"All monsters are human."

Je marche pendant toute une journée et toute une nuit. Je suis seule, je ne peux pas dormir à découvert. Encore moins sur le territoire du Mount Weather. Je ne sais même pas ce que je cherche réellement. J'erre sans but très précis : peut-être trouver une entrée ? peut-être combattre des Faucheurs ? Je ne sais pas, mais j'avance. 

Je repense beaucoup à TonDC. Je n'ai même pas pris la peine de vérifier l'état du village ou bien le nombre de morts. Je suis partie sans me retourner, une fois encore. Mais cette fois j'arrive à me convaincre que c'est la bonne décision. C'est triste de penser qu'il m'a fallut être témoin de la mort de plus d'une dizaines des miens pour me réveiller et me décider à faire quelque chose de ma triste vie. La haine que j'ai éprouvé à l'égard de Finn a faiblit. Elle est toujours là, au fond de mon cœur, mais je peux vivre avec. Dans tous les cas, il payera pour ce qu'il a fait. On finit toujours par récoler ce que l'on sème. Un crime tel que celui-là ne restera pas impuni. Et si son peuple ignore ce qu'il a commis, nous nous chargerons de venger nos morts nous-même.

Marcher m'aide à réfléchir. Ça fait du bien. Mon esprit divague sur Bellamy. Il m'a montré que la paix entre mon peuple et le sien était une possibilité. On peut s'accepter les uns les autres, nous ne sommes pas si différents en fin de compte. On essaye tous de sauver ce à qui on tient le plus, c'est humain. Si je pouvais avoir quelqu'un à mes côtés maintenant, ce serait bien lui. La façon dont il a parlé à cette fille suspendue à la falaise, les mots choisis pour défendre ses amis et le ton qu'il emploie lorsqu'il s'adresse à moi ... J'aimerai un de ses discours là tout de suite. J'essaye d'imagine ce que lui ferait : par où il commencerait à chercher, et surtout qu'est-ce qu'il chercherait en premier. Et au fond, je sais que lui et moi on pense pareil. 

***

Le soleil va bientôt se coucher. Il va bien falloir que je finisse par me reposer. J'essaye de trouver une grotte ou n'importe quoi pour pouvoir dormir à l'abri. Mais il n'y a aucun recoin ici. 

Alors que je commence à désespérer un petit peu, j'entends "[...] pas sous votre commandement." 

Bellamy. Je m'approche lentement, bien que j'ai envie de me dépêcher de le retrouver, il n'est pas seul. Et je ne connais pas les intentions de ses accompagnateurs. Je me cache derrière un rocher.

"Ne nous oblige pas à employer la manière forte."

"Allons Scott, 47 des nôtres son prisonniers dans cette montagne."

"Et c'est pour ça qu'on est ici."

"Faux." Sa sœur est avec lui, ainsi que trois gardes armés. "Vous êtes ici pour trouver d'autres stations de l'Arche. Nous sommes ici pour trouver nos amis." 

Je ne sais pas quoi faire. Intervenir ou rester cachée. Et si les trois hommes, en me voyant, prennent peur et me tire dessus sans y réfléchir ? Je suis peut-être toujours habillée comme une des leurs, ils vont bien comprendre que ce n'est qu'un déguisement. Mais d'un coup une horde d'insectes commence à s'animer et ils se dirigent tous dans la même direction. Je sais ce que cela signifie, je le sais très bien. On dirait bien que les insectes ont fait leur choix pour moi, je n'ai pas envie de mourir brûlée par de l'acide.

Je sors de ma cachette "Le brouillard !" Ils me regardent tous avec stupéfaction. Les gardes pointent leurs armes sur moi, ils ne savent pas de quoi je parle. Ils ne savent pas qui je suis. Mais Octavia et Bellamy, eux, savent. 

"Baissez vos armes, elle ne nous fera pas de mal." Les trois hommes exécutent l'ordre de Bellamy. Je me rapproche et désigne les cafards qui grouillent au sol.

"Qu'est-ce qu'ils font ?"

"Ils s'enfuient." Et pour saluer sa constatation, le brouillard commence à apparaître. "Le brouillard acide ! Nous devons nous abriter, maintenant !" Ils commencent à s'activer tous les cinq pour déployer des espèces de tentes, mais moi je suis les insectes des yeux.

Ils se dirigent tous au même endroit, sans aucune exception. Je tourne la tête pour suivre leur parcours, et soudain, ils disparaissent. Je m'avance. "Laena ! Laena ! Reviens ici !" Bellamy me rejoins alors que je m'accroupis au sol. Je dégage la mousse et ... le dessous d'une porte. Il y a une porte !

"Il y a quelques chose là-dedans." On commence à dégager la porte métallique de toutes végétations et Bellamy appelle les autres. Le chef des gardes, celui qui parlait tout à l'heure, nous rejoint et aide à ouvrir cette fichue porte. "Dépêchez-vous ! On a plus le temps !" Et la porte se débloque.

