Je connais Monsieur Manning depuis des années, pourtant, je n'avais jamais imaginé qu'il avait un problème mental. Mais bon, qui suis-je pour juger ? Je vois le visage de certaines personnes se changer et des choses étranges depuis mon jeune âge.

- Monsieur Manning, je vous remercie pour le thé, mais je vais rejoindre Tommy.

- Tu ne me crois pas, me dit-il en lâchant mes mains.

- Vous devez avouer que c'est assez difficile à croire. Moi, Casey Anderson, la fille dont tout le monde se moquait, je serais la réincarnation de la Déesse Athéna ? Déesse de la guerre, de la défense des cités, de la sagesse, protectrice des héros, patronne des artisans et de l'artisanat.

Je fronce les sourcils, comment je sais tout ça ?

- Tu te souviens de tes attributs, me dit-il avant de boire une gorgée de thé, un petit sourire aux lèvres.

- Je l'ai appris pendant mes cours d'histoire.

- Pourtant, tu avais l'air surprise de t'en rappeler.

Je mordille ma lèvre inférieure puis je bois une gorgée de thé. Il marque un point. Mais c'est quand même difficile à croire.

- Si vous dites vrai, pourquoi je vois tout ça ?

Il perd son petit sourire.

- Car une grande bataille se prépare. La revanche des titans a été annoncée et elle sera des plus meurtrières. Tu dois réveiller les autres Dieux et Déesses de l'Olympe pour commencer votre entraînement.

- Je ne comprend pas. Si je ne réveille pas les autres, il n'y aura pas de vengeance.

- Les titans tueront chaque personne qu'ils croiseront jusqu'à vous retrouver, tous.

- Pourquoi moi ? Pourquoi suis-je celle qui est déjà plus ou moins réveillée ? Pourquoi pas Zeus ? C'était lui le chef, non ? Le Dieu des Dieux.

- Je ne peux pas te le dire. Pas pour le moment.

Je me lève faisant crisser la chaise sur le sol.

- Vous êtes capable de me dire que je suis la réincarnation de la Déesse Athéna, qu'une bataille se prépare, mais vous ne pouvez pas me dire pourquoi je dois subir tout ça ? Vous vous moquez de moi ? J'avais confiance en vous Monsieur Manning, mais j'avais tort.

Je quitte la bibliothèque et vais rejoindre mon cousin.

- Hey, tu es la fille qui a remis à sa place Morgan Harper ?

Un garçon assez grand, aux cheveux bruns avec des yeux bleus portant une veste en cuir s'approche de moi. Je me ratatine sur moi-même, haussant mes épaules et en rentrant ma tête dedans. Son visage change, je serre les poings. Un visage d'antan, n'importe quoi.

- Oui, c'est bien moi, dis-je d'une petite voix.

- Tu as du cran. J'aime ça. Bailey Grant, enchanté, me dit-il en me tendant la main le sourire aux lèvres.

Joli sourire d'ailleurs. Un sourire de confiance, comme celui de mon cousin. Je lui rend et serre sa main. Je me détends. Il ne me voulait pas du mal.

- Casey Anderson.

- Tu fais quoi maintenant Casey ?

- Je vais rejoindre mon cousin, il regarde le match de basket.

- Il veut faire parti de l'équipe ?

- Oui et j'espère qu'il va prouver à Harper qu'il n'est pas un Dieu.

C'est étrange, cette phrase sonne faux. Comme si Morgan Harper était réellement un Dieu. N'importe quoi.

Je sors de mes pensées en l'entendant rire.

- Tu es si franche, je t'adore déjà.

Il est amical, mais pas dans le sens dragueur comme Alec. Son rire agrandit mon sourire.

- Et toi Bailey, tu fais quoi maintenant ? Lui demandé-je timidement.

- J'attends ma meilleure amie qui met trois plombes aux toilettes.

J'émets un petit rire à mon tour.

- Toi aussi, tu as un franc parlé, lui dis-je en souriant.

- Nous sommes faits pour être amis.

- Sûrement.

Je dois avouer qu'il est si amical que je me sens à l'aise avec lui comme avec Jordan, le meilleur ami de mon cousin.

- Ah, Ava, viens là.

Il appelle une jeune fille. Elle a les cheveux longs ondulés, bruns avec des mèches rouges. Elle est mince, elle a ses yeux soulignés de noir. Elle est belle.

Ne l'ayant pas quitté des yeux, je vois son visage changer. Je n'en peux plus.

