S
J'ai mal au ventre. J'ai honte. Cette foutue petite voix au fond de moi revient. Je ne peux pas affronter le regard de mes parents, de Guillaume. Je n'ai pas d'issue. Je suis pris au piège. Je n'arrive plus à dormir.
Quoique je fasse, je vais briser le cœur de Diane.
Je regarde une dernière fois les photos de Diane dans mon tel.
Mon sac est prêt. Je pose mon IPhone sur mon lit, je referme précautionneusement la porte de ma chambre pour descendre les escaliers.
J'ai mis mon plus vieux jogging, et en poussant la porte d'entrée, je remonte la capuche de mon sweat sur la tête. Je jette mes clefs dans la boîte aux lettres.
Je ne suis plus personne...
Je dois disparaitre...
Je me rends au chalet. Ce petit squat que j'ai connu, il y a quelques temps quand je me défonçais pour oublier Diane. Les clefs sont toujours dans le pot de fleurs bleu. J'ouvre. Je me dirige vers la pièce du fond. Naturellement je cherche dans la poutre ma petite boulette que j'ai planqué là la dernière fois que je suis venu. Bingo, elle y est toujours ! Je me prépare aussitôt 3 joints. Sous la table basse, je trouve la fin d'une bouteille de rhum. Il est 4h du Matin et je vais m'exploser la tête pour pouvoir fermer les yeux et trouver un peu de paix...
Vers 9h, j'entends du bruit. Quelqu'un est entré dans le Chalet. J'attrape la batte de baseball accrochée au mur et je me dirige vers l'entrée.
- Hey, mec ! Content de te voir, me dit Lucas.
- Oh, putain, vieux, tu m'as fait peur !
- Ca fait un baye !
- Ouais ! Je me suis barré de chez moi !
- Ok, tu peux crécher chez moi, si ça peut te dépanner !
- Merci, vieux ! J'ai besoin de prendre une douche ! Dis-je encore défoncé de la nuit.
Apres ma douche, je remets mes affaires de la veille. Je pose mon sac sur le lit de Lucas.
- T'es sur que ca emmerde pas ton vieux que je reste ? Demandai-je à Lucas.
- T'as vu la loque que c'est ? Il est bourré du Matin au soir ! T'inquiète, il t'a même pas calculé !
- Ok.
- Tu peux dormir dans le lit superposé de la chambre. Je vais sortir mes affaires...
- Merci, vieux. Dis-je.
- Tu vas faire quoi maintenant ?
- Je sais pas. Faut que je trouve du boulot, je suppose !
- Oh, pas besoin ! J'ai un plan pour toi, si tu veux !
- Ca peut m'intéresser. Avant, faut juste que je vérifie un truc ce matin ! Je n'en ai pas pour longtemps, tu veux qu'on se rejoigne où ?
- Je t'envoie un SMS.
- J'ai plus de portable. Dis-je.
Je n'ai rien voulu emmener de chez moi. À peine deux caleçons et paires de chaussettes et deux t-shirts pourris. La page est définitivement tournée. J'ai déconné sérieux avec Diane, putain ! C'est terminé tout ça ! Je n'ai pas d'autre choix que de disparaître.
- Ok, on se retrouve au chalet vers 12h pour bouffer. J'emmènerai quelques trucs. Me propose Lucas.
- Ok. À tout à l'heure.
- Hey, Chuck, tu veux un café avant de partir ?
- Merci vieux. Je ne veux pas abuser. A plus !
Quelques minutes plus tard, je rentre dans ma banque. J'ai besoin d'un peu de tune...
- Bonjour madame, j'aimerai effectuer un retrait, s'il vous plaît.
- Bonjour. Vous avez le guichet automatique pour ça, a l'extérieur. Me répond l'hôtesse.
- Oui, je sais ! Mais je souhaiterai retirer la totalité de mes économies...
- Ok, quel est votre numéro de compte s'il vous plaît.
- 5577894...
Un peu sceptique la blondasse tape les chiffres sur son clavier en soufflant. Elle s'arrête et lève les yeux vers moi en me demandant :
- Vous avez une pièce d'identité ?
