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Chapitre 33


— Allez, les gars, bougez-vous un peu !

Un grognement sourd accueille les réprimandes désagréables de Gillian. Postée sur ses deux pieds fermes, la jeune blonde nous observe tour à tour, les bras croisés sur sa poitrine.

— Je vous avais prévenus de ne pas vous lancer dans un entraînement aussi rude ce matin. Vous saviez que j'allais avoir besoin de vous, poursuit-elle, les yeux levés au ciel d'exaspération.

Nouveau grommellement dans l'assemblée. Sander, affalé sur ma droite, ses mains pressées sur son front transpirant, se redresse un peu pour toiser la sorcière.

— Au lieu de nous houspiller, laisse-nous récupérer tranquillement, halète-t-il. On viendra t'aider après. On est bon à rien là, de toute façon.

— La faute à qui ?

Les ronchonnements de Reun accueillent cette nouvelle pique, ce qui motive davantage la sorcière à nous faire la leçon.

— Vous vous comportez comme des abrutis aujourd'hui.

Son regard émeraude s'arrête une seconde de plus sur moi, tandis que mon autre mentor retrouve lui aussi sa verve pour défendre notre comportement.

— Je vous rappelle quand même que nos invités ne vont plus tarder à arriver ! s'écrie encore Gillian, indifférente à nos protestations.

Ah, oui... Les invités. Enfin, les deux clans alliés qui doivent investir l'aile sud, aujourd'hui ou demain au plus tard. Gillian nous a engagés pour le restant de la journée et attend de nous que nous nettoyions et préparions les dernières chambres en quelques heures. Lorsque son regard revient plus longuement sur moi, je le soutiens sans broncher et commence un combat silencieux contre ma guide.

Elle comme moi savons que c'est de ma faute si les gars et moi nous trouvons dans cet état de fatigue. Reun, Sander et Kalon n'ont fait que suivre le mouvement. Pour se défouler, mais surtout pour me soutenir dans mon acharnement sportif.

Depuis le départ d'Eleuia, il y a neuf jours de cela, je suis tout le temps sur les nerfs et d'une humeur exécrable.

Je passe mes journées soit enfermé dans ma chambre à ruminer, soit dans une des nombreuses salles de sport pour me vider et la tête et le corps. Tout le monde sait pourquoi j'agis de cette manière, mais personne n'en parle franchement. Sander a d'ailleurs été le premier à m'épauler, prétextant vouloir intensifier ses entraînements en ma compagnie. Les autres se sont glissés dans notre duo d'acharnés avec ces mêmes excuses bidons.

Le pire dans toute cette histoire, c'est que rien, pas même le dessin, ne me soustrait à mon malheur et à mon impatience de revoir ma liée. Les heures, les minutes qui passent sans nous rapprocher de nos retrouvailles me rendent à cran, presque trop violent. En à peine deux jours, j'ai bousillé une paire de gants, une caisse d'accessoires et des anneaux d'élévation. Dieu soit loué, je sais encore me maîtriser un minimum face à mes compagnons. Aucun n'a subi directement ma mauvaise humeur.

Cela dit, la donne va peut-être changer avec Gillian...

La sorcière n'apprécie pas mon comportement de cette dernière semaine. Bien qu'elle entende et comprenne ma peine, elle ne supporte pas de me voir m'enfoncer ainsi. Ça l'effraie, la met en colère... parce qu'elle ne sait pas quoi faire pour m'aider. Ou plutôt, parce qu'elle a conscience qu'elle ne peut rien faire pour m'aider. Et, pour ne rien arranger, mon attitude à la limite du je-m'en-foutisme – comprendre ici que j'essaie de sauver la face le plus puérilement du monde en faisant comme si je n'avais aucun souci, qu'il ne se passait rien – lui fait perdre patience à force...

Sauf que cette fois, je vais continuer à me morfondre dans ma bulle de morosité. Cette fois, je vais conserver mon attitude de profond égoïste qui se languit de la femme qu'il aime, mais qu'il a peur de perdre à tout instant...

Je choisis d'ailleurs de conjurer cette peur par un coup d'œil flegmatique dans la direction de la sorcière, lèvres scellées, tandis que je fais semblant de m'étirer consciencieusement les muscles. Gillian souffle, mécontentée, puis me tourne le dos pour s'adresser à Sander d'une voix encore plus cassante qu'avant.

— Je vous laisse dix minutes pour vous réhydrater. Ensuite, je vous veux tous, frais et dispos.

Sa tête pivote exprès vers moi pour terminer ses directives, ses orbes verts aux reflets électriques vrillés aux miens.

— Et sans exception !

Puis elle se dirige vers la sortie et claque la porte dans son dos. Le guerrier aux yeux bleus lâche un profond soupir en observant le battant vibrer sur ses gonds. Il secoue la tête à plusieurs reprises, comme dépassé par l'énervement de sa maîtresse, puis il va redresser Reun et Kalon sur leurs pieds, avant d'arriver à ma hauteur.