- Casey, je te présente Ava Montinella, ma meilleure amie depuis les couches culottes. Ava, voici Casey Anderson, la fille qui a tenu tête à Harper.

- Bonjour, dis-je timidement.

Elle ne me répond pas, elle me fixe, puis elle avance son visage près du mien, avant de sourire.

- Salut. Vu ton physique, je pense qu'Harper te séduira, tu es son style.

- Pardon ? Tu trouves que je ressemble à l'autre blonde sur talons hauts ? Tu me manques de respect là.

Elle éclate de rire.

- Désolée. Je veux dire que tu es très jolie. Il est avec miss pom-pom seulement parce que ses parents le veulent. Toi, tu es vraiment le genre de fille qu'il aime. Et je ne parle pas que physiquement, tu viens de me prouver que tu as le caractère qui va avec, tu ne te laisses pas faire.

- Elle a du cran, dit Bailey.

- Oui, répondit Ava.

- Pas vraiment. C'est juste qu'il m'a énervé.

Ils me sourient.

- Tu viens Ava ? Je l'accompagne au terrain de basket pour voir s'il va y avoir un autre round.

- Je ne vais pas me disputer avec lui à chaque fois que je le vois, dis-je gênée.

Je n'arrive déjà pas à croire que je lui ai tenu tête une fois, je suis plutôt du genre timide à me cacher dans un trou de souris.

- Tu dois aller le voir pour quoi ? Me demande Ava.

- Je ne vais pas le voir lui, mais mon cousin. Il doit assister au match ou même jouer au basket.

- Allons-y ! s'exclame Bailey en passant un bras autour de mes épaules.

Je rougis de notre proximité. Mais mes joues deviennent sûrement de couleur carmen quand Ava m'enlace par la taille.

En arrivant au terrain de basket, qui est là où le club tient ses inscriptions, il y a du monde qui regarde. Grâce à Ava, nous trouvons une place. Je ne comprends pas pourquoi certains ont peur d'elle. Comprenant sûrement mes pensées, Bailey m'explique.

- Elle a un sacré caractère et son look n'aide pas. On dirait une délinquante.

Je ne vois pas ce qui cloche dans ses habits. Elle porte un jean noir un peu troué, comme c'est la mode, un débardeur gris et une chemise à carreaux bleu et noire nouée à la taille.

- Elle est belle.

- Merci Cas'.

Je rougis. Je n'ai pas fait attention qu'elle m'écoutait.

- Je peux t'appeler Cas' au moins ? Me demande Ava.

- Oui. Mon cousin le fait déjà.

Je cherche un instant Killian, mais ne le trouve pas. Je tourne la tête vers le terrain et souris, Tommy joue. Il marque un panier à trois points. J'exprime ma joie, je suis fière de lui. Il tourne la tête vers moi et sourit.

- Il est doué le cousin, me dit Bailey.

- Et plutôt pas mal, continue Ava. Ah, un autre te regarde.

Je regarde où elle me montre et grimace. Morgan Harper. Je porte de nouveau mon attention sur Tommy.

- J'ai adoré ta grimace, me dit Ava en souriant.

- Tu as un coté sadique, lui dis-je.

- Elle a découvert ton secret le premier jour, dit Bailey qui se prit une claque derrière la tête par sa meilleure amie. Et elle est violente.

- Idiot, dit la brune en soupirant.

Le match se termine, mon cousin est félicité, même par Harper. Tommy vient ensuite vers nous.

- De nouveaux amis ? Me demande-t-il.

- Nous sommes des fans de ta cousine, dit Bailey. La façon dont elle s'en est pris au Roi du bahut était top.

- Moi, c'est Ava, et le guignol là, c'est Bailey.

- Salut, moi c'est Tommy.

- Vous voulez venir boire un verre avec nous ? Nous propose Bailey.

- Désolé, pas ce soir, nous avons encore du rangement à faire, répond mon cousin.

- Nous venons d'aménager ici, continuai-je.

- Ah d'accord. On se voit demain ? Demanda Bailey.

- Oui, je réponds en souriant.

Nous les saluons puis nous quittons le lycée.

- Pourquoi tu es venue ? Me demande mon cousin dès qu'il met le contact de la voiture.

- Je voulais te voir jouer.

- Tu es sûre ?

- Oui, pourquoi ?

- C'est rare que tu quittes la bibliothèque de ton propre chef.

- Tu as de la chance que tu conduises.