- Euh, oui ! Dis-je en lui tendant ma carte d'identité.
Elle la regarde, puis compare avec son écran et me la redonne.
- En fait, je ne suis pas habilitée à vous répondre ! J'appelle de suite mon supérieur ! Un instant, s'il vous plaît.
J'attends, face au guichet vide. Je jette un œil pour vérifier que personne ne me connait, en référence à ma fugue...
- Voilà, je vous présente le directeur de la banque.
Un "costard cravate" me tend la main que je ne saisis pas. C'est quoi ce bordel. Je veux les 500€ de mon compte, point barre ! Pas besoin du directeur...
- Veuillez me suivre, monsieur, s'il vous plaît.
J'entre dans son bureau. Il m'indique un fauteuil pour m'assoir.
- Vous souhaitez donc clôturer vos comptes ? C'est bien cela ?
- Euh, oui ! Je veux mon fric, quoi ! Répondis-je agacé.
Je pense soudain à mes parents... et s'ils étaient passés pour faire bloquer mon compte afin de me couper les vivres et m'obliger à rentrer...
- Monsieur, je suis désolé mais cela ne va pas être possible !
- Et pourquoi donc ? Dis-je, me préparant à déguerpir en courant.
- Tous vos comptes sont bloqués jusqu'à votre majorité, excepté le compte courant.
- Tous mes comptes ? Mais j'en ai qu'un ?
- Pardon monsieur ?
- J'ai mes 500€ sur mon compte ? Je réfléchis. L'autre face à moi reste de marbre... Vous voulez dire que j'ai d'autres comptes que celui-ci ?
- Tout a fait monsieur !
- Ah ! Et pouvez-vous m'indiquer le montant de mes comptes ?
- Alors, le détail, je vais l'imprimer, ce sera plus simple. Vous êtes le titulaire, donc vous avez accès au solde, c'est à dire aux informations, mais il est clair que je ne peux pas vous délivrer ces sommes avant votre majorité !
- Ouais c'est dans 3 mois !
- Quand bien même ! Vous n'avez pas 18 ans !
Un papier sort de l'imprimante.
- Récapitulons, vous êtes titulaire : d'une assurance vie d'une valeur de 150 000€, un livret A de 25 000€, et d'actions diverses équivalentes à une valeur de 219000€. Et votre compte courant dont le solde est de 513€.
Je suis scotché. C'est quoi ce délire ? D'où sort tout ce fric ?
- Monsieur, j'ai un frère et une sœur. Est-ce que vous pouvez me dire s'ils ont des comptes comme les miens ?
- Je ne peux pas dévoiler quoique ce soit. Me coupe-t-il.
- Je comprends, mais juste me dire oui ou non. Est ce qu'ils ont autant de fric que moi ?
- Je jette un coup d'œil...
Et s'il m'avait pris pour mon Pere...
- C est bien mes comptes à moi ? Pas ceux de mon Pere ?
- Charles, c'est vous ?
- Oui !
- Donc, tout cet argent sera à vous dans 3 mois ! Et la réponse à votre question est non !
- Donc pas autant de fric sur les comptes de mon frère et ma sœur...
- Non !
- Non avec beaucoup d'écart ou...
- Non, vous êtes largement gâté... Ils n'ont rien !
- Ok, Ok... Écoutez, je vais être honnête, je ne comprends pas d'où vient tout ce fric !
- C'est simple, j'ai le détail, une partie a été versée un mois après votre naissance, et le solde pour l'anniversaire de vos 3 ans.
- Merci. Je reviens donc dans 3 mois ? Et c'est sur, ils seront toujours la ?
- Bien entendu !
- Mais mes parents ?
- Monsieur, vos parents n'ont pas procuration sur cet argent, il sera à vous sans conditions le jour de vos 18ans.
- Oh bordel ! Euh, pardon. Je peux avoir mes 500€ ?? Aujourd'hui ?
- Bien sur !
En sortant de la banque avec les 500€ en poche, je récapitule dans ma tête : j'ai environ 400 000€ sur des comptes ouverts à ma naissance et pour mes 3 ans. Diane et Guillaume n'ont pas la même somme. Et surtout, j'ai 3 mois à patienter avec 500€ en poche. Mon plan de foutre le camp est annulé. Je vais me planquer jusqu'au mois d'octobre et ensuite j'aviserai...