Sans réfléchir on s'enfonce dans l'obscurité. "Vite, à l'intérieur !" On appelle les deux hommes restés dehors. L'un d'eux se dépêche, laisse tout en plan et nous rejoint. Mais l'autre est rattrapé par les vapeurs toxiques. Le chef se précipite pour aller chercher son homme, mais heureusement Bellamy le retient de justesse. "Non, c'est trop tard !" Il claque la porte.

Il ne pourrait pas faire plus sombre, heureusement les skaikru ont des lampes. Ils les allument et on reprend tous notre souffle. Bellamy se rapproche de moi, il est inquiet. "Ça va ?" J'acquiesce et le remercie d'un signe de tête. Il me prend par le bras et m'écarte un peu des autres. "Où t'étais ? Je t'ai cherchée mais --"

"Tu m'as cherchée ?"

"Ouais, je.. euh.." Il secoue sa tête pour reprendre ses esprits. "T'es partie en courant et j'avais peur que quelque chose de grave t'arrive."

"Je suis retournée chez moi, c'est tout. J'en avais besoin, tu sais avec toute l'histoire de Lincoln et de TonDC." Il hoche la tête. Je suis un peu surprise qu'il soit parti à ma recherche, à moi. Je pensais qu'ils étaient tous rentrés au Camp Jaha sans vraiment penser à moi. Je suis surprise, agréablement.

"D'ailleurs pour TonDC, faudrait que tu saches que --"

"Allons-y." Nous sommes coupés par un des gardes. Ils commencent à tous avancer, tant pis on discutera après. Qu'est-ce qu'il veut me dire de toute façon ? Qu'il est désolé, encore une fois ? Ça n'a pas d'importance, ce qui est fait est fait. Nous rejoignons les deux gardes et Octavia, qui évite de me regarder. Bellamy me tend une lampe torche à moi aussi. 

Nous avançons dans l'obscurité. Il n'y a pas une seule source de lumière. "Où sommes-nous ?" Il y a des bruits qui proviennent d'un peu partout, comme des rats ou des souris. Je sors mon épée. Je déteste les rongeurs plus que tout. 

"On dirait un garage." En effet, il y a des dizaines et des dizaines de voitures parquées ici. Toutes plus poussiéreuses les unes que les autres. J'éternue.

"Plutôt un tombeau." Ajoute Octavia. Je la regarde, non on dirait bel et bien un garage. Rien de plus, rien de moins. Un vieux garage poussiéreux et abandonné, un garage très lugubre, mais un garage quand même. On échange tous des regards, qu'est-ce qu'on fait maintenant ? On va pas rester là à attendre que ça se passe.

Bellamy se tourne vers le chef des gardes. "Ecoutez, je suis désolé pour votre homme, mais on doit trouver une porte d'accès au Mount Weather."

"Pas si vite."

"Monsieur, ce brouillard pourrait nous garder coincés ici pour une ..." Mais l'homme lui tend une arme.

"On se sépare et on se retrouve ici dans 15 minutes. Soyez prudents." Bellamy saisit l'arme, il me fait un signe de tête pour m'inciter à venir avec lui et sa sœur. 

***

On parcourt l'entrepôt de long en large en travers, mais tous les accès semblent verrouillés. Personne ne parle. Soudain, un cri accompagné d'une musique sordide brise le silence. Sans même se concerter nous nous précipitons vers la provenance de ce bruit.

Plus nous avançons, plus l'origine de la musique est difficile à repéré. Elle envahit l'espace, résonne et s'amplifie. Il semble que nous nous approchions quand même de la source. Alors on décide de s'accroupir au sol. On balaye l'espace de nos faisceaux de lumière. 

"Vous êtes là ?" On dirait que la voix de Bellamy flotte dans les airs, elle résonne encore et encore. Pas de réponse. La musique continue et s'accélère, nous avançons encore un peu plus. Nous tombons sur les armes, les talkies-walkies et les lampes des gardes. Mais ils ne sont nul part. "Qu'est-ce qui se passe ?" Je chuchote à moi-même. La pression commence à monter. Bellamy ramasse le plus gros fusil et se tourne lentement.

Sa lumière atterrit sur une véritable scène d'horreur. "Des faucheurs." Ils sont en train de manger littéralement un des gardes. Un haut-le-cœur me prend, mais c'est pas le moment. Ils chargent. Sans hésiter un instant, les coups de feu partent. Ils s'effondrent tout deux par terre sous l'assaut de Bellamy. "O ?"

"Quoi ?"

"Prends ça." Il lui tend son arme précédente. Nous continuons d'avancer avec la peur au ventre. Je commence à avoir du mal à respirer. J'ai l'impression d'avoir du sang dans la bouche et dans mes mains. Je repense à mes parents. Nous tombons nez-à-nez avec l'autre garde. Lui aussi en train de se faire dévorer. Je ferme les yeux un instant, c'est de plus en plus dur de tenir debout. J'entends Bellamy armer son fusil.

