[ Pourquoi c'est toi que j'aime ? ] - Chapitre 14
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Bailong contempla l'appareil s'éloigner de l'île, emportant hors du Sanctuaire celui dont, tôt ou tard, il se vengerait.
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Des mois s'étaient écoulés depuis le jour de la compétition. En tant que vainqueur, Victor avait été nommé impérial, quittant l'île du Sanctuaire pour aller remplir la mission de l'empereur sacré Alex Zabel.
Se fut ainsi que tout s'était empiré pour Bailong, déjà anéanti par cette trahison, car il dut se confronter aux conséquences de ses actes.
Les instructeurs du Cinquième Secteur avaient bien remarqué qu'il avait fait exprès de perdre sa demi-finale. Alors que le garçon aux cheveux de platines était déjà accablé par son coeur brisé et en proie à diverses émotions, il fut confronté à de cruelles sanctions.
Pendant un mois, un long mois complet, il fut enfermé dans une petite pièce, similaire à une cellule. Une pièce simple, quatre murs de béton et une fenêtre avec des barreaux qui ne permettait même pas à la lumière du Soleil de venir l'éclairer et apporter un peu de chaleur et de réconfort, ce qu'il avait cruellement besoin.
Il n'avait pas pu voir ne serait-ce qu'une seule lueur de cette grande étoile qui pourtant surplombait le ciel. La pièce était vide, un long bloc de béton collé à un des murs avait fait office de lit, il avait dormis à même dessus, sans le moindre matelas, oreiller ou même couverture. Chaque soir, le froid avait pris possession de cette pièce, et la fraicheur était parfaitement contenu à travers ces murs. Pendant toutes les nuits de ce long mois de prison et d'isolement, il s'était recroquevillé sur lui même, enfermant ses jambes dans ses bras pour essayer de conserver un semblant de chaleur en lui.
Durant ce long mois, il n'avait pas eu la possibilité de se laver et de changer ses habits, il a passé un long mois à se confronter à la fraicheur de la nuit avec un t-shirt et un short comme seuls vêtements pour recouvrir son corps. Les chaussures lui ayant été retiré, à chaque fois qu'il avait posé le pied au sol, la froid était venu lui glacer le sang. Seule la possibilité de faire ses besoins lui avait été accordé, à travers un petit trou, guère profond, avec un peu d'eau, le tout sans le moindre système de chasse d'eau pour évacuer urine et excréments. Ainsi au fil du temps que les jours avançaient, l'odeur de son corps qui n'était pas lavé mêlé avec celle qui se dégageait de " ses toilettes" devenait une puanteur, le forçant à se retenir de vomir afin de ne pas empirer le tout, ayant parfaitement compris que ça ne serait pas nettoyé.
Ses cheveux décoiffés étaient devenus plus long et gras, son teint de peau avait pris un aspect terne, ses yeux s'étaient faits de plus en sombres à mesure que l'humidité asséchée qui provenait de ses larmes s'était accumulée.
Il avait perdu un peu de poids, dû à la mal nutrition dont il avait été victime pendant de ce long mois de cauchemar. En effet il avait été nourri une fois par jour : un instructeur avec un masque pour préserver ses narines au maximum des mauvaises odeurs lui lâchait son "plateau repas", ce qui en déversait un peu par terre.
Sans doute pour qu'une fois poussée dans ces retranchements, il aurait léché le sol comme un animal.
Le même plat lui avait servi, un sorte de ragoût amer et fade accompagnée d'un bout de pain moisi et d'une bouteille d'eau à peine remplie, probablement de l'eau du robinet, c'était du moins ce qu'il avait espéré. Un repas de très mauvaise qualité, comme si il fallait le faire souffrir au maximum, juste pour avoir fait exprès de perdre un affrontement au football.
-Si tu nous causes le moindre soucis, ça ne sera pas un mais deux mois !
C'était ce que Pinkus Mountbatten lui avait dis le premier jour de sa captivité, et rapidement Bailong avait pu prendre conscience au fil des jours, que peu importe si Mountbatten était sérieux ou non, il ne fallait pas prendre le risque de tester.
Il avait passé son quotidien pendant cet enfer à essayer de trouver le sommeil, afin que le temps passe plus vite. Mais bien sûr, il avait aussi passé des heures et des heures, assis et recroquevillé sur lui même contre l'un de ses murs, sachant pertinemment qu'il n'aurait rien pu faire d'autre.
L'autre chose qu'il avait passé à faire durant ce mois, c'était penser à Victor.
A qui d'autre pouvait-il penser ?
Une partie de Bailong qui avait fini par s'estomper avait établi qu'au final Victor avait fait le bon choix. L'argenté avait pendant un court instant été heureux que l'autre n'eu pas à subir cela.
Malgré toute sa haine qu'il éprouvait pour son ancien rival, à ce point le plus désespéré de sa vie, il n'avait pu s'empêcher de vouloir le revoir, le toucher, lui parler, l'embrasser. Il aurait tellement payé cher pour se réveiller d'un mauvais rêve, avec le bleuté à ces côtés.