— Bon ! Allons nous mettre au travail, mes amis... Et puisse le sort nous être favorable, comme on dit.

∞ ∞ ∞ ∞

La voix autoritaire de Gillian résonne dans l'une des chambres, tandis que ses yeux de lynx suivent avec précision nos mouvements et déplacements. Un petit lot d'entre nous râle dans sa barbe, fatigué par les invectives toujours plus catégoriques les unes que les autres, mais aucun ne moufte pour autant. Tous, nous exécutons ses ordres, pressés d'en finir au plus vite avec cet instant tortueux.

Plus de deux heures se sont déjà écoulées depuis notre arrivée dans l'aile ; il nous a fallu une bonne demi-heure pour finir de désencombrer, puis une heure pour apporter une partie des meubles, éléments de décoration, etc. depuis d'autres zones du manoir. Et plus d'une personne présente fait comprendre sa fatigue et son mécontentement à grand renfort de soupirs et râles.

— Si vous cessiez de vous plaindre et travailliez plus fort, nous en aurions déjà terminé ! s'exclame la sorcière sur un ton ferme et irrité. Je conseille à tout le monde de mettre les bouchées doubles plutôt que de geindre inutilement. Le travail doit être fait, vous vous êtes tous engagés pour !

Pendant une seconde, les corps se figent, l'étonnement flotte dans l'air et vient percuter l'écho brutal des paroles de Gillian. Puis, les activités reprennent, les mains et les jambes bougent et se déplacent en rythme, sous l'œil dur de mon amie.

Resté à mon poste depuis le début – à savoir, transbahuter les meubles d'une pièce à une autre –, je reprends moi aussi mon occupation, sans plus m'attarder sur la détresse de mes compagnons. Ça ne m'atteint pas, dans le fond. Charger puis décharger des pièces plus ou moins lourdes ne me dérange pas. Ça m'indiffère. Tout m'indiffère.

Heureusement, le pilotage automatique de mon corps fonctionne à merveille, et comme je ne me suis pas transformé en parfait monstre d'égoïsme en l'espace de neuf jours, il est mis à contribution et ne possède aucune limite. Un moyen comme un autre de me « racheter » aux yeux de Gillian qui, depuis que j'ai posé les pieds dans cette pièce, me laisse tranquille et semble apprécier le travail que je fournis sans rechigner.

Devenu un véritable petit robot, je poursuis mes efforts, fais d'innombrables va-et-vient dans le manoir avec mes fardeaux, et déplace de-ci, de-là ce qui doit être déplacé. Rapide, consciencieux, efficace... et sans âme.

— Allan ! m'apostrophe soudain la commandante en chef des opérations. Pourrais-tu commencer à t'occuper des canapés de la salle de bal ? Il en faudrait cinq en tout pour l'un des petits salons.

Je hoche la tête pour lui signifier mon accord, dépose le buffet bas près de ses paires, et tourne les talons afin de me diriger vers l'autre salle.

— S'il en manque, prends ceux de la bibliothèque à l'étage, précise-t-elle alors que je m'éloigne.

Mmh... On dirait que je ne suis pas encore totalement pardonné. Je sais que je devrais en être attristé et m'en préoccuper un peu plus, mais j'en suis incapable pour l'heure. Ça n'équivaut qu'à une pique légère dans le brasier étouffant et destructeur qui me sert de cerveau.

Mes pas me mènent dans le couloir, me le font traverser pour atteindre la salle de bal, là où les sièges m'attendent, mais je suis subitement freiné dans ma course par une silhouette en approche. Il ne me faut pas plus de deux secondes pour identifier l'homme qui, en sentant ma présence, s'est stoppé net à mon instar.

Conrad.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? me lance-t-il sur un ton bourru et froid que je ne lui connais que trop.

— Je prépare les chambres avec les autres, lui réponds-je sans me formaliser.

Le vampire ricane et croise les bras sur sa poitrine.

— Donc, tu t'es fait enrôler par la sorcière comme le bon petit toutou obéissant que tu es. Pourquoi n'en suis-je pas étonné ?

Je ne réplique rien, peu surpris par son hostilité. S'il y a bien une personne auprès de qui je n'ai jamais trouvé grâce, c'est bien Conrad : depuis le premier jour, son inimitié à mon égard est prégnante et profondément enracinée. Il ne cherche même pas à s'en cacher d'ailleurs ; chaque nouvelle rencontre entre nous – phénomène qui, Dieu merci, reste plutôt rare – donne lieu à ce genre de réflexions et autres piques blessantes.

— Tu n'as rien à dire ? Je sais depuis longtemps que tu ne brilles pas par ton éloquence, mais là quand même c'est un peu fort, raille encore le soldat, une lueur mesquine dans le regard.