"Ne tire pas." La remarque d'Octavia me fait rouvrir les yeux. "C'est Lincoln." Je manque de tomber à cause du choc. Je suis pétrifiée. Non, ce n'est pas Lincoln. C'est un monstre avec du sang qui dégouline de sa bouche. Ce n'est pas le Lincoln que j'ai quitté il y a huit ans. Octavia s'avance. "Lincoln, c'est moi." Mais il se redresse et s'avance, de la folie pure dans le regard. "C'est Octavia." Ils reculent, moi je ne peux pas. Je n'y arrive pas. Soudain il charge, balance Octavia contre une voiture. Bellamy pointe son arme sur lui. Puis il s'approche de moi. Je suis complètement paralysé. Il va me tuer, il veux me tuer. Il est animé par un désir meurtrier, comme si un démon avait pris possession de son corps. Ses yeux injectés de sang, je ne peux pas m'en détacher. Un tir part. Octavia. Lincoln, ou ce qu'il reste de lui, à l'esprit détourné pendant quelques secondes. Quelques secondes suffisantes pour que Bellamy l'assomme.

Il va chercher sa sœur et l'aide à se relever. "Lève-toi. On doit aller dans un endroit sûr." Ils commencent à courir. Mais moi je ne bouge pas. Toujours pétrifiée. Je fixe le corps inanimé devant moi, ce n'est plus Lincoln. C'est un monstre. Lentement mais sûrement l'image de mes parents en train de se faire tuer puis dévorer par l'homme devant moi s'insinue dans mon esprit. Je sens un bras me tirer un arrière. Je trébuche puis me relève. Je sors de ma torpeur et je finis par les suivre.

Nous nous cachons à l'intérieur d'une autre voiture un peu plus loin. Assise sur la banquette arrière, je me recroqueville. J'ai passé les derniers jours à accepter sa mort, la mort de tout le monde. Et puis ensuite, j'ai quand même retrouver un peu l'espoir qu'il se cachait quelque part et que je le retrouverai. Mais ça, ce qu'il est devenu, c'est encore pire que la mort.

"C'est un faucheur ? Comment est-ce que c'est possible ?" Octavia ne cesse de murmurer. J'ai envie de lui hurler de se taire, mais je ne le fais pas. Parce que je ne suis pas débile, crier nous apporterait des ennuis. "Il a regardé à travers moi. Comment --" 

Elle est coupée dans sa phrase par le monstre qu'est Lincoln qui nous retrouve, guidé par sa voix. Il est juste en dehors. Il rapproche son visage de la vitre contre laquelle je me trouve. Nos visages ne sont qu'à quelques centimètres l'un de l'autre.

"Est-ce qu'il nous voit ?"

"Je ne sais pas." Le frère et la sœur sont tout autant pétrifiés que moi à ce moment-là. Qu'est-ce qu'on peut bien faire ? Le tuer ? S'échapper ? Il plaque sa main contre la vitre, laissant une trace de sang. Puis il s'éloigne tel un mort-vivant. Je suis livide. "Ecoutez-moi. On va le récupéré, je vous le promets."

"On ne fait jamais une promesse que l'on ne peut pas tenir Bellamy." Ma voix est cassée, comme bloquée au fond de ma gorge. Il me regarde et je vois bien qu'il est désolé pour moi.

"Je sais."

Nous restons ainsi dans la voiture pendant ce qui semble être des heures, mais ce qui est probablement qu'une poignée de minutes. Notre plan n'en est pas vraiment un, il consiste principalement à éviter de le tuer ou de se faire tuer. J'avance dans l'obscurité, je respire un grand coup. Je peux le faire, je suis forte. Je ne suis pas revenue pour baisser les bras une nouvelle fois. 

"Octavia, attire-le. On s'occupe du reste." Je me retourne vers Bellamy. Par 'on', il entend 'je'. Mais c'est gentil de m'inclure. Disons que je suis là si les choses tournent mal, bien que je me sentes incapable de lever la main sur celui qui était mon meilleur ami.

Octavia avance et commence à l'appeler. Encore et encore. A chaque fois qu'elle prononce son nom, j'ai l'impression que quelqu'un remue un poignard déjà planté dans mon cœur. Je m'appuie contre un pilonne pour ne pas m'effondrer. Il la trouve, il avance vers elle plus déterminé que jamais à la tuer. Nous les contournons et arrivons par derrière avec Bellamy, il sort son bâton électrifié et sans attendre une seconde de plus électrocute Lincoln.

"Et maintenant ?"

"Maintenant on le ramène à la maison."

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Après un chapitre assez mental voici le chapitre 7,

avec beaucoup plus d'actions que le précédent ! Alors j'espère avoir réussit à décrire tout ça, j'ai toujours plus de mal avec ce genre de parties avec plus de suspense et de d'activités. Mais bon ...

N'OUBLIEZ PAS DE VOTER ET DE COMMENTER SI CE CHAPITRE VOUS A PLU.

~NINA

PS. Ce chapitre est dédicacé à @Jouliou qui m'a apporté beaucoup de lecteurs probablement en me dédicaçant ces propres chapitres ! Merci beaucoup !