En rentrant à la maison, seul mon oncle est présent, ma tante est partie faire des courses.

- Alors cette journée ? Nous demande-t-il.

- C'était bien, dis-je.

- Elle s'est fait des amis toutes seules comme une grande et elle a dit ses quatre vérités au capitaine de l'équipe de basket, dont je fais parti maintenant, répond à son tour mon cousin.

- Oh vraiment, mais c'est bien ma chérie.

Mon oncle me prend dans ses bras.

- Parles-moi d'eux.

- Je vais prendre une douche, dit Tommy.

- Tu as raison espèce de putois, dis-je.

- Tu dis ça pour te venger.

- Sens-toi.

Nous nous fixons du regard.

- Toi montes et toi, dis-moi tout, dit mon oncle coupant ainsi notre combat de regard.

Mon cousin est fier de lui, il sait comment son père agit envers moi. Je n'ai jamais connu mon père, mon oncle est la seule image paternelle que j'ai toujours eu.

J'ai souhaité bonne nuit à ma famille et je suis à présent dans mon lit. Après avoir parlé à mon oncle, ma tante est arrivée. Je l'avais aidée à ranger les courses et les derniers cartons puis j'avais fait mes premiers devoirs. Ma tante nous avait appelé pour le repas. J'étais donc allée manger. J'en avais profité pour me venger un peu faisant parler mon cousin de sa journée. Ma tante voulait toujours savoir les détails quand il s'agissait de Tommy, car il était toujours évasif. J'avais aidé à faire la vaisselle, puis nous avons regardé un film tous ensembles.

La porte de ma chambre s'ouvre, c'est mon cousin.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Lui demandai-je.

- Je viens dormir avec toi. Je te l'ai dit ce matin, non ? Allez, pousses-toi.

Je me décale pour lui laisser une place.

- Tu ne peux pas simplement faire le tour ?

- Non.

Simple et concis.

- Tu n'es pas obligé de ...

- Casey, tais-toi. Tu sais que lorsque je dis que je fais quelque chose, je le fais, puis je ne m'en sens pas obligé, je le veux.

- Merci.

- Par contre, tu vas me dire ce qu'il s'est passé aujourd'hui, ça fait des années que tu n'as pas eu ces migraines.

C'est vrai. Je n'ai pas eu ce genre de visions depuis plus de deux ans, quelques jours avant la mort de ma mère.

- Je l'ignore moi-même. J'ai juste vu en une journée bien plus de changement qu'en plusieurs années.

- Changement. Tu ne dis pas migraine.

- Tu sais la vérité, mais si tu préfères que je dise ...

Il me prend dans ses bras.

- Non. Tu vois ce que tu vois.

- Je suis folle Tommy. Je pense que je vais aller consulter un psy.

- Tu n'es pas folle.

- Alors dis-moi pourquoi je vois les gens changer de visage ?

- Ce n'est pas tout le monde, juste certaines personnes, non ?

- Oui.

- C'est que tu vois la vraie nature des gens. Les gens gentils et les gens méchants.

Même si je ne pense pas que ce soit la vérité, j'aime la façon de penser de mon cousin.

- Merci de ne jamais me juger. Je t'aime Tommy.

- Moi aussi, je t'aime Casey.

Nous restons ainsi, dans les bras l'un de l'autre. Ma joue droite contre son épaule gauche, je ferme les yeux.

- Tommy, Casey, debout !

Je m'éveille à l'appel de mon oncle. Je n'avais pas bougé en dormant. J'éteins mon réveil qui se met à sonner.

- Je ne sais pas lequel est le plus stressant, le cri de mon père ou la sonnerie de ton réveil.

- Bonjour rayon de soleil.

Mon cousin ouvre les yeux et me fixe.

- Pas de cernes, tu es encore dans mes bras, tu n'as donc pas fait de cauchemars.

- J'ai très bien dormi.

- Je te l'avais dit, je suis le meilleur oreiller du monde.

- Et tu as raison, merci pour cette nuit.

Je quitte ses bras puis après l'avoir embrassé sur sa joue, je me lève.

- Je vais à la douche en premier, dis-je.

- D'accord, je vais aller prendre mon déjeuner.