J'arrive au chalet.
- Lucas ? Appelai-je.
- Ouais vieux, tu veux bouffer un truc ?
- Ouais, j'ai trop la dalle !
Je m'assois en face de lui. Je décide de ne rien dire pour mon fric, je suis tellement sous le choc, que j'ai du mal à y croire...
Lucas a fait quelques courses.
- T'as prévu quoi pour ce soir ? Demande-t-il.
- Je vais me mettre la tête ! Je suis libre vieux ! Faut juste que je trouve du fric !
- Ok, ce soir on se pète la gueule ! Je vais passer quelques coups de fils ! Mega fête, ici ! Et demain, je te présente un pote !
- Super ! Dis-je la bouche pleine de chips.
Je pars avec Lucas chercher quelques bouteilles d'alcool. Il a 18 ans, donc pas de soucis avec les caissières.
- J'ai reçu un message de Jordan. Il emmène ce qu'il faut pour fumer ce soir ! Me dit-il.
- Cool !
23h, le chalet est plein. Je ne connais pas grand monde. Comme ce sont les vacances scolaires, et que Diane ne sort pas beaucoup, personne ne devrait lui dire que je suis ici. Je souhaite qu'elle m'oublie... même si pour moi je pense à elle à chaque seconde. 3 mois à tenir... Si le banquier ne m'a pas raconté de conneries, dans 3 mois, nous serons majeurs et bourrés de fric pour recommencer une nouvelle vie.
Peut-être que je pourrais essayer de la voir pour lui dire...
Ou peut-être qu'il faut vraiment que je l'oublie. C'est ma sœur ! Ouais, putain ! C'est ma sœur ! Je ne peux pas penser à elle comme ça. J'ai déjà trop foutu la merde dans sa vie !
- Hey Chuck, c'est quoi cette tête ? Bois un coup et ça ira mieux ! Me dit Lucas.
- Ouais, t'as raison, vieux ! Il faut savoir tourner la page ! Je saisis la bouteille de rhum pour en boire la moitié d'un seul trait ! Puis je me dirige dans la petite pièce du fond pour rouler un pétard et fumer avec mes nouveaux potes. En quelques minutes, je suis défoncé. Je plane, je vole et je me sens délivré, libre !
- Et Chuck, tu dors ? Me demande une voix féminine.
- Mmmm... Putain, ma tête !
- Lucas, m'a demandé de te réveiller. Il est 17h ! Dis toujours la même voix.
- T'es qui ? Dis-je en ouvrant un œil sur une brune plus âgée que moi au maquillage qui a coulé et qui se serre contre moi dans le lit.
- Marine, la sœur de Lucas ! Tu te souviens ?
- Ouais, peut-être...
En fait, vaguement... Elle fumait avec moi hier. J'ai dormi au chalet. Elle aussi...
- Ca va ? Me demande-t-elle.
- Ouais ! Euh, on a ? Dormi ensemble ? Dis-je rapidement.
- Hein ? Quoi ? Non ? Dit-elle rouge écarlate !
Je suis soulagé. Lucas entre dans la pièce.
- On y va vieux. C'est le moment !
23h au chalet.
Je ne suis pas douché depuis 3 jours. Ce soir, il y a encore du monde qui se pointe. Lucas est en train de me montrer comment découper des barrettes de shit pour les vendre ce soir.
- Il faut que ton couteau soit hyper chaud !
- Ok. Dis-je.
- C'est un bon investissement pour toi ! Du fric rapide et sans trop d'efforts. En plus, t'es mineur et sans casier... Donc tu risques rien !
- Ouais.
- Apres je pèse pour vérifier s'il y a bien 10g par part. Tu mets dans de l'aluminium pour pas que ça s'effrite.
- Ouais et plus qu'à vendre.
- Surtout, si tu te défonces, tu gardes ta planque discrète. Sinon, tu te feras tout piquer !
- T'inquiète, je vends et je me défonce après... dis-je.
- T'as tout compris. Répond Lucas.
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