a bu j'ai la vessie qui va exploser.
Mais il n'était pas vraiment décidé à bouger. Il se colla davantage contre Minho, un bras autour de sa taille et la tête sur son torse nu. Nu. Il était complètement nu en réalité. Il écarquilla les yeux quand il remarqua Yamada allongée à leurs côtés. Il se redressa pour capter le regard de Minho tandis que des images un peu brouillées se bousculaient dans son esprit. Il se souvenait de cette soirée, de l'alcool qui coulait à flots, de leurs rires et de leurs petites anecdotes. Puis il y avait eu ces baisers, à trois, avant qu'il ne se glisse entre les cuisses de Minho pour le faire sien, emporté par un désir euphorique.
— T'en fais une tête !
— On a… devant… dit-il avec un mouvement de tête vers leur nouvel acolyte.
Minho lâcha un rire cristallin et ébouriffa les cheveux déjà défaits de Chan.
— T'avais pas l'air aussi perturbé quand tu m'as baisé à côté de lui hier.
Il déglutit et analysa une nouvelle fois Yamada, paisiblement endormi. Il avait l'impression d'avoir totalement omis sa présence la veille tant il avait eu envie de Minho. Et maintenant que l'alcool s'était en partie évaporé, il se sentait gêné d'avoir osé se dévoiler en plein moment intime. Non seulement coucher avec un autre homme était tout nouveau pour lui, mais là il avait la sensation d'aller un peu vite en nouvelles expériences.
— T'étais parfait, t'en fais pas.
Chan cligna des yeux à plusieurs reprises, ses joues s'étaient teintées de rouge. Minho repassa une main dans ses cheveux pour dégager son front des ondulations brunes qui le couvraient, puis il repoussa son partenaire pour s'asseoir sur le lit. Il attrapa ses vêtements éparpillés çà et là et les enfila.
— Vivement qu'on arrive à Sacramento, j'ai besoin d'une bonne douche.
— Moi aussi, je me sens pas très frais.
Chan grimaça. Avec la chaleur, l'alcool qu'il avait ingurgité et cette nuit mouvementée, il ne se montrait pas sous son meilleur jour. Minho vivait comme ça au quotidien, ça ne devait pas être facile. Même si cette vie avait des avantages, elle avait aussi des inconvénients. Certes, il était libre comme l'air, mais l'hygiène et le confort passaient au second plan. Chan se rendit compte qu'il pouvait supporter cela quelque temps, mais pas indéfiniment. Il enviait parfois Minho, mais il n'était pas certain de vouloir échanger de place avec la sienne.
— Si vous avez besoin de passer aux chiottes c'est maintenant, parce qu'après on reprend la route.
— Euh, ouais. J'vais réveiller Yamada.
Minho hocha la tête et quitta le véhicule, toujours sans chaussures aux pieds. Chan secoua la tête, il avait encore du mal à s'habituer à cette manie étrange. Il tira les rideaux en vichy et le soleil emplit le van de sa lumière. D'un geste délicat, il secoua Yamada et ce dernier émergea tout doucement. Il se redressa sur ses coudes, les yeux mi-clos, et observa autour de lui. Il se laissa à nouveau tomber en arrière et posa une main sur son front pour le frotter vigoureusement.
— J'suis décalqué, marmonna-t-il.
— Moi aussi, mais Minho a dit qu'on allait bientôt redémarrer.
— Ah ouais… Bah je vais aller pisser et prendre un café. Tu m'accompagnes ?
Chan acquiesça.
— Avant je vais me rhabiller.
Yamada pouffa de rire.
— C'est mieux, tu risquerais de faire des jaloux, dit-il en pointant l'entrejambe de Chan encore dissimulée sous les draps.
Ce fut assez pour le faire rougir un peu plus. Il détourna le regard et toussa avant de saisir son sous-vêtement qui traînait à proximité. Il l'enfila à la va-vite et se dépêcha de retrouver le reste de ses habits. La remarque de Yamada le flattait, mais il ne s'attendait pas à ce qu'il se montre aussi détendu à ce propos.
— T'es embarrassé ?
D'un bond, Chan se retourna vers son nouveau compagnon de route, les oreilles rouges.
— À quel sujet ?
— Cette nuit.