Resté en effet de marbre, je continue à le dévisager sans rien dire et retiens un soupir blasé. Je n'ai jamais bien compris ce que Conrad a à me reprocher, et son attitude revancharde et réfrigérante n'a pas franchement réussi à me donner envie de le faire jusqu'à présent. Pas même en fouillant ses pensées.

D'habitude, cela m'exaspère et m'interpelle un peu, mais aujourd'hui je désire juste passer mon chemin et classer cette entrevue décevante. Cependant, alors que je tente de poursuivre ma route jusqu'aux escaliers, Conrad ne semble pas vouloir me lâcher de suite. Bloquant le passage de son corps, il fait même un pas de plus vers moi, les épaules redressées et le menton relevé.

— Tu as une sale tête, Hybride. Si tu n'étais pas aussi insignifiant, tu pourrais faire peur à voir. Quelque chose ne va pas ?

Que cherche-t-il ? Pourquoi faire montre d'autant d'insistance et de virulence, soudain ? Avant aujourd'hui, Conrad n'a jamais tenté d'allonger nos rencontres, pas même pour me dédaigner un peu plus ou étendre ses reproches. Quelque chose a changé, la dureté de ses traits me démontre toute la nouvelle animosité qu'il alimente à mon encontre depuis peu. Sans que je ne sache comment, je l'ai froissé et il me tient rancœur.

— Laisse-moi passer, Conrad, dis-je plutôt que de répondre à ses provocations. Je n'ai pas fini de préparer les lieux, alors si tu permets, j'aimerais bien le faire sans plus perdre de temps.

— Eh bien non, je ne permets pas, réplique-t-il en s'accoudant à la cloison. Quel imbécile tu fais à me tendre une perche pareille ! Sincèrement, tu pensais que j'allais te laisser partir bien gentiment ?

— Qu'est-ce qui te prend, à la fin ? m'agacé-je, les sourcils froncés.

— Oh, il sait s'énerver ! À la bonne heure ! Pendant un instant, j'ai cru que tu n'étais qu'une chiffe-molle qui adore se faire marcher dessus.

J'ai un léger mouvement de recul, qui correspond aussi bien à une réaction de surprise qu'à une tentative de rejet face aux sentiments négatifs que le vampire réveille en moi. Une colère sourde commence à gronder dans mon ventre, et chaque regard haineux trop appuyé ou sourire torve la nourrit.

— Conrad... Je ne sais pas où tu tentes de nous mener, mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Passe ton chemin, l'avertis-je, le dos contracté et les poings serrés.

— Ou sinon quoi ? Tu vas me régler mon compte ?

« C'est le plus improbable des abrutis que j'ai rencontrés. Une erreur de la nature qui fait honte à toutes nos espèces réunies... »

Ma mâchoire craque et tout mon corps se tend. La première salve de ses pensées m'atteint et sa frappe ressemble à celle d'une batte de baseball envoyée en plein estomac. C'est douloureux, mais ce n'est rien comparé à la rage qui lèche mon échine dorsale et investit chaque centimètre carré de mon être.

— Tu es un tel gâchis. Une telle médiocrité ! Je ne comprends vraiment pas Necahual et ses hôtes qui te soutiennent, crache-t-il. Tu es peut-être né avec un patrimoine génétique puissant, mais tu ne lui fais pas honneur. Tu n'as rien de puissant, toi. Tu es faible. Juste faible.

Sa bouche articule méthodiquement ces derniers mots, y met l'accent à dessein. Et ses pensées sont tout aussi assassines que le reste. Tout ce qui sort de lui veut me blesser, me mettre plus bas que terre. Alors mon rythme cardiaque s'emballe, pompe mon sang dans mes veines afin de l'acheminer partout et le faire rugir à mes oreilles.

— Tous t'accordent beaucoup de crédit, font tes louanges du soir au matin, grince encore l'homme au bord de l'explosion. Comment peuvent-ils être aussi aveugles ? Comment peuvent-ils se leurrer autant sur ton compte ? C'est aberrant !

« Il est la plus grande imposture qui soit. Les mérites qu'on lui prête, les exploits qu'il a faits... foutaises ! »

La fureur bouillonne en moi, risque de déborder d'une seconde à l'autre si Conrad ne finit pas par se taire.

— Dernier avertissement, Conrad...

— Tu leur as retourné le cerveau, avec ton odeur, ton essence et tes aptitudes à la con ! éructe le soldat, les yeux remplis de noirceur et de fiel. Tu les as tous dupés ! Mais qu'est-ce qu'ils peuvent bien te trouver ? Dans le fond, qu'est-ce que tu as de plus que les autres ?

« Qu'est-ce qu'Eleuia peut bien lui trouver ? »

À la seconde même où cette ultime pensée me percute, je me fige telle une statue. Je suis paralysé, engourdi, dans l'incapacité la plus totale de bouger, de cligner des yeux, voire de respirer. Tout se met sur pause en moi pour mieux assimiler ce que je crois avoir compris... ce que je redoute d'avoir compris.