Laissant couler l'eau chaude sur mon corps, je me demande la vraie raison qui m'a empêché de ne pas faire de cauchemars. Même si dormir avec Tommy avait toujours apaisé mes songes avant, je ne dormais pas bien pour autant, alors que cette nuit, j'ai passé une excellente nuit. Le visage de Monsieur Manning passe devant mes yeux, je secoue la tête, non, c'est impossible, ce qu'il m'a appris est impossible, mes cauchemars ne peuvent pas être des souvenirs. Je ne peux pas être la réincarnation de la Déesse Athéna.

Je sors de la douche et me sèche. Aujourd'hui, je porte un jean foncé et une tunique jaune pâle. Mes cheveux sont déjà attachés de ma douche.

Je descends à la cuisine, j'embrasse les joues de mon oncle et ma tante en leur disant ''bonjour'', puis je me mets à table pour prendre mon petit-déjeuner.

Je sors de la voiture de Tommy quand des mains se posent sur mes yeux. Je me fige de peur quand je reconnais la voix de la personne.

- Devines qui s'est ?

Je souris.

- Bonjour Bailey.

- Mince, elle m'a reconnu.

- Idiot, je me demande pourquoi je traîne encore avec toi, dit Ava en soupirant.

- Car tu m'aimes malgré tout, répondit Bailey en souriant comme un enfant à sa meilleure amie.

- Ça reste à voir.

- Ce que tu es méchante ce matin. Casey, tu es plus gentille qu'elle, me dit Bailey en passant son bras droit autour de mes épaules.

- Ne te fies pas aux apparences, lui dit mon cousin.

- Tu vas voir toi, dis-je en le pinçant doucement au bras.

- Tu vois ? Dit Tommy en souriant.

- Tu m'as déjà remplacé ? Mon cœur va se briser, dit Alec.

- Si seulement tu pouvais disparaître, dit mon cousin en soupirant.

Je soupire à mon tour, ce n'était pas encore l'entente cordiale entre Tommy et Alec.

- Bonjour Alec, non je ne t'ai pas remplacé, dis-je doucement.

Je ne suis vraiment pas à l'aise avec sa drague gentille, en fait, c'est la première fois qu'un garçon me drague.

Alec me sourit et pose un baiser sur ma joue gauche. Avant que mon cousin décide de défigurer Alec, je prends les bras d'Ava et de Bailer et j'avance vers le lycée.

Notre petit groupe s'agrandit au fur et à mesure que nous entrons dans le lycée. Killian, Joan et Mady nous ont rejoints. C'est la première fois que je suis entourée d'autant de personnes qui ne sont pas des amis de mon cousin.

Pour mon premier cours, je suis séparée du groupe, c'est une option que je suis la seule à avoir prise.

Je m'installe au fond, près de la fenêtre, derrière une jeune fille au teint café au lait. Je sors de quoi écrire, mais je fais tomber ma gomme en lui donnant un coup de cahier. Un garçon qui vient d'arriver me la rend.

- Merci, dis-je.

- De rien.

Quand il se redresse, je remarque qu'il est très grand. Je pense qu'il doit faire pas loin d'un mètre quatre-vingt-cinq. Il s'assoit à mes côtés.

- Je m'appelle Chris, me dit-il avec un petit sourire.

- Casey.

J'ai cru être soignée dans la nuit, mais je m'aperçois que ce n'est pas le cas quand je vois son visage changer.

Certains élèves qui viennent de rentrer le regardent en riant.

- Qu'est-ce qu'ils ont ces cons ? Demandé-je un peu fort.

- Je suis grand, me dit-il en ayant perdu son sourire.

- Ils ne sont pas capables de dire à Miss Vaughan de ne pas passer devant eux, mais pour se moquer de quelqu'un, ils retrouvent leurs langues ?

Ceux qui se moquaient de lui détournent la tête et arrêtent de rire.

- Merci.

Je regarde Chris, ce dernier me sourit sincèrement.

- Tu n'as pas à me remercier.

Je ne me reconnais plus depuis la veille, mais je ne supporte pas les gens comme eux. Il n'y a que les faibles qui s'attaquent aux autres.

La jeune fille devant moi se retourne, son visage change aussi. Quand son visage reprend son apparence normale, je vois qu'elle me sourit.

- Je ne comprenais pas ce que tu faisais avec Grant, mais je crois savoir ce qu'il a vu en toi. Moi, c'est Zoé.

- Casey. Tu connais Bailey ?

- Oui, nous nous connaissons depuis le collège, mais je l'évite quand je le peux à cause de ses lourdes avances.

- D'accord. Moi aussi, je comprends ce qu'il voit en toi.

Le professeur entre, elle se retourne et Chris sort ses affaires.