A quoi bon continuer d'aimer quelqu'un qui ne m'aime pas en retour ?
Pourquoi continuer à aimer quelqu'un qui m'a manipulé sans se soucier des conséquences que je subirais ?
Ces questions étaient toujours là, et à chaque fois il n'y avait répondu que par une seule et unique réponse. "Je l'aime."
Il l'aimait. Quoi qu'il avait voulu se dire pendant sa captivité et même après, il l'aimait et ça, ça ne pouvait pas changer. Il en était conscient, il avait toujours su qu'il aimait toujours Victor.
Pourquoi c'est toi que j'aime ?
Il le savait. Il savait que tant qu'il n'aurait pas répondu à cette question, il continuerait de l'aimer.
Mais au fil des jours, sa bienveillance avait fini par disparaître, pour ne laisser place qu'à de la haine et de la jalousie. Ainsi, alors que la partie de ses sentiments qu'il éprouvait toujours pour Victor avait commencé à reprendre le dessus, cette dernière était aussitôt retombée dans la couche de glace qu'il s'était crée pour l'endiguer.
Tout était de sa faute.
C'était ce qu'il avait toujours pensé et ce qu'il pensait encore quand il se remémorait ce mois d'enfer.
Si Victor n'avait pas été là : il aurait été élu impérial.
Si Victor n'avait pas proposé de faire exprès de perdre : gagnant ou perdant, il n'en serait pas là.
Si Victor ne lui avait pas fait croire à l'amour : il n'aurait pas fait exprès de perdre et de se retrouver enfermer ici.
Il n'avait fait que de penser au bleuté qui était dans une vie d'opulence, de gloire, de luxe et de plaisir. A ce moment où il était enfermé dans une cellule, il n'avait pas fait que d'envier et de maudire l'autre qui vivait une vie totalement opposé. Ainsi, il n'avait fait qu'accroître sa honte d'avoir tout gâché pour rien, sa haine de soi pour avoir été si naïf. S'était-il condamné à souffrir pour toujours d'avoir été un parfait idiot pour avoir cru que l'autre l'aimait ?
La prise de tête s'était ainsi empiré, au fil des jours il ne faisait que de ruminer sa rage et sa haine envers les deux personnes qu'il détestait le plus. Victor et lui-même.
Il s'était alors retrouvé face à ce cercle sans fin qui mêlait chagrin, rancœur, haine, rage et amour, enfermé dans cette cellule sans pouvoir faire quelque chose pour s'occuper la tête par autre chose que cette tourmente infinie. C'était là que plus que jamais, Bailong avait eu les plus grandes peurs :
Peur de ne jamais sortir d'ici.
Peur de ne pas tenir et de craquer, soit face aux conditions inhumaines auxquels il était traité, soit face à son cauchemar cérébral qui n'avait fait que de se répéter et de s'empirer au fil des jours.
Peur de ne jamais pouvoir s'en remettre.
C'était ses peurs qui l'avait conduit à des pensées les plus extrêmes : quelques coups de cranes contre le mur pour se libérer à jamais. Il en avait eu tellement marre de vivre dans cet isolement, dans cette horrible prison, de se torturer avec son amour et sa haine pour Victor; il avait plus d'une fois voulu en finir une fois pour toute.
Après tout, que lui avait apporté la vie ? Rien. Les choses qu'il avait cru posséder n'était que des mensonges, et à chaque fois il s'était retrouvé ainsi : seul et avec rien, comme un moins que rien.
A qui aurait-il manqué si il avait été au bout des choses ?
A personne.
La triste réalité s'était éclairée à lui, tandis que les larmes avaient coulé sur ses joues de manière abondante : Il n'avait compté pour personne. Aux yeux de tous, sa vie était insignifiante. Si il venait à mourir, il avait parfaitement su que pas une seule personne sur cette planète aurait éprouvé de la tristesse devant sa tombe.
Bailong me manque. Je suis triste que Bailong ne soit plus là. Ces deux phrases, ils étaient persuadés que jamais personne ne les prononcerait pour lui.
Cette vérité lui avait fendu encore plus le coeur à chaque fois qu'il ruminait ses pensées suicidaires. Nul doute que l'une d'entre elles aurait pu le mener au bout si sa malnutrition n'avait pas épuisé son corps et ses muscles de toute énergie et éventuelle force. Cela lui avait permis de se reprendre, de se motiver à survivre, animé par la seule chose qui était sa raison de vivre : la vengeance.
Aussi dur était cette torture à la fois physique, psychologique et mentale, il avait décidé de la passer. Victor l'avait définitivement brisé et condamné sa vie à une cruelle souffrance, il devait survivre, afin de lui faire payer.
Le long mois s'était enfin écoulé. Malgré toutes les fois où face à l'effroyable calvaire et à sa prise de tête sur Victor, il avait plus d'une fois pensé à en finir, il avait réussi à tenir bon, se raccrochant à sa vengeance. Ce cauchemar avait, comme promis, pris fin au bout d'un mois. Il avait été libéré de ses geôles, mais cela n'était pas fini.