La glace remplace l'incendie, elle congèle mes entrailles. Mais ça ne dure pas : aussi rapidement qu'était apparue cette sensation de froid intense, le brasier afflue à nouveau, brûle et enflamme mes os, mes articulations, mes muscles, mon sang, mes poumons, mon cœur. Il pulse, renaît plus fort qu'avant et me donne l'impulsion nécessaire pour la suite.

Sans plus écouter un seul mot de la part de Conrad, je plonge sur lui, m'empare de son avant-bras que je serre entre mes doigts, et m'arrime à ses prunelles, forçant ainsi un passage plus direct dans ses pensées. Il se statufie sous mon emprise, ne quitte plus mon regard perçant. Alors je l'oblige à me laisser entrer dans sa tête, repousse toutes ses réticences une à une et m'accapare son esprit, en particulier tout ce qui concerne ma liée. Et pour mon plus grand malheur, un nombre infini d'images et de pensées lui sont dédiées.

Je la vois à travers les yeux de Conrad, lorsqu'elle est au combat, bravant ses ennemis, massacrant tous ceux qui attentent à sa vie. Elle m'apparaît ensuite apaisée, le sang maculant son visage et sa tenue ayant disparu, troqué contre une apparence plus sereine alors qu'Eleuia observe la nuit par une fenêtre. Je la vois rêvasser, puis essoufflée, intrépide, rieuse, fatiguée, en colère, mélancolique, ensommeillée... Et je comprends enfin la véritable raison de tous les griefs de Conrad. Le vampire est amoureux d'Eleuia depuis des années. Il l'aime et chérit chaque souvenir qu'il a d'elle. Ils sont tous là, aucun n'a échappé à son attention.

En allant plus loin encore, j'apprends qu'il les revisite souvent, très souvent, ses préférés étant ceux qui mettent en avant l'idylle qu'ils ont connu. Ceux-là sont les plus détaillés : l'amour et le désir que le soldat éprouve pour sa supérieure se mêlent et confèrent plus de puissance à leur respiration emballée, leurs gestes saccadés, leurs gémissements de plaisir.

La vague de colère que déclenchent ces images menace de me faire lâcher prise. Voir Eleuia avec un autre homme, même si ce n'est qu'à travers un esprit, est déchirant. C'est comme si l'on versait de la nitroglycérine à même mon cerveau ou ma peau écorchée. Ça pourrait me tuer plus efficacement qu'un cœur arraché. Si je ne me contiens pas, si je ne prends pas garde, je vais disjoncter dans la seconde et éclater le crâne de Conrad sur la pierre.

Je déploie des efforts surhumains pour m'en empêcher et poursuivre mon enquête plus avant. Je prends le risque de devenir fou et de faire payer ma mauvaise humeur et ma douleur de la plus ignoble des façons à Conrad, car maintenant que j'ai commencé, je veux tout savoir. Je dois tout savoir sur eux, sur ce qui les a reliés et les relie peut-être encore. C'est une opportunité que je ne peux pas laisser filer, aussi cruelle et dévastatrice soit elle.

Je me concentre donc, sonde les pensées de ma victime, étends mon contrôle plus loin dans ses méandres, jusqu'à mettre le doigt sur un autre élément. Un qui parvient à me faire moins grincer des dents.

Pendant longtemps, Conrad a espéré que ses sentiments soient réciproques, sauf que le tempérament libéré et la franchise crue d'Eleuia lui ont vite prouvé le contraire. La Maya lui a assuré au fil des années qu'elle ne le désirait que ponctuellement, et jamais ailleurs qu'en dehors d'une couche.

Si cette première forme de rejet a été difficile à avaler pour le soldat, elle n'est toutefois rien comparée à celle plus récente qu'il a essuyé. Mon souffle se bloque dans ma trachée sous l'effet de surprise. Eleuia a repoussé Conrad. Deux fois. La première, il y a déjà des semaines de cela, la seconde il y a tout juste deux jours, lorsque le jeune homme l'a rejointe en mission. Et la guerrière n'y est pas allée avec des pincettes, d'après ce que je peux lire : aussi franche qu'à son habitude, elle a refusé tout net de poursuivre leur idylle et lui a fait comprendre que sa décision était prise depuis quelques temps, sans qu'elle ait l'intention de revenir dessus.

Eleuia a éconduit Conrad et ce dernier m'impute toute la faute. Il est persuadé que le désintéressement de l'hybride m'est dû, et que si je n'avais jamais mis les pieds ici ou s'il s'était débarrassé de moi cette fameuse nuit, comme il l'avait suggéré à la Maya, rien de tout cela ne serait arrivé.