— Non, c'est… Enfin j'ai pas l'habitude de faire des trucs comme ça. J'suis un peu mal à l'aise, j'espère qu'on t'a pas choqué.
Yamada s'esclaffa. Il se redressa et d'un geste amical il poussa Chan tout en riant.
— Tu plaisantes ! J'ai vraiment aimé vous regarder.
— Hm, d'accord.
Chan passa son t-shirt puis son bermuda en jean. Il n'avait que leurs ébats de cette nuit en tête, et aussi un peu de gêne même s'il ne devait pas. Il ne pouvait s'empêcher de se demander s'il n'avait pas été un peu trop loin. Il adorait tester de nouvelles choses avec Minho, c'était facile de se laisser aller, il n'avait pas peur et ne se posait pas de questions sur le moment. Mais après, il avait toujours quelques craintes. Il allait finir par le quitter, par retourner en Corée et reprendre sa vie d'étudiant lambda avec un avenir tout tracé. Il allait redevenir la fierté de ses parents, leur petit trophée, et il allait sans doute se laisser diriger par eux pour son futur. Un bon travail, une femme, des enfants, un appartement. En fait, le futur n'avait rien de transcendant, il savait ce qui lui arriverait.
— Tu l'aimes ?
À la question de Yamada, son cœur fit un bond dans sa poitrine. Il se figea, un sentiment étrange se souleva en lui.
— Comment ça ? s'indigna-t-il.
— Minho, tu l'aimes ?
— Je… j'en sais rien du tout, avoua-t-il tout bas. Je le connais pas plus que ça et on fait que coucher ensemble.
Yamada soupira.
— Chan, je te connais pas plus que ça non plus mais hier, quand tu lui as fait l'amour, ton regard ne trompait pas.
— On a couché ensemble, je lui ai pas fait l'amour.
Son ton était acerbe, comme s'il voulait juste se débarrasser du problème que son camarade venait de mettre en évidence.
— J'dis pas ça pour te faire chier, c'est juste une question que j'me pose.
— Et j'ai pas de réponse à ta question, désolé.
Soudain, la porte du van s'ouvrit sur Minho, une roulée coincée entre les lèvres. Il tira dessus et expulsa la fumée à l'extérieur du véhicule.
— Vous en faites des têtes ! Vous parliez de quoi ?
Un lourd silence prit place. Chan et Yamada se jetèrent un coup d'œil avant de reporter leur attention sur leur ami.
— Quoi ? J'ai un truc sur la gueule ? demanda-t-il, un sourcil haussé.
— Non ! Rien du tout !
Chan sortit précipitamment du van et Yamada le suivit sans un mot, ils se dirigea vers les sanitaires. Il était tourmenté, une seule question résonnait dans sa tête. Il se demandait s'il aimait réellement Minho. Il appréciait son tempérament et ce qu'il représentait à ses yeux. Il l'admirait pour être ce que lui ne serait jamais. Pour assumer sa vie, ses choix, ses envies. Mais de là à dire qu'il s'agissait d'amour, c'était peut-être un peu trop rapide.
Il se lava les mains distraitement et essaya de faire le vide dans son esprit. Il se rendit dans la supérette pour acheter quelque chose à manger avant de reprendre la route. Peut-être devait-il simplement profiter du moment présent avec Minho et ne pas se laisser submerger par des questions sur l'avenir.
Ils atteignirent la supérette et se dirigèrent vers l'allée des snacks. Chan saisit quelques barres de céréales et ils allèrent se servir un café au distributeur. Alors qu'il attendait son tour, il laissa son regard errer dans la supérette et il observa les gens autour de lui. Des couples qui semblaient heureux, des amis qui riaient ensemble. Tout semblait si ordinaire. C'était comme si la vie qu'il était censé avoir, celle qui n'était pas prévue par ses parents, se trouvait juste là, à portée de main. Il se demanda soudain s'il pouvait avoir ce genre de bonheur avec Minho. Le poids de la responsabilité familiale lui pesait sur les épaules. Il se sentait pris entre deux mondes, entre les attentes de sa famille et ses propres désirs et aspirations.
Alors que Yamada payait les achats, Chan se sentit submergé par une vague de doute et de peur. Une fois à l'extérieur, Yamada posa une main réconfortante sur son épaule.
— Te prends pas la tête,
— Je me prends pas la tête.