Les instructeurs l'avaient traîné dans une autre pièce, une sorte de grande douche mais sans les jets aux murs. Son esprit totalement embrouillé ne lui permettait pas de cerner tous les détails dans la pièce.
-Déshabille-toi !
C'était l'ordre qu'il lui avait été donné. De vastes peurs et craintes l'avaient alors paralysé et l'ordre fut répété plusieurs fois. Ses yeux qui étaient troublés par sa précédente captivité étaient finalement parvenus à détailler le reste de la pièce. Les yeux légèrement horrifiés par ce qu'il venait de comprendre, il s'était alors exécuté, sachant qu'il n'y avait aucun moyen d'y échapper.
Un puissant jet d'eau glacée vint frapper sa peau. La fraicheur lui glaçait le sang, il n'avait pas su dire si c'était la puissance du jet d'eau ou le froid qu'il faisait le plus mal. Si il lui avait resté de la force pour crier ou supplier, il l'aurait fait. Au diable sa fierté, car après tout qu'est ce qu'elle était maintenant ? Le jet était passé sur tout son corps, à des endroits plus ou moins intimes qu'il s'était efforcé de ne pas exposer. Une fois le jet éteint, il s'était écroulé, la respiration saccadée, titubant tandis que ses paupières s'étaient alourdies. Il était au bord du malaise.
Il avait été "nettoyé" comme une bête, par ceux qui se comportaient comme telle, le seule objectif de cet acte mesquin était purement et simplement de l'humilier davantage. L'objectif était accomplie.
Une fois la douche froide effectuée, les instructeurs lui avaient fait nettoyé le trou qui avait fait office de toilettes. Il fut forcé de tout nettoyer, sans moyens pratiques seulement avec des sceaux et ses mains tandis que ses narines étaient contraintes de respirer l'air pesant, lourd et puant qui était toujours dans cette enfer. Une fois cette "corvée" faite, il pu enfin aller prendre une vraie douche avec de l'eau chaude. Les quelques minutes sous l'eau chaude et les quelques heures de sommeil dans son lit avaient marqué la délivrance tandis que des larmes s'étaient empressées de couler à flot. Il avait espéré que cette fois, tout serait fini.
Dès le lendemain de sa sortie de prison, il fut contraint à s'entraîner bien plus que les autres étudiants. Les instructeurs étaient sur son dos et ne le lâchaient pas, le forçant à aller jusqu'à l'épuisement complet chaque soir. Face à ce rythme et ces conditions de vie infernales, personne n'aurait eu la force, ni le mental pour tenir.
Mais lui, il les a eu. Il a encaissé les piques des autres joueurs ainsi que l'entraînement intensif. Ses sentiments ? Il les avait enfermés dans une couche de glace pour devenir insensible. Sa vengeance ? Elle était devenue la seule chose qui le motivait désormais : le désir de se venger de Victor qui avait causé cette souffrance, psychologique, physique et sentimentale.
On aurait pu croire que ça serait des instructeurs qu'il aurait voulu se venger ?
Non. Depuis toujours, il savait ce qu'ils étaient, leur comportement aussi horrible soit-il, avait beau l'avoir étonné, il aurait du s'y attendre. Après tout, il savait que ces hommes n'avaient aucune limite.
De l'Alpha dominant il était tombé en disgrâce, mais il a fini par réaffirmer sa place, reprenant son titre en le faisant sévèrement payer à ceux qui l'ont défiés. Plus que jamais , il était le meilleur joueur du Sanctuaire, bien meilleur que ce qu'il était auparavant : plus vif, plus rapide, plus fort. Même Tezcat avait du mal à tenir le rythme contre lui.
C'était sans surprise qu'il fut retenu pour le projet Zéro. Les instructeurs avaient beau l'avoir toujours à l'oeil, ils avaient finalement choisi de l'intégrer. Un rythme d'entraînement intensif fut soumis aux vingt-et-un autre joueurs du projet. Lui ? Par rapport à ce qu'il avait vécu ces dernières semaines et mois, ce n'était rien.
Et maintenant il en était arrivé là, rassemblé dans une salle sombre en compagnie de dix autres joueurs avec des maillots blancs avec qui ils composaient l'équipe "Lumière Eternelle" et onze joueurs avec des maillots noirs qui composaient l'équipe de "Ombre Ancestrale".
-Votre attention. commença Pinkus Mountbatten qui était aussitôt apparu sous un flash lumineux. Vous êtes les 22 joueurs les plus aboutis du projet Zéro. Vous avez été réparti en deux équipes et vous continuerez dans cette voie. Très bientôt une équipe qui s'est ouvertement rebellé contre le Cinquième Secteur viendra s'opposer à nous. Vous l'écraserez !
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C'est tout pour ce chapitre 14.
Un chapitre sans dialogue, ce qui le rend plutôt lourd, j'ai voulu être dans de la grosse description, sur un contenu qui n'était guère joyeux....
Comme vous avez pu le voir, le Sanctuaire réservait encore ces moments cruels, et Bailong en a fait les frais....
Je pense que vous savez de quelle équipe je parle à la fin^^.
Merci d'avoir lu !
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