Deux heures plus tard, je rejoins Tommy pour mon autre cours avec Chris et Zoé qui suivent aussi ce cours.

À la pause repas, notre petit groupe s'est de nouveau agrandi.

- Tu es heureuse, ça se voit, me murmure mon cousin dans mon oreille gauche.

Je hoche simplement la tête en réponse, je ne peux le nier. Pour la première fois depuis des années, je me sens entourée d'amis, enfin, je le ressens ainsi, ils sont de futurs amis.

- Ah ! Casey, le club de lecture commence dès mardi, me dit Mady.

- D'accord, j'y serais.

- C'est le même jour que le basket, me dit Tommy. Nous pourrons rentrer ensembles.

- Oui.

- N'oublies pas qu'on a aussi entraînement le vendredi soir, dit Joan.

- C'est noté, répond mon cousin.

- Je pourrais te ramener ce soir-là, me dit Alec. D'ailleurs ça commence dès ce soir ?

- Non, la semaine prochaine et non merci, nous nous débrouillerons. Casey pourra m'attendre à la bibliothèque, répond Tommy à ma place.

Je vois le sourire de nos amis, mais aussi le bras protecteur que passe Joan autour des épaules de Killian qui soupire. Je croise le regard de ce dernier, nous compatissons l'un pour l'autre.

L'année scolaire a commencé un jeudi, ce qui fait que dès ce soir, nous serons en week-end jusqu'à lundi.

Je passe une bonne journée mais je n'arrête pas de me demander pourquoi du jour au lendemain, je passe une aussi bonne nuit et surtout, s'il y a du vrai dans ce que m'a dit Monsieur Manning.

À la fin des cours, mon cousin doit aller au terrain de basket voir quelque chose avec son futur coach, j'en profite pour aller à la bibliothèque. Comme il y a quelques personnes, je vais au comptoir pour parler à monsieur Manning.

- Je ne savais pas si j'allais te revoir, me dit-il en remontant ses lunettes.

- J'ai besoin de savoir la vérité.

- Je te l'ai dite.

- Prouvez-le-moi. Prouvez-moi que j'ai eu raison de vous donner ma confiance toutes ces années. Le supplié-je presque en serrant mes poings sur le comptoir.

Je ne peux pas m'être trompée sur cet homme que j'apprécie énormément. Je le vois prendre quelque chose dans sa poche.

- Tiens.

Il me tend une chaîne avec un médaillon ressemblant à une vieille pièce. Une chouette, un rameau d'olivier et un croissant de lune sont dessinés dessus.

- C'est une pièce de l'époque grecque. Demandes à l'une des personnes dont tu as vu le visage changer de la regarder pendant que tu la balances de gauche à droite, comme tu le ferais avec un pendule. Tu verras de nouveau son visage changer, à ce moment-là, tu sauras qui il était. Nommes-le avec son ancien nom, m'explique-t-il.

- Comment je saurais qui s'était ?

- Tu le sauras.

- Que se passera-t-il quand je vais le faire ?

- Il se réveillera.

- C'est-à-dire ? Demandé-je un peu confuse.

- Il se rappellera sa vie passée.

- Si vous dites vrai, pourquoi je ne m'en souviens pas ?

- Tu n'es pas comme les autres Casey, mais tout te reviendra.

- Quand ? Est-ce que ...

- Te voilà.

Tommy vient d'entrer dans la bibliothèque.

- J'aurai dû y penser dès le début, dit-il en soupirant.

- Désolée, j'aurai dû te dire que je venais.

- Pas grave.

Il pose un baiser sur ma tempe gauche en passant son bras droit autour de mes épaules.

- Tu as fini ? Me demande-t-il.

- Oui. Bon week-end Monsieur Manning.

- À lundi les enfants.

Nous rentrons dans la voiture.

- Tu es sûre que ça va ?

- Oui, ne t'en fais pas. Tu as vu le coach ?

- Oui. Il voulait juste prendre mes mesures pour le maillot et le short de l'équipe.

Il démarre, je regarde la pièce du médaillon que j'ai passé autour de mon cou. La chouette et le rameau d'olivier me symbolisent, mais pas la lune ... Pourquoi je pense ça ?

Ce n'est pas possible, pourtant je doute. Je commence à m'identifier à cette ancienne Divinité, j'ai dit «me symbolisent» et non ça «symbolisent».

Et si j'étais réellement la réincarnation de la Déesse Athéna ?