Conrad m'exècre au plus haut point, et sa haine immodérée est depuis peu alimentée par un sentiment de jalousie bien plus dévastateur encore. Et moi, alors que je découvre ses plus secrètes pensées, je sens mon cœur caracoler d'allégresse dans ma poitrine. Cela me met en joie, fait exploser une bulle de soulagement et de bonheur dans ma gorge, qui se diffuse jusqu'à mes orteils tant elle est puissante. Après neuf jours en Enfer, j'aperçois enfin une lumière fervente d'espoir au bout du tunnel.

Là où tous les autres ont échoué, je réussirai. Parce que ce que j'éprouve pour Eleuia transcende leurs sentiments trop faibles et pas assez résistants. Parce que ce que nous partageons est un sérieux avantage sur eux. Ma liée m'a donné plus à espérer qu'à n'importe lequel de ses soupirants passés, qu'elle en ait conscience ou pas. Et je vais m'y accrocher fermement !

Grisé par ce trop-plein d'émotions positives, je ferme les paupières et respire profondément par le nez. Je me délecte de l'air qui s'infiltre dans mes poumons, de la chaleur qui se diffuse dans mes cellules... mais fronce bien vite les sourcils en sentant un mouvement sec sous mes doigts.

Ayant repris partiellement ses esprits, Conrad se débat pour échapper à mon emprise, tant mentale que physique. Ses yeux clairs sont obscurcis par une lueur de colère pure et ses traits sont crispés par la haine. Il me foudroie du regard, lâche la bride sur ses pensées meurtrières, grimace aussi avec cette épine de jalousie enfoncée dans ses chairs à vif. L'homme qui me fait face est à la limite de l'explosion. Sa rage et sa peine combattent avec acharnement à l'intérieur de lui pour prendre le contrôle et déterminer qui des deux dirigera ses actes futurs. Il est aux abois, fou de douleur et de fureur. Il veut me le faire payer et hurler sa peine à la face du monde. Il est perdu et accablé par toutes ces sensations controversées...

Face à ce spectacle de déchéance, je ne moufte pas durant un long moment et m'imprègne des nuances de l'aura de Conrad en cet instant. Je l'observe, je décortique avec soin ce qu'il m'inspire... et une vague d'étonnement me frappe à nouveau une seconde plus tard.

Jamais je n'aurais cru que des émotions aussi négatives pourraient me causer une aussi grande satisfaction... Mais c'est le cas. Et au lieu d'en avoir honte, au lieu de la refouler, je la laisse supplanter tout le reste. J'esquisse un sourire en coin qui entraîne un étranglement outré chez mon adversaire, et après cela, tout va très vite.

Usant de ma force, je fais pivoter le corps rigide de Conrad sur lui-même, puis le projette contre le mur derrière nous. Il étouffe un grognement de douleur au moment où sa tête heurte – et effrite – les pierres dans son dos. Il s'ébroue et me décoche un coup d'œil mauvais, prêt à me foncer dessus pour des représailles, sauf que je ne lui en laisse pas l'opportunité. Je me tourne vers l'une des portes ouvertes qui laisse passer un courant d'air frais, amplifie cette bourrasque, la fais devenir vent à l'intérieur même du manoir, et la lance droit sur ma victime. Cette fois, il est piégé.

Fou de rage, le soldat tente de s'en défaire, avançant tantôt le buste, tantôt les jambes, mais le souffle d'air est plus fort que lui. Il le plaque à la paroi et avale même les quelques cris de protestation qu'il pousse.

— Relâche-moi ! parviens-je toutefois à l'entendre proférer. Arrête ça tout de suite, sale hybride !

Mais ses menaces ne prennent pas une seconde. Je le regarde lutter en vain contre mon attaque, s'échiner à se décoller du mur. Il est pris comme un rat et je ne compte pas le libérer immédiatement. Après tout, c'est lui le premier qui a voulu jouer avec moi, tentant de me coincer dans ce bout de couloir afin de me confronter. Conrad ne s'attendait pas à perdre... Et je compte bien profiter encore un peu de son échec cuisant.

Je redresse le menton jusqu'à tomber sur la fenêtre au-dessus du vampire. Inspiré, j'envoie une petite partie du vent sur cette dernière pour l'ouvrir en grand, puis je me concentre sur le lierre et autre plante grimpante présents sur la façade du bâtiment. Je les visualise nettement courir dessus, puis se déplacer selon mon bon vouloir. Je les pousse à s'arracher de leur cocon pierreux pour mieux le longer et rejoindre l'ouverture prévue à cet effet. Je les fais grossir, accroître leurs tiges et leurs branches, les rends plus robustes à l'instar de cordages.

Les plantes serpentent et prennent vie sous mon commandement, basculent du bon côté un moment plus tard, puis s'entortillent autour des bras contractés de Conrad. Elles le retiennent prisonnier, se resserrent sur lui à chaque geste brusque sous leur entrave. Elles descendent sur son buste, sur ses hanches qu'elles agrippent entre leurs serres faites de sève. Elles le maintiennent en place, l'empêchent de se mouvoir comme je le souhaitais. Une fois assuré que le vampire ne peut se défaire de mon piège, je renvoie le vent et m'approche d'un pas mesuré.

