CLARKE GRIFFIN.
(Deux jours plus tard.)

Nous sommes sur le pas de la porte, prêts à partir vers Walden une ville plus au Nord. Octavia me donne la main, et j'écris un mot sur la porte.

"TOUT DROIT VERS WALDEN. -Clarke"

Octavia me regarde, fronçant les sourcils tristement.

-Pour qui tu l'écris ? Plus personne ne passe par ici.

-Je suis sûre qu'il va revenir.

-Il est mort, Clarke. Fais toi une raison. Lança Murphy en recommençant à avancer.

Octavia serre ma main, et m'entraîne avec elle pour avancer.

-C'est reparti pour un tour... Murmura Mélissa.

Je pose une main sur son épaule en soupirant.

-Quand est-ce qu'on arrêtera de se battre ? Demanda-t-elle.

-Jamais. Répondit mollement Octavia en marchant.

* * *

Après encore deux jours de route, on s'arrête devant un lycée.

-On s'arrête ici pour la nuit. Déclara Aurora. On reprendra demain.

Tout le monde entre, mais Mélissa et Octavia restent dehors. Tenant la main d'une des deux, je leur demande :

-Ça va ?

Octavia tarde à me répondre.

-C'est notre lycée. On est à Phœnix...

Mélissa déglutit, et pince les lèvres.

-On peut trouver un autre endroit dans lequel dormir.. Je peux y aller avec vous.

-Non. Répondit Mélissa. On doit rester tous ensemble.

Octavia hoche la tête. J'entre la première dans le bâtiment, et suivie des deux filles, je rejoins les autres.
On fait le tour histoire de désaffecter le bâtiment, et allons dans le gymnase pour avoir plus de place.
On s'installe tous dans le même secteur, et je m'éloigne un peu histoire de m'asseoir sur un banc dans les gradins.
Au loin, je vois qu'Aurora et ma mère discutent. La grande brune me regarde, et m'envoie un sourire triste. Je tords mes lèvres en un très léger sourire, et ma mère tourne son regard vers moi à son tour.
Elle finit par venir, et s'assoit à mes côtés.

-Mon cœur.. Elle prend ma main. Comment ça va ?

Je hausse les épaules en guise de réponse, et soupire.
Elle dépose un baiser sur ma tempe.

-J'aurais voulu faire quelque chose... Tu le sais ?

Je hoche la tête, et la pose sur son épaule.
Quelques minutes après, je prends ma craie et pars vers la sortie du gymnase.
Murphy me rattrape au même moment en me prenant par le poignet.

-Qu'est-ce que tu fais avec cette craie ? On en a besoin pour indiquer notre position de départ.

-J'indique notre position. Laisse moi. Répondis-je.

-Non Clarke, parce que tu deviens complètement barge ! Il est mort, mort. Tu comprends ça ou pas ? Il s'est fait mordre, et même si par miracle il est vivant il va se transformer en putain de mordeur ! Rentres toi ça dans le crâne, ou tires toi une balle dans la tête !

Le coup de poing qui suivit partit tout seul.

-Clarke !

Lincoln me recule de Murphy en tirant sur mon bras, et m'oblige à tourner mon visage vers lui.

-Ça suffit, calme toi.

Je ferme les yeux et pince les lèvres pour éviter de me remettre une énième fois à pleurer.
Je jette la craie dans le visage de Murphy qui l'évite de justesse.

-La voilà ta putain de craie ! Étouffes toi avec ! M'exclamais-je.

-Arrête un peu de t'apitoyer ! T'es pas la seule à avoir perdu un ami putain ! Je suis le seul à s'être fait une raison sur le fait qu'on va crever dans pas longtemps ?! Explosa Murphy en se tournant vers les autres. Charlotte et Bellamy n'étaient juste pas assez fort pour y survivre !

Je tente de lui sauter dessus mais Lincoln m'en empêche.

-Je vais te tuer moi-même ! Criais-je. Bellamy était dix fois plus fort que toi !

-Ça m'étonne que t'ai pas crevé, toi la petite princesse fragile !

-John ! S'exclama ma mère.

Là il a dépassé les limites.
Je réussis à me défaire de l'emprise que Lincoln a sur moi et plaque Murphy au sol. Je lui assène un coup de poing au visage avant que Lincoln ne revienne à la charge pour me séparer de lui.

-Connard ! Pleurais-je. Ne m'appelles plus jamais comme ça !

-Viens, on va prendre l'air. Déclara Lincoln en me tirant vers la sortie.

Je le suis à contre coeur, et il pose un bras sur mes épaules en m'entraînant avec lui. On sort du gymnase.

-Octavia m'a dit que tu aimais les livres. Tu veux qu'on aille voir à la bibliothèque ?

-Le plus loin possible de ce connard. Marmonnais-je en commençant à avancer.

-C'est vrai qu'il aurait pas dû te le dire comme ça... Mais il y a quand même un fond de vérité...

Je le fusille du regard.

-Ne me regardes pas comme ça, j'essaie de t'aider Clarke... L'espoir est une chose. Mais t'accrocher à quelqu'un alors que tu as vu sa mort c'est... Un rêve.

-Je l'ai vu se faire mordre. Je ne l'ai pas vu mourir.

Un ange passe.

-Ça revient au même Clarke, tu le sais.

-Des gens survivent bien à la fièvre, pourquoi pas aux morsures ?

Il soupire.

-Les morsures sont beaucoup plus puissantes.

Je baisse la tête.

-Tu me crois idiote de croire qu'il est encore vivant ?

-Pas idiote. Juste rêveuse.. Tu tenais énormément à lui, je comprends...

-Je tenais pas seulement à lui Lincoln, c'est... Je souffle. Il m'a sauvé la vie, plus d'une fois. C'est lui qui m'a changé les idées après la mort de mon père et celle de Charlotte. Dis-je en essuyant mes larmes. C'est lui qui m'a apprit à me servir d'un fusil et d'une arbalète, c'est lui qui me taquinait quand il voyait que j'étais pas d'humeur à rire... C'est...

-C'est lui que tu aimes.

Je fonds en larmes peu à peu.

-Je n'ai même pas pu lui dire ce que je ressentais pour lui... Haletais-je. Je n'ai pas pu lui dire au revoir...

Il me prend dans ses bras, et pose une main dans ma nuque. Je pose ma tête ruisselante de larmes sur son épaule.

-Il t'aimait aussi, j'en suis persuadé.

-Pas de la façon dont je l'aurais voulu...

-Si, au contraire. Je me décolle de lui en essuyant mes joues. Il te n'a pas dit qu'il avait rompu avec Mélissa quelques jours avant ça ?

-N-non.. Bégayais-je. Pourquoi il a fait ça ?

-Parce qu'il ne ressentait plus rien pour elle. Tu sais Clarke, Bellamy et moi on était amis, on parlait beaucoup... Et il m'a dit que ses sentiments s'étaient tournés vers quelqu'un d'autre.

Je ferme les yeux.

-Tu veux dire que j'aurais pu lui dire ? J'aurais pu lui confier ça, et...

Je pleure de plus belle.

-Et je l'ai perdu, pour de bon... Finis-je en gémissant car chaque mot était comme un lame dans ma gorge.