— Tant mieux, la vie est trop courte pour ça.
De retour au van, Minho les attendait, un sourire aux lèvres et une autre roulée en main. Il avait l'air insouciant et heureux, bien loin des tourments intérieurs de Chan.
— Alors, vous avez résolu tous les problèmes du monde pendant mon absence ? plaisanta-t-il.
— Non, rien de tout ça. On parlait juste de trucs sans importance.
Minho haussa les épaules et ouvrit la portière du van.
— Magnez vos p'tits culs et montez. On a encore quelques kilomètres avant d'arriver à Sacramento.
Yamada grimpa à l'arrière et Chan côté passager, puis ils reprirent la route. Le soleil brillait à travers les fenêtres, et l'excitation de l'inconnu l'envahissait à nouveau. Découvrir de nouveaux horizons, de nouvelles personnes.
Alors que le van roulait, Chan laissa encore ses pensées divaguer. Il se souvint de sa rencontre avec Minho quelques jours plus tôt, lors de cette fameuse soirée. Et tout s'était enchaîné très vite. Il avait abandonné son cousin, ses envies de surf et l'idée de passer des nuits torrides avec des jeunes femmes à la plastique de rêve. Il avait abandonné ces vacances tant attendues pour s'enfuir avec un inconnu qui ne pensait pas à grand chose à part fumer et s'envoyer en l'air. Il avait envie de savoir ce qui se cachait derrière ce sourire insouciant et cette attitude désinvolte.
Il se tourna vers Minho, assis à côté de lui, et posa une main sur son genou. Il lui lança un rapide coup d'œil, un sourire étira ses lèvres et il augmenta le son de la radio, comme s'il avait deviné que Chan se posait encore des questions à son sujet. Mais il n'avait pas le droit de lui en poser, il en avait fait la promesse. Minho voulait garder une part de mystère, ou peut-être voulait-il dissimuler quelque chose de bien trop profond. Une blessure. Un mal-être.
Le paysage défilait devant eux, les conversations légères reprirent, et le voyage se poursuivit. Chan se sentait à la fois anxieux et excité à l'idée de continuer ce périple imprévu. Il avait toujours été le genre de personne à tout maîtriser, à tout prévoir, mais cette fois-ci quelque chose était différent. Minho avait réussi à éveiller en lui un désir de liberté et d'authenticité, loin des attentes et des contraintes qui pesaient sur lui. Il tourna la tête vers la fenêtre et contempla ce que la nature avait à offrir.
Le trajet passa rapidement, animé par les discussions et les rires, jusqu'à ce qu'ils arrivent aux abords de Sacramento.
— Je dois te déposer où ? demanda Minho en observant Yamada dans le rétroviseur. Parce que c'est pas tout petit Sacramento.
— À une cabine téléphonique. J'vais contacter mon ami et il viendra me chercher. C'est déjà bien sympa de m'avoir accepté dans ton van.
— T'es sûr ? Tu vas pas te perdre ?
Yamada rit.
— Vous inquiétez pas pour moi, je suis arrivée jusqu'ici alors je pense que je peux me débrouiller pour la suite. À moins que tu veuilles pas te séparer de moi.
Minho haussa les épaules, un sourire plaisantin placardé sur le visage.
— Te crois pas si indispensable !
— Avoue que je vais te manquer.
— J'avoue que ça va me manquer de pas t'avoir à côté pendant que Chan et moi on baise.
Il ponctua sa phrase d'un rire franc et amusé, puis il se mit en quête d'une cabine téléphonique, dans un endroit plutôt passant avec des boutiques à proximité. Il se gara à cheval sur un trottoir et Yamada ramassa son sac à dos en toile pour ensuite quitter le véhicule. Chan baissa la vitre pour le saluer une dernière fois.
— Fais attention à toi. Et c'était sympa de t'avoir parmi nous.
— Merci de m'avoir conduit jusqu'ici. Je vous oublierai pas les mecs. Vous êtes géniaux.
Il tapa dans la main de Chan.
— On t'oubliera pas non plus. Tiens, pour te souvenir de nous.
Minho ôta un des bracelets qu'il portait pour le lancer à Yamada. Ce dernier le réceptionna et l'enfila aussitôt. Après des dernières salutations, Minho redémarra.
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