La respiration sifflante et le visage écarlate, Conrad me jauge d'un regard fou alors que je me poste droit devant lui. Il ouvre la bouche en grand, prêt à hurler une nouvelle fois des menaces de mort, mais je suis fatigué de l'entendre s'époumoner. C'est à mon tour de parler. Alors je guide mentalement une des branches jusqu'à son orifice pour qu'elle le bâillonne. Je souris et apprécie le silence contraint qu'il m'offre soudain. Sa voix grinçante commençait vraiment à me taper sur le système.

— Ton manque de pondération aura fini par te jouer de mauvais tours, Conrad, lui lancé-je d'une voix presque douce. Tu devrais apprendre à te modérer et à mieux juger tes semblables.

Derrière son bâillon, l'interpellé baragouine quelque chose d'inintelligible. Ses ongles se plantent dans les végétaux et tirent dessus avec hargne pour se libérer. Mais chaque nouvel assaut contre ma cage de verdure resserre l'étau autour de lui. Il ne pourra pas s'en échapper avant que je le décide.

— Tu m'as toujours sous-estimé, poursuis-je avec calme. Et vois maintenant le résultat de ce mauvais calcul ! Tu es à ma merci et non pas l'inverse. Je pourrais ordonner à ces lianes de ceindre ton crâne vide, et de serrer, serrer encore... jusqu'à ce que ton semblant de cervelle explose.

Un grondement étouffé répond à mes menaces. Sa colère domine toujours sa peur, mais ce n'est plus qu'une question de temps avant que cette dernière ne l'étreigne dans sa froideur oppressante.

— Tu as commis cette erreur dès le début et à aucun moment ces derniers mois tu n'as cherché à vérifier si tu étais ou non dans le vrai. Inutile, je pense, de souligner l'évidence aujourd'hui ? De te dire que tu avais tort et que tu n'aurais jamais dû rester dans cette ignorance ?

Je fais un pas de plus vers lui et colle mon visage à son oreille dégagée.

— Tu vas payer ton ignorance, Conrad, et apprendre à te méfier... C'est une leçon que tu n'oublieras pas de sitôt.

Ses pupilles s'écarquillent à mes mots ; elles se voilent d'une ombre qui me ravit, reflètent une sincère crainte et prise de conscience de ce dont je suis réellement capable. C'est comme si mon ancienne panique se transférait à cet autre en mon pouvoir. Depuis cette soirée macabre à L'Emprise, je suis plus en accord que jamais avec celui que je suis. J'accepte toutes mes parties, toutes mes facettes, même les plus sombres et cruelles, parce que j'ai compris que je ne pourrai jamais avancer sans elles. Alors, au lieu d'en avoir peur, j'ai choisi d'en faire une force, un levier sur lequel je tire lorsque j'ai besoin de m'affirmer, de me faire entendre, de me libérer...

Et j'ai aussi appris qu'il était inévitable que certains en fassent les frais lorsque cela s'impose. Parce qu'ils ne m'entendent pas, ne m'écoutent pas, voire me menacent franchement. Et c'est intolérable. L'attitude de Conrad est intolérable. Et il va devoir l'intégrer.

— Plus aussi faible et chétif, l'hybride que tu raillais au départ, hein Conrad ? souris-je en ouvrant grand les bras sur les côtés. Tu ne t'attendais pas à ça, lorsque tu m'es tombé dessus. C'est une sacrée surprise pour toi !

Ma victime continue à me contempler de son regard brûlant, mais n'émet plus aucun son. Mon rictus faussement joyeux s'atténue un peu, le sérieux me gagne à nouveau alors que je l'observe et que la suite de mon discours se forme dans ma tête.

— En réalité, je sais ce à quoi tu t'attendais en venant me trouver. Tu pensais que tu allais arriver à me coincer dans ce couloir un peu reculé de l'agitation alentour. Que tu allais pouvoir m'adresser tous tes griefs et reproches en toute tranquillité, après m'avoir asséné quelques coups bien sentis pour me mettre K.O. Tu étais même persuadé que tu ne mettrais pas plus de deux minutes pour m'envoyer au tapis : après tout, je n'étais qu'un hybride bien trop faible et lâche. Je n'aurais pas su me défendre correctement contre un soldat aussi aguerri que toi. Les échos que tu as perçus de mes « prouesses » te paraissant improbables et hautement embellis, et déblatérés, selon toi, dans le seul but de me protéger contre d'éventuelles attaques comme la tienne, tu étais sûr de ton coup. Je n'étais pas le supra hybride qu'ils décrivaient. Je n'étais pas capable d'arracher des cœurs des poitrines, de commander aux éléments, ou encore de lire dans les pensées des autres. Je n'étais que le jeune homme apeuré que tu avais trouvé dans cette ruelle, à l'odeur spéciale, certes, mais toute ma particularité s'arrêtait là...

À mesure que je débite ces paroles sur un ton posé, je vois le visage de Conrad perdre de ses couleurs, ses traits se pétrifier et n'esquisser plus qu'une expression horrifiée et consternée. L'étendue de mes pouvoirs lui apparaît enfin, il a compris que tout ce qui est raconté à mon propos est vrai.

— Je sais faire toutes ces choses et bien plus encore, confirmé-je en lisant le désarroi et l'effarement dans ses yeux. Alors je vais te donner un petit conseil maintenant, et tu ferais bien de l'appliquer : garde tes distances avec moi.

La pomme d'Adam du vampire monte et descend lentement alors qu'il déglutit. Au moins il me prend au sérieux, à présent. Je dois juste m'assurer que ça dure.

— Je me suis bien fait comprendre, Conrad ? Je ne risque plus de te trouver en travers de ma route ?

L'homme hoche du mieux qu'il peut la tête. Il a vraiment peur cette fois. Cependant, je ne suis pas encore satisfait... Il reste un point resté en suspens, le plus important de tous.

Les liens autour du soldat reprennent de la vigueur, et lui arrachent un borborygme muselé. Une veine proéminente se met à battre furieusement sur son front alors que je mets toute la puissance des plantes dans cette entrave. Le cœur de Conrad pompe plus vite le sang dans ses artères, tente de faire cheminer l'air dans l'ensemble de ses organes pour le maintenir en vie. Certain d'avoir toute son attention, je frôle son thorax comprimé et me hisse à la hauteur de ses yeux injectés de sang.

— Une dernière chose : ne t'approche plus d'Eleuia, grondé-je d'une voix sans appel. Tu stoppes dès à présent tes avances pathétiques. Tu ne recherches plus son contact. Tu l'évites. Tu ne la regardes même plus. Tu ne penses plus à elle. Si jamais je te revois rôder autour d'elle, ou tenter quoi que ce soit pour la reconquérir, je ne me contenterai pas d'un simple avertissement.

Toujours terrifié, mais avec une pointe de fureur retrouvée dans le regard, Conrad ne cille pas et enregistre mes ordres. J'entends son palpitant tressauter plus bas, un son équivoque de rébellion que je ne connais que trop bien. Chaque fois que ma liée s'éloignait de moi, mon propre cœur l'émettait au point de me faire mal à la poitrine.

— Eleuia est à moi, martelé-je, déterminé à tuer dans l'œuf sa rebuffade futile. Nous sommes liés, Conrad. Elle n'a jamais confirmé tes soupçons, mais moi je le fais. Nous partageons un de ces liens qui nous pousse toujours à nous rejoindre. Et sa manière de t'éconduire est la preuve qu'elle l'accepte de plus en plus. Quand elle reviendra, c'est vers moi qu'elle se tournera, et toutes les prochaines fois aussi. Votre histoire est révolue, Conrad. Tu ne peux pas lutter contre notre lien.

La rage bouillonne en lui, mais elle est vite éclipsée par la peine qui se diffuse plus vite encore dans son être. Les mots « liés » et « lien » résonnent à n'en plus finir dans sa tête ; ça le lamine, lui retourne l'estomac. Et même s'il ne s'avoue pas encore vaincu, qu'il persiste à vouloir nier l'évidence, il sait que j'ai raison et que mes mises en garde sont justifiées.

Ce n'est pas juste pour lui faire du mal, ce n'est pas juste une question de rivalité entre hommes qui aiment la même femme. C'est bien au-delà de tout ça. La profondeur de ce que c'est, nous le lisons très bien dans le regard de l'autre. Et ça ne tient qu'en une phrase, si simple et pourtant si infiniment cruelle : si, au final, je ne parviens pas, moi, le lié d'Eleuia, à ravir son cœur, alors aucun autre ne le pourra.

C'est indéniable, aussi certain que le fait que le soleil se lève vers l'Est.

— Abandonne, et vite, dis-je avec moins de rudesse qu'avant. Tu sais que j'ai raison et qu'il n'y a que ça à faire.

L'expression qu'affiche Conrad n'est toujours pas très avenante, mais le sens de mes mots commence à faire mouche, je le vois dans ses iris clairs. Tôt ou tard – et je m'étonne à lui souhaiter que ce soit le plus tôt possible –, il acceptera sa défaite.

Nous nous observons encore un très long moment en chiens de faïence, imprégnés à la fois de notre inimité mutuelle et de l'ébauche de compréhension qui naît entre nous... jusqu'à ce que des exclamations terrifiées et ébranlées retentissent derrière moi.

— Bordel, Allan ! Non !

Je fais volte-face et découvre Sander et Darcy à quelques mètres de là, figés par l'incrédulité. Mon meilleur ami me fixe, l'air ahuri et vaguement en colère, tandis que la vampire presse ses mains devant sa bouche béante d'horreur.

— Allan ! crie-t-elle à son tour, sans oser faire un pas en avant. Arrête !

— Mais enfin qu'est-ce qui te prend ? Relâche-le !

Moins intimidé, l'homme-montagne marche jusqu'à moi, ses prunelles glacées balayant l'enchevêtrement de branches autour du corps sans défense de Conrad.

— Qu'est-ce que tu fais ? continue-t-il à s'égosiller.

— Une mise au point, réponds-je enfin avec un coup d'œil entendu à mon prisonnier.

Les yeux de Sander s'agrandissent un peu plus et il ne trouve plus à rien à répliquer pendant quelques secondes. Le choc lui a coupé l'herbe sous le pied. Darcy, restée un peu plus loin, hoquète de surprise et recule inconsciemment.

— Tu..., bafouille mon mentor avant de secouer la tête. Relâche tout de suite Conrad, bon sang ! Ça suffit maintenant ! exige-t-il après s'être repris.

Sans m'offusquer de son ton vindicatif, je me tourne vers la cage de plantes et focalise mon attention dessus jusqu'à obtenir les premiers relâchements des liens. Avec lenteur, les branches et racines se détachent, libèrent le vampire et le laissent enfin choir au sol, essoufflé et meurtri de courbatures et contusions.

— Ça va aller, Conrad ? s'inquiète le berserker en le jaugeant du regard.

— Oui, réplique le concerné. Ça ira.

— Darcy, accompagne-le à l'infirmerie pour plus de précautions.

La jeune femme acquiesce et se précipite pour soutenir le blessé. Un grognement de douleur franchit les lèvres de Conrad tandis qu'il claudique et passe tout près de moi. Le soldat me décoche une œillade amère, où j'y lis à la fois sa crainte et sa retenue, mais il se tait. Le message est passé entre nous.

Je hoche discrètement la tête à son intention, puis le regarde disparaître à l'angle du couloir.

— Putain de merde... Mais ça ne va pas dans ta tête en ce moment, Allan ! éructe Sander, la mâchoire crispée par la fureur. Tu te rends compte de ce que tu as fait ? Bon sang ! Tu peux m'expliquer ce qui t'a pris, là ?

— Je te l'ai déjà dit : j'ai fait une mise au point avec Conrad, répété-je sobrement, refusant de m'énerver à mon tour. Tout est clair entre nous, cette fois.

Le géant jure dans sa barbe, de plus en plus agacé par mon attitude indolente.

— Si tu crois que tu vas t'en sortir comme ça, tu te fous le doigt dans l'œil ! Conrad va vouloir se venger, il va t'en faire voir de toutes les couleurs.

— Aucun risque.

— Quoi ?

— Il ne me fera rien. Il a compris, cette fois.

— Compris quoi ?

J'avise l'expression perdue de mon ami et hausse un sourcil devant son absence de compréhension.

— C'est évident, non ? Il a compris que je suis intouchable pour lui. Que j'ai gagné, assuré-je avec un petit sourire en coin. Et tu sais très bien de quoi je parle, ne fais pas semblant de ne pas comprendre que je le remettais à sa place concernant Eleuia, argué-je dès qu'il fait mine de riposter. Il m'a cherché, il a fini par me trouver.

Cela horripile et fait grogner mon guide de contrariété. Sa paume claque avec rudesse l'arrière de mon crâne avant de passer sur son visage grimaçant.

— Tu n'es qu'un imbécile... Un foutu imbécile. Ne refais plus jamais ça. Tu m'entends ? Si tu t'en prends à la mauvaise personne tu y laisseras ta peau la prochaine fois. Espèce de crétin.

Peu désireux d'empirer la situation, je retiens un nouveau rictus sur ma bouche et préfère plutôt le fixer en silence jusqu'à ce qu'il se calme. Sander souffle comme un bœuf, passe une main fatiguée dans ses cheveux sales et en bataille, puis verrouille son regard dur au mien.

— On devrait retourner à la préparation de l'aile. Il y a encore du boulot, finit-il par lâcher d'une voix bourrue. Et pour la peine, tu resteras deux heures de plus que nous autres !

— Si tu veux.

— Et demain, tu te lèveras aux aurores pour aller donner un coup de main en cuisine. Ensuite, tu rejoindras les salles principales pour aider Gillian aux dernières dispositions, ajoute le Norvégien, soudain inspiré.

— Tu me donnes toutes ces corvées pour me punir ou t'en débarrasser ? vérifié-je après une seconde d'hésitation.

Un même sourire torve fleurit sur ses lèvres, qu'il fait mine de refouler pour conserver son air mauvais. Et alors qu'il poursuit ses invectives comme l'a fait la sorcière quelques heures plus tôt, il m'attrape fraternellement par l'épaule et m'entraîne avec lui jusqu'à la salle de